Education : des ambitions présidentielles face à une machine grippée    Des ministères plus réactifs que d'autres à la communication du président de la République    Mohamed Kilani publie « L'Etat d'exception et le régime autocratique absolu »    Plastique : Démêler le vrai du faux à l'ouverture des négociations du traité mondial à Genève    Fort rebond pour Essoukna au premier semestre 2025    Un million de Tunisiens vivent dans des quartiers anarchiques, selon Saber Jlassi    Mohamed Rabhi met en garde contre l'eau vendue en citerne : risques sanitaires élevés    Un séisme de magnitude 5,7 secoue le sud de l'Iran    Visa USA : une caution financière de 15 000 dollars pour certains pays    Huawei Cloud : permettre à la région Northern Africa de faire un bond vers l'intelligence grâce à une IA inclusive    Police municipale : 179 points de vente anarchiques démantelés    Golfe de Tunis : mer agitée attendue cet après-midi    Sami Ben Saidane : hausse de 10% des prix de la Omra    Photos de mineurs sur les réseaux sociaux : Moncef Ben Abdallah affirme que des poursuites seront engagées    Jeux africains scolaires : la Tunisie brille avec 155 médailles, dont 34 en or    Place Garibaldi et rue Victor Hugo : Sousse repense son centre-ville avec le projet Femmedina    Manger sainement à la maison : conseils pratiques pour préserver sa santé    La révolution de correction de l'école au centre culturel : Saïed veut une pensée libre et créative dès l'enfance    Israël : Netanyahu envisage une occupation totale de Gaza, selon des fuites    Japon : alerte volcanique relevée au mont Kusatsu-Shirane    Photo du jour - Ahmed Jaouadi, le repos du guerrier    BH Assurance lance "NEXT" : un challenge technologique étudiant placé sous le signe de l'innovation et de l'Intelligence Artificielle    Fin du sit-in devant l'ambassade américaine à Tunis    Soldes d'été: elles ont perdu leur attrait auprès de la clientèle et des commerçants    Soupçons de manipulation de l'orientation universitaire : le service des crimes informatiques chargé de l'enquête    Ahmed Jaouadi champion du monde à nouveau à Singapour dans la catégorie 1500 m NL (vidéo)    À quelques jours de l'ultimatum, Trump déploie ses sous-marins et envoie son émissaire à Moscou    Tunisie : 84 % de la dette extérieure couverte par le tourisme, affirme le ministre    La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025 : la magie de la musique classique a fait vibrer les cœurs    JCC 2025 : hommage posthume à l'artiste libanais Ziad Rahbani    Omra 2025-2026 : Attention aux arnaques ! Voici ce que les Tunisiens doivent absolument savoir    Houssem Ben Azouz : des indicateurs positifs pour le tourisme    Températures en baisse aujourd'hui, forte chaleur attendue en fin de semaine    À Oudhna : Walid Tounsi signe son retour sur scène lors de la première édition du Festival International des Arts Populaires    Supercoupe : Maher Kanzari salue un titre mérité malgré des lacunes à corriger    Robyn Bennett enflamme Hammamet dans une soirée entre jazz, soul et humanité    Chantal Goya enchante Carthage avec son univers féerique    Supercoupe de Tunisie – EST-ST (1-0) : Le métier des «Sang et Or»    Ahmed Jaouadi, Abir Moussi, Brahim Boudebala…Les 5 infos du week-end    Moez Echargui remporte le tournoi de Porto    Fierté tunisienne : Jaouadi champion du monde !    Au Tribunal administratif de Tunis    Najet Brahmi - La loi n°2025/14 portant réforme de quelques articles du code pénal: Jeu et enjeux?    Lotfi Bouchnak au festival Hammamet : Tarab et musique populaire avec l'icône de la musique arabe    Ces réfugiés espagnols en Tunisie très peu connus    « Transculturalisme et francophonie » de Hédi Bouraoui : la quintessence d'une vie    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    Mohammed VI appelle à un dialogue franc avec l'Algérie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Une question sensible difficile à trancher
Loi sur l'héritage dans la religion et la Constitution
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 06 - 2016

«Le verset en question de sourate «Enissa», les Femmes, est sans équivoque et ne se prête aucunement à d'autres interprétations que celle connue et authentifiée, jamais amendée par qui que ce soit, même pas par Bourguiba», a fait valoir le mufti de la République
S'il y a un terrain miné où le droit positif et le droit musulman pourraient s'affronter sans ménagement, ce sera bien celui des lois de l'héritage. Hier, dans le cadre de l'examen de la proposition de loi 22/2016 portant sur les quotes-parts successorales, c'est au tour du mufti de la République d'être écouté par la commission permanente de la santé et des affaires sociales, présidée par Mbarka Ouania du Front populaire.
