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Pour la création d'un puissant réseau associatif
Transparence dans le secteur de l'extraction du phosphate
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 07 - 2016

Silence suspect des autorités face à la perte par la Tunisie de 70% du marché international des phosphates, alors que l'économie nationale est en pleine crise. Pour lutter contre la corruption financière et administrative dans ce secteur, l'information et la transparence sont déterminantes.
Dernièrement, l'association «Nomad 08 Redeyef» et le bailleur de fonds américain «Natural Resource Governance Institute» (Nrgi) ont tenu, dans un hôtel de la place, une table ronde autour du thème «Pour un pacte civil de transparence dans le secteur d'extraction des phosphates». Lors de cette soirée, ce projet de pacte était soumis aux remarques et suggestions des participants, en vue de lui donner une forme définitive. Il est à rappeler que plusieurs ateliers de travail ont été organisés dans ce cadre, au cours de l'année 2015, à Redeyef, Moularès et Métlaoui, autour de l'initiative de transparence dans le secteur d'extraction des phosphates, et auxquels ont pris part près de 80 participants représentant la société civile, des associations, des organisations, des syndicats, la Ltdh, la CPG à Redeyef, et la Sncft à Métlaoui. L'Etat était quasi inexistant dans ces ateliers, et il est de même pour la CPG, puisque l'un et l'autre n'ont participé qu'à une seule session, celle de Redeyef, et ce en dépit des invitations réitérées qui leur ont été adressées par l'association. Le formateur, Houcine Rehili, expert en développement durable et en gouvernance locale, voit dans cette attitude une crainte de la transparence, notamment chez cette dernière. Il rappelle que cette initiative, qui est spontanée, pluripartite, comprenant le gouvernement, les entreprises et les structures de surveillance, a démarré en 2002 avec les encouragements de plusieurs gouvernements, investisseurs et organisations.
Silence suspect et absence quasi-totale des autorités
Cette initiative se justifie par le fait que la transparence est un mécanisme parmi d'autres qui doit être appliqué dans tous les domaines de production des richesses et de l'exploitation des ressources naturelles dont la propriété revient, constitutionnellement, au peuple, et dont les bénéfices doivent servir à satisfaire ses intérêts, conformément, notamment, à l'article 13 de la Constitution qui lui donne même le droit de saisir la Cour internationale de Justice de La Haye pour qu'il puisse restituer ses biens confisqués. Car, explique Houcine Rehili, on continue à faire étouffer le peuple par la dette extérieure, alors qu'il dispose de richesses considérables. « Aujourd'hui, les chiffres d'affaires de la CPG et du Groupe chimique ne dépassent pas les 800 millions de dinars sur une capacité de gain qui est de l'ordre de 5,5 milliards de dinars », s'indigne-t-il. Le formateur dénonce le silence des autorités face à la perte par la Tunisie de 70% du marché international des phosphates. Ne pas broncher vis-à-vis d'un déficit si considérable, alors que l'économie nationale est en pleine crise, est très suspect, selon lui. Rehili voit dans cette attitude nonchalante une intention de ruiner ces sociétés pour les céder ensuite au privé. Selon ces impératifs, la transparence devient une priorité absolue pour la société civile et pour tous ceux qui croient en la démocratie participative, comme étant la meilleure voie pour instaurer le système du développement durable, d'après l'expert. Cela fait écho au contenu des travaux entrepris dans le cadre des ateliers suscités. En effet, il est apparu, à travers les discussions, l'importance de l'information et de la transparence en tant qu'accès principal à la lutte contre la corruption financière et administrative dans un secteur aussi vital que celui de l'extraction des phosphates. Les points sur lesquels les participants sont unanimes se rapportent à trois axes principaux. Tout d'abord, le diagnostic de la situation générale au bassin minier. Ensuite, la réalité de la CPG et sa relation avec son environnement en tant qu'incubateur social. Et, enfin, l'initiative de transparence, les écueils érigés devant son application dans le secteur de l'extraction des phosphates et le rôle de la société civile au niveau de l'exécution de cette initiative. Le premier axe se résume, à son tour, en trois points. D'une part, l'absence quasi-totale de l'Etat dans cette région, durant de longues années, ce qui a occasionné des préjudices économiques, sociaux et développementaux énormes qui se sont aggravés avec le temps pour transformer le bassin minier en un bloc de problèmes. D'autre part, le manque de projets de développement, créateurs de postes d'emploi, une détérioration globale de l'infrastructure et du niveau des services généraux, de santé, d'enseignement, des routes, du cadre de vie et des espaces de loisirs, ce qui fait du bassin minier, en même temps, un exportateur de richesse et un fief de pauvreté, de marginalisation et de maladies. Et enfin, le dernier point de ce premier axe consiste dans le taux de chômage le plus élevé à l'échelle nationale, dans la région de Gafsa, qui est d'environ 26,3%, et de 44% pour les diplômés, en contrepartie d'une fortune qui offre plus de 1.500 milliards annuellement, ce qui traduit une contradiction flagrante et un échec cuisant et total du modèle de développement d'une façon générale.
