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Quels impacts pour la Tunisie ?
Brexit — la GB quitte l'UE
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 06 - 2016


Par Mohamed JARRAYA*
Si l'UE saura inverser la tendance (une certaine relance économique) pour profiter d'une éventuelle récession économique britannique ajoutée à la chute de la livre, la Tunisie profitera en termes d'IDE et d'exportations. L'impact sera bénéfique sur la création d'emplois et le contrôle des déficits budgétaires et en devises.
Ce jeudi 23 juin (noir pour l'UE), 52% des Britanniques ont voté pour sortir «leave» de l'Union européenne.
Organisant le référendum, le Premier ministre britannique David Cameron avait fait campagne pour le maintien «remain». Ce grand échec l'a amené à annoncer sa démission prochaine. Le reste des pays membres sont sous le choc.
Un enjeu politique et économique de grande envergure :
Avant la décision des britanniques, l'UE comptait 28 pays membres, 510 millions de population (68% de l'Europe) : l'Allemagne (16%), le Royaume-Uni (13%), la France (13%), l'Italie (12%) et l'Espagne (9%).
L'UE s'est construite progressivement depuis 60 ans :
9 mai 1950 : déclaration du ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman
De 1950 à 2007, plusieurs traités ont été signés : Paris, Rome, Schengen, Maastricht, Amsterdam, Nice, Bruxelles et Lisbonne. Ces accords ont donné naissance aux différentes structures intermédiaires : Communauté européenne du charbon et de l'acier «Ceca», Communauté économique européenne «CEE», Communauté européenne de l'énergie atomique (Ceea, dite «Euratom»), règlements sur la politique agricole commune, Union douanière, Union européenne constituée de 3 piliers : les Communautés (Ceca, CE, Ceea), la politique étrangère et de sécurité commune (Pesc) et la coopération en matière de justice et d'affaires intérieures (JAI). Par ailleurs, la CEE devient la Communauté européenne (CE) et l'Union économique et monétaire (UEM) est lancée, l'euro devient la monnaie unique et la Constitution européenne est lancée.
Les fondateurs de l'UE étaient 6 pays (Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et la République fédérale d'Allemagne «RFA»). Dans une deuxième étape, Le Danemark, l'Irlande et le Royaume-Uni rejoignent la CEE. Progressivement, le nombre est passé à 28 pays (1er juillet 2013), pour retomber à 27 après la décision des britanniques.
Pourquoi le Royaume-Uni veut-il quitter l'UE ?
Le pays a refusé d'intégrer la Zone euro et milite très clairement pour une vision de l'UE libérale, reposant principalement sur un grand marché commun. Londres a fait régulièrement entendre sa différence et a obtenu un régime assez particulier constitué d'exemptions et de dérogations. Pour Londres, l'Europe c'est à la carte, pas un menu imposé. Les britanniques vivent encore leurs gloires historiques de seigneurs des mers et première puissance militaire et économique d'avant la naissance des puissances américaine et soviétique.
Les «Britishs» voulaient une UE «light» : sans euro ni Schengen (avec des facilités d'accès pour les citoyens de l'UE), mais avec un rôle de leader après le démantèlement de l'URSS.
Or, ces dernières années, certains pays plaident pour une Europe plus fédérale (plus d'unité en matière de législation, d'écologie, de droit du travail ou encore de politique étrangère ou de défense). Cependant, une minorité des Britanniques adhèrent à cette vision.
Avant de claquer la porte, Londres a posé ses exigences. La lettre adressée par David Cameron à Donald Tusk, le président du Conseil européen, fait état des demandes du Royaume-Uni pour se maintenir dans l'Union européenne :
Moins d'importance accordée à l'euro. Le Royaume-Uni ne tient ni à abandonner la livre sterling, ni la City !
Plus de libéralisme : marché unique et son extension aux biens et services, avec allègement des réglementations imposées par Bruxelles ainsi que la multiplication de partenariats commerciaux avec les principaux marchés de la planète dont les Etats-Unis (partenaire historique et allié stratégique), le Japon ou l'Asie du Sud-est.
