Même si le mercato est encore long, Liverpool pourrait entamer la prochaine saison avec un secteur offensif excessivement fourni. L'ambiance du vestiaire risque d'en pâtir. Abondance de biens ne nuit pas, entend-on souvent dire. Mais cette maxime s'applique-t-elle à une équipe de football, où il y a surpeuplement dans un secteur donné ? La question mérite d'être posée. En Angleterre, il semblerait que ni les dirigeants des clubs ni les managers n'ont un problème avec le fait de disposer d'un effectif bien garni, avec des postes qui sont parfois triplés ou quadruplés. Pourtant, la quantité ne rime pas systématiquement avec la qualité, et il arrive qu'un groupe limité produise de bien meilleurs résultats qu'une formation où les places sont chères. Pas seulement celles dans le onze de départ, mais aussi du banc. La direction n'apprend pas de ses erreurs Avec la nouvelle répartition des droits TV de la Premier League, qui vont rendre les clubs de ce championnat encore plus riches, il sera de moins en moins courant de voir des effectifs à moins de trente éléments. Même les équipes privées de compétition européenne auront les moyens de se renforcer à outrance. C'est le cas entre autres de Liverpool. Huitièmes du dernier exercice du championnat, les Reds n'ont pas pour autant perdu leur habitude à débourser de grosses sommes sur le marché des transferts. Comme ce fut déjà le cas l'été précédent, ils ont même été les premiers à s'activer et s'offrir des recrues à plus de 40M€. Après avoir déjà fait venir Christian Benteke et Roberto Firmino en 2015 et pour un montant cumulé de 87M€, les Merseysiders ont déjà dépensé 41M€ pour s'attacher les services du Sénégalais Sadio Mané. Les dépenses sont colossales et paraissent parfois disproportionnées par rapport à la valeur réelle des joueurs. De plus, ce qui surprend, c'est que ces trois éléments ont comme point commun d'être tous des attaquants axiaux. Comme si la direction locale avait fait le choix de collectionner les joueurs de ce profil, alors qu'il y a des besoins plus urgents dans d'autres secteurs. A titre d'exemple, le manque de solutions au poste de milieu défensif est criant au sein de cette formation depuis l'ère Brendan Rodgers. Six joueurs pour un poste ? Vu que le mercato ne ferme que dans deux mois, l'on peut supposer que des mouvements dans le sens des départs devraient aussi avoir lieu. Pour Jurgen Klopp, le coach de l'équipe, cela s'apparente même à une nécessité sous peine de provoquer de grosses tensions dans le vestiaire lors du prochain exercice. En effet, on voit mal comment la bonne ambiance pourra être préservée s'il y a six joueurs qui bataillent pour un seul poste. En plus des éléments cités plus haut, et même s'ils peuvent évoluer ailleurs, Daniel Sturridge, Danny Ings et Divock Origi postulent, par exemple, pour le rôle d'avant-centre titulaire. A tout ce beau monde, on peut aussi ajouter Mario Balotelli et Lazar Markovic, qui devraient en principe reprendre l'entraînement avec l'équipe première suite à des retours de prêt. Pour les Reds, le dégraissage semble d'autant plus obligatoire que leur calendrier sera allégé. Durant la majeure partie de la saison, ils ne disputeront qu'une rencontre par semaine. La mission qui consiste à répartir équitablement le temps de jeu sur tout l'effectif sera tout simplement impossible. Des ego en seront froissés, et il y aura alors un vrai risque de gâcher le travail collectif accompli. Aussi doué soit-il dans le management et la motivation de ses troupes, Klopp sera incontestablement dépassé s'il venait à devoir consoler tous ceux qu'il va décevoir à chaque rencontre lors de l'annonce de son onze. Le problème d'une attaque trop fournie n'est pas à négliger, car il s'agit d'un secteur sensible. Comme pour les gardiens, l'élément appelé à être titulaire a besoin de confiance pour bien «performer». Et celle-ci ne peut être assurée s'il est remis en question à chaque match. La concurrence peut, certes, aussi transcender mais pas dans de telles proportions. Ce n'est peut-être pas un hasard si des clubs comme le Real, le Barça ou le Bayern ont choisi de n'avoir qu'un véritable grand neuf dans leur équipe. Pour Liverpool, il y a peut-être de quoi s'en inspirer.