Retrouver son rôle d'incubateur social
Quant au deuxième axe, qui constitue l'essence des discussions dans l'ensemble des ateliers, il comprend plusieurs points, en raison de l'importance que représente la CPG en tant qu'unique levier de développement dans la région et principal employeur dans les villes du bassin minier. Tous les intervenants sont d'accord à considérer que cette société, dans laquelle ils voient une fortune et un patrimoine national depuis plus de 120 ans, ne doit pas être réduite à l'extraction des phosphates et au paiement de salaires, mais qu'elle doit jouer pleinement son rôle social dans l'emploi, la couverture sociale, l'amélioration du cadre de vie des travailleurs et de la population locale d'une façon générale. Un rôle qu'elle a toujours assumé par le passé et qu'elle a abandonné. Ce qui laisse les activistes de la société civile se demander sur les raisons de cette horrible rétraction et à qui cela profite-t-il. Actuellement, elle s'est transformée en cadre sectoriel fermé, profitant seulement à son personnel, dans des domaines vitaux tels que la santé et l'éducation. En outre, les participants à ces ateliers dénoncent la grande instrumentalisation du potentiel de la société de la part des autorités locales, régionales et centrales, à des desseins politiciens, sectaires et personnels, l'attitude des cadres à préserver leurs privilèges quel qu'en soit le prix, et l'existence d'un plan méthodique visant la destruction de la compagnie et sa privatisation. Dans le même ordre d'idée, ils accusent cette dernière de participer, que ce soit directement ou indirectement, à encourager l'anéantissement des établissements nationaux qui sont ses partenaires, dans les opérations de production et du transport des phosphates, à l'instar de la Sncft, qui a perdu un marché qu'elle monopolisait et dont elle tirait le principal de ses ressources pendant plus de cent ans. Elle est dorénavant concurrencée par des sociétés de transport privé, liées à la Troïka, et dénoncées par une directrice de la compagnie nationale ferroviaire, depuis 2014. Enfin, pour ce qui est du troisième axe, les intervenants estiment que le degré de corruption répandue dans la CPG empêche l'application de la transparence, tout en soulignant l'incapacité de sa direction à fournir les données transparentes et précises autour de ses activités, ses bénéfices et les domaines de la gestion des revenus des phosphates. Partant, ils imputent l'entière responsabilité de la crise de confiance à la société, qui a décidé de s'isoler de son environnement et d'y voir une simple richesse à exploiter. Pour favoriser l'engagement de toutes les parties intéressées par la transparence dans le secteur d'extraction des phosphates, on a émis une série de propositions. En premier lieu, trouver des solutions radicales pour le développement et l'emploi en dehors de la sphère des phosphates, à travers des projets agricoles et industriels, se basant sur les potentialités de la région en eau, en terres et en matériaux de production. L'autre solution préconisée à ce dessein consiste à restructurer, radicalement, la CPG, afin qu'elle soit prête à entrer dans la sphère de transparence qui est susceptible de lui permettre de retrouver son rôle d'incubateur social et de développer la région.
Constitution d'un conseil des ayants droit
Les participants aux ateliers proposent, également, de revoir tous les types d'emplois, le système et les moyens de recrutement