Moins de fédéralisme : Londres tient à sa souveraineté nationale, et le fait savoir. Cameron demande en outre que les parlements nationaux disposent d'un droit de veto contre les directives européennes.
Limitation des droits des immigrés européens, et tout particulièrement en matière de prestations sociales : ceux-ci seraient tenus de cotiser 4 ans au Royaume-Uni avant de pouvoir bénéficier d'aides sociales.
Pour les autres membres de l'UE, dont aucun ne souhaite le Brexit, ces demandes sont fortement problématiques : elles nécessiteraient une modification des traités qui nécessite un référendum dans les pays européens : le bazar ...
La limitation des droits des immigrés européens instaurerait, de fait, une discrimination entre les citoyens européens. Les pays d'Europe centrale et de l'Est se sentent particulièrement visés et se sont déjà déclarés extrêmement opposés à cette demande britannique.
Les médias britanniques portent, aussi, leur part de responsabilité. La presse populaire est globalement eurosceptique. Elle répète, depuis des années, que tous les maux du pays viennent de l'Europe. Mais aucun homme politique, depuis 1975, n'a eu le courage d'expliquer les avantages qu'il y avait à faire partie de l'Europe ; en particulier pour les régions en difficulté, désindustrialisées comme le nord de l'Angleterre ou le Pays de Galles.
Les Britanniques risquent-ils de regretter leur vote ?
Ce sont les personnes âgées qui ont décidé de l'avenir de ce pays à la place des jeunes. Les plus fervents partisans du Brexit sont souvent d'un milieu plus modeste que la moyenne. A cette occasion, ils ont cru sanctionner l'establishment. Mais leurs ennuis, et ceux du pays tout entier, ne font que commencer.
En votant «contre l'UE», ils expriment surtout leur ras-le bol d'être des laissés-pour-compte et leur crainte d'un déclassement. Leur colère est compréhensible: souvent âgés de plus de 50 ans, ils sont les principales victimes des innombrables coupes budgétaires opérées dans les services publics au fil des ans, notamment dans le secteur de la santé. Leurs emplois ont été les premiers à être supprimés au lendemain de la crise financière de 2007-2008, qui a aussi provoqué une baisse sensible de leurs pensions de retraite. En outre, ils ressentent l'arrivée massive de travailleurs étrangers, issus ou non de l'Union européenne, comme une menace supplémentaire pour leur niveau de vie.
Si ce vote a montré un «chiisme» entre l'Angleterre et l'Ecosse, l'écart entre générations est également palpable. Trois sur quatre des moins 25 ans se sont déclarés favorables au maintien dans l'UE. Pourtant, le Royaume-Uni est un pays qui se prétend dynamique et ouvert.
Depuis, le Royaume-Uni est plongé dans une triple crise : politique, sociale et générationnelle. Un clivage géographique est apparu. Entre les quatre nations du Royaume-Uni, une différence saute aux yeux: l'Angleterre et le Pays de Galles ont voté la sortie de l'UE, alors que l'Ecosse et l'Irlande du Nord souhaitaient rester. Outre Gibraltar, le district de Lambeth, dans le Grand Londres, a le plus voté en faveur du «Remain» (79%).
Des quatre nations britanniques, l'Ecosse est la plus pro-européenne, et de loin. Traditionnellement, l'Ecosse a toujours eu des liens plus forts avec l'Europe, en particulier la France.
Impacts de ce départ ?
Nul aujourd'hui n'est capable de déterminer les impacts de la crise à court terme, mais cet état de fait sera catastrophique sur la Grande-Bretagne.
La livre sterling a baissé de 10% par rapport au dollar américain (plus bas niveau depuis 1985), de 6% par rapport à l'euro et de 15% par rapport au yen. Premier «remède de sauvetage», la Banque centrale britannique a décidé d'injecter 300 milliards d'euros.
L'indice britannique «Financial Times 100» a perdu 8% à l'ouverture du marché ce qui a réduit la valeur des grandes actions britanniques de plus de 100 milliards du livre sterling (136,7 milliards de dollars). Les cours du pétrole ont également chuté de 6%.
Pour certains pronostiqueurs, la Grande-Bretagne va perdre 3% de son PIB au cours des trois prochaines années sans compter les retombées sur sa compétitivité ainsi que sur sa place financière au profit des pays européens, notamment la France et l'Allemagne. Les investisseurs vont quitter les marchés britanniques et s'orienter vers des marchés plus rentables, ce qui aura un impact négatif sur l'économie britannique, et probablement sur le pouvoir d'achat des citoyens. A moyen et long terme, l'Union Européenne sera le bénéficiaire de cette sortie.
Le Brexit a pris l'Europe au dépourvu, et le départ n'est pas sans conséquence pour ses citoyens. La sortie et les incertitudes qui en découlent à l'échelle du continent tombent au plus mauvais moment. La croissance qui semblait frémir pourrait bien être la victime collatérale des urnes britanniques.
Les actions boursières européennes ont chuté de plus de 8% au début des transactions vendredi. L'indice français CAC 40 a baissé de 8,8%, alors que celui de l'Allemagne «DAX» a dégringolé de 7,3%.
Les banques centrales œuvrent à injecter des liquidités et à protéger leurs devises et marchés du risque de l'effondrement.
Alors, l'UE entre-t-elle dans un vrai «bear market», un marché boursier baissier durable ?
A l'incertitude financière se rajoute une dégradation de la situation financière des banques et des assureurs. L'annonce du résultat du vote a eu un effet de « tremblement de terre » sur les marchés financiers. Il a provoqué un flou sur le marché.
Impacts sur la Tunisie ?
Pour certains de nos experts, la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE ne peut pas avoir d'impact direct ou indirect sur la Tunisie, pour les raisons suivantes :
Les transactions entre la Tunisie et la Grande-Bretagne ne dépassent pas les 4%.
Le marché tunisien est petit et n'est pas totalement ouvert sur le marché financier international, ce qui en fait un pays faiblement influencé par les chocs et les crises mondiaux.
A mon avis, l'impact sera plus important mais nous viendra via la zone euro.
En effet, tout dépendra de la réaction de l'économie de l'UE, de l'euro et du dollar. Cette sensibilité (élasticité économique) à l'économie de l'UE trouve ses raisons dans la première place occupée par les échanges économiques avec notre partenaire privilégié, l'UE et l'importance des promesses d'aides et de soutien à notre démocratie naissante, vu le rôle des pays européens membres de la BM et du FMI.
A priori, l'impact immédiat est négatif sur les marchés des capitaux : chute importante des actions boursières européennes et des indices (CAC 40 et DAX). La conséquence logique est un certain frémissement économique au niveau de l'UE. Les exportations et les IDE en Tunisie souffriront en premier.
Si l'UE saura inverser la tendance (une certaine relance économique) pour profiter d'une éventuelle récession économique britannique ajoutée à la chute de la livre, la Tunisie profitera en termes d'IDE et d'exportations. L'impact sera bénéfique sur la création d'emplois et le contrôle des déficits budgétaires et en devises.
Si l'euro et le dollar gagneront de la valeur, suite à la chute de la livre, la Tunisie subira une inflation importée supplémentaire. Le dinar chutera encore plus, nos avoirs en devises tomberont, nos dettes étrangères seront plus lourdes et le déficit de notre balance commerciale sera aggravé. Les prix augmenteront et le pouvoir d'achat sera affecté pour les produits à composantes importées.
En revanche, nos prix à l'export seront plus compétitifs et les IDE seront moins coûteux, donc plus abondants.
Si le Royaume-Uni arrive à contrôler (limiter) les effets de cette sortie, la Tunisie pourrait développer ses échanges commerciaux et financiers avec le marché UK.
A travers les urnes, ce n'est pas que chez nous les «seniors» décident de l'avenir du pays ...
* Expert en économie
Président de l'Observatoire Tunisia Progress


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