C'est une vitrine du patrimoine culturel matériel et immatériel du Kef qui ouvre ses portes pour accueillir tous les Keffois venant de partout et voulant promouvoir leur région et son potentiel ici et ailleurs... Ils sont Keffois d'origine et ils ont choisi le centre d'une cité en perpétuelle activité : Ennasr, au centre du Grand-Tunis pour y réserver une villa et l'aménager afin de réunir, rassembler et accueillir les Keffois. Tarek Boulifa, président du Réseau régional de la société civile du Kef, et une pléiade d'hommes de culture, activistes, hommes d'affaires, cadres, fonctionnaires, et autres se sont rassemblés autour d'un concept qui a démontré son efficacité sous d'autres cieux à mieux réfléchir quant au développement et à la promotion des régions. «Nous avons formé un réseau de la société civile keffoise et on a opté pour le lancement de cet espace «Dar El Kef» ou «Maison du Kef». L'objectif est de réunir, rassembler et accueillir les Keffois qui vivent en dehors du gouvernorat du Kef ainsi que les amis du Kef. Cet espace se veut la vitrine de la région du Kef à Tunis et œuvrera à faire connaître et promouvoir le patrimoine culturel matériel et immatériel du Kef. Aussi, nous voulons canaliser les énergies et les potentialités des Keffois et des amis du Kef pour participer au développement de la région, et ce, afin de les sensibiliser à investir dans les différents secteurs : agriculture, tourisme, culture, etc. Aussi, on cherche à promouvoir le Kef en tant que capitale culturelle de la Tunisie et un espace est réservé à «Dar El Kef» pour exposer et vendre les produits artisanaux keffois. Recevoir, accueillir et accompagner les Keffois vivant au Kef et qui ont des difficultés à réaliser leurs projets est un axe principal de notre action. C'est que nous allons les accompagner et trouver des solutions aux problèmes auxquels ils font face», a expliqué, samedi après-midi, Tarek Boulifa avant d'aller accueillir des invités et fondre dans la foule keffoise venue, accompagnée d'amis d'ici et d'ailleurs. Au centre de l'espace, une grande salle a été dédiée à une exposition de produits artisanaux dont les habits traditionnels, les bijoux traditionnels, burnous, colliers ainsi que la tapisserie keffoise. Souci de développement Pour cette ouverture de «Dar El Kef», il n'y a pas mieux que la Soulamia et le chant soufi avant de céder la place à une troupe musicale pour égayer la fin de l'après-midi avec une sélection de chansons de Tarab. Dans les différents espaces de «Dar El Kef», les invités sont de divers horizons : politique, entre autres Kamel Morjane, président du parti Al Moubadara, experts dont des ingénieurs, des fonctionnaires, et surtout des hommes de culture et des journalistes à l'instar de Lotfi Laâmari. Ce dernier n'a pas raté l'occasion pour insister sur le déséquilibre en matière de développement et d'investissement public entre les régions. «Ça fait plaisir de voir de telles initiatives. Cet espace permettra aux Keffois vivant dans la capitale de se rassembler et discuter de l'avenir du Kef, eux qui ont un sentiment de regret de ne pouvoir soutenir convenablement leur région natale. Cette région qui a souffert de l'indifférence des autorités et des responsables de l'Etat. C'est le moment ou jamais de la voir bénéficier de cette fameuse discrimination positive en termes de développement», a commenté Laâmari. L'ambiance à la «Maison du Kef» s'est installée dans la convivialité et des agréments culinaires, dont des spécialités keffoises, sont venus orner les discussions engagées par les Keffois et leurs amis, formant de petits groupes. D'autres ont préféré prendre des photos et admirer les habits traditionnels exposés... Hamel Matmati, architecte en chef et habitué des rouages des municipalités, est préoccupé par les chances et les opportunités de développement perdues à cause de l'éparpillement des énergies et de la migration des originaires du Kef, comme toutes les autres régions intérieures. «Il nous faut une telle structure pour rassembler les gens. On peut aider en orientant les responsables dans notre région et nos régions intérieures ainsi que les promoteurs et entrepreneurs vers les opportunités les plus intéressantes. A travers ce réseau, personnellement, je peux aider avec les conseils que je peux donner et avec le suivi des projets qui sont entrepris au Kef, vu mon expérience en matière de développement et d'architecture de l'espace urbain et municipal. Il y a plusieurs idées qui peuvent aider à promouvoir les régions intérieures telle Le Kef. De par mon expérience, c'est un grand chantier de développement local que nous devons entreprendre et sans délai!», a-t-il expliqué avec enthousiasme. Il préconise, d'autre part, d'effectuer des études approfondies pour en dégager les vraies potentialités du Kef et définir les rôles pour une meilleure coordination des efforts des différentes parties prenantes du développement local qui est le pilier de la croissance. L'architecte a pris l'exemple du Maroc qui a pu développer des villes en en faisant des hubs dans différentes spécialités... Commissions et projets Le bureau exécutif du Réseau régional de la société civile du Kef, qui a lancé «Dar El Kef», a programmé une liste d'une quinzaine de commissions auxquelles les Keffois pourront adhérer. Selon Hassan Ferchichi, membre du bureau exécutif du réseau, des clubs seront aussi lancés pour animer diverses activités. Ferchichi souligne les objectifs de facilitation de l'accès aux services et d'encouragement à s'impliquer dans des actions de promotion du développement au Kef, que cible le réseau à travers l'ouverture de ce lieu qui se veut fédérateur. Pour sa part, Mohamed Ali Ferchichi, ingénieur en chef en électro-mécanique évoluant dans un contexte international durant une vingtaine d'années,se dit prêt à aider, à promouvoir les projets au gouvernorat du Kef, et à attirer des investissements directs étrangers. «Ce qui manque au Kef, c'est l'infrastructure mais il faut développer les projets qui, à leur tour, pourront aider à faire évoluer l'infrastructure et les services. Il faut repenser la méthode de développement car si on va attendre que l'infrastructure soit améliorée, on perdra des opportunités importantes, c'est le moment d'agir. Je pense qu'avec plusieurs sessions de réflexion, on pourra dégager les idées porteuses et se focaliser sur un certain nombre de projets. A ce moment-là, on pourra rassembler les commissions qu'on a ici en groupes de travail pour avoir une meilleure efficience lors de la présentation de ces projets aux autorités. On pourra aider en matière de technicité de préparation des dossiers pour parvenir à convaincre des investisseurs à s'implanter au Kef. C'est une question de négociation et avec l'apport des députés de la région et de la société civile on peut attirer des investisseurs et réussir ainsi la promotion des idées et des projets», a enchaîné Mohamed Ali Ferchichi, qui a rencontré, lors de cette ouverture de «Dar El Kef», des amis d'enfance qu'ils n'a plus revus depuis une trentaine d'années...