Quelle que soit la position du mufti, c'est important de la connaître. Et sa position est venue conforme à sa fonction de chef de la plus grande institution nationale religieuse. C'est-à-dire, une fin de non recevoir de cette proposition « inattendue » qui préconise l'égalité dans l'héritage entre les hommes et les femmes. Chose prévisible. Ce qui l'est moins, c'est la faiblesse de l'exposé de la plus haute autorité religieuse de l'Etat. Ohtman Batikh, visiblement mal préparé, sans un staff pour l'épauler, a dû affronter seul une salle sur le qui-vive et des raisonnements qui peuvent paraître solides et cohérents avec pour référent non pas la religion et la charia mais la Constitution.
Le grand conseiller religieux de la République s'est limité à ressasser des développements connus de tous et quelque part dépassés, selon lesquels l'homme en sa qualité de chef de famille, est appelé, par ordonnances religieuses, à prendre en charge son épouse et sa sœur, si elle ne se marie pas, et ses enfants, et par voie de conséquence, sa part devra être supérieure à celle de la femme qui reçoit, elle, son héritage en cadeau. Comprenez en surplus !
En deçà des attentes
Résultat, même ceux acquis à sa cause se sont retournés contre le Sheikh Batikh par des interpellations du style :« vous ne parlez pas de la Tunisie alors. Parce qu'en Tunisie la femme produit des biens et partage les frais avec son partenaire à parts égales et même parfois davantage». Toutefois, et par respect à sa position, le mufti de la République a été délicatement ménagé. La déception était cependant perceptible, visible sur les visages.
Le verset en question de sourate «Enissa», les Femmes, est sans équivoque et ne se prête aucunement à d'autres interprétations que celle connue et authentifiée, jamais amendée par qui-que-ce soit, même pas par Bourguiba, fait-il valoir. L'ouléma s'est adressé à l'auteur de la loi, Mehdi Ben Gharbia, pour l'appeler à la raison : «vous allez offrir une arme supplémentaire aux dawaches et les monter contre nous en cette période instable. Dans le monde musulman nous serons montrés du doigt, comme quoi la Tunisie désobéit aux préceptes du Coran. Ce texte ne passera pas de toutes façons, les députés dans leur majorité se sont exprimés contre». Finit-il par dire presque confiant.
Suite à quoi, la présidente de la commission a dû intervenir pour préciser «Samahet el Mufti, nous n'en savons rien, cette loi pourrait être examinée en séance plénière...».
Les avis ne sont pas tranchés
Dans une séance qui s'est étirée dans le temps, c'est au tour de la ministre de la Femme et de la Famille, Samira Maraii, d'être auditionnée. Tout en défendant sa position, ses convictions et son rôle de défenseur invétérée des droits des femmes, elle s'est prononcée contre le texte de loi. Son référent n'est pas tant religieux que sociétal. Le membre de l'exécutif a mis en avant la sensibilité de la question, la nécessité d'engager un débat national pour sonder l'avis de l'opinion publique. La ministre, ex-constituante, a-t-elle pris soin de le rappeler, a mis en avant le fondement consensuel de la Constitution adoptée par 200 voix sur 217, et qu'en l'état actuel des choses « ces réformes semblent comme parachutées et tout à fait inappropriées», a-t-elle ouvertement critiqué, en rappelant qu'il y a toujours ce mécanisme adopté par un grand nombre de parents, la donation du vivant.
Autour de la grande table de la commission, les avis ne sont pas tranchés. Sauf pour quelques-uns à l'instar de Rim Ehtairi, du Courant El Mahaba. L'élue s'est positionnée contre l'examen du texte de loi, et précise à ce propos qu'elle assistera au débat sans y prendre part, étant opposée contre le principe même de sa recevabilité par le bureau de l'Assemblée.
D'évidence, ces amendements portant sur les lois de l'héritage placent les députés face à un grand dilemme. Un groupe parlementaire, peut-être majoritaire, qui croit dur comme fer aux principes de justice et d'égalité, ne veut pas, mais alors pas du tout, transgresser une loi divine. Pourtant, à la question de La Presse sur d'éventuelles instructions de son parti, Houssine El Jaziri reconnaît en aparté que celles-ci seraient plutôt conciliantes, «s'il y a des accommodements à faire avec les dispositions du Code du statut personnel, pourquoi pas, nous étudions la question». Est-ce le signe qui ne trompe pas d'une réelle conversion du parti Ennahdha ? Personne ne le sait à l'heure qu'il est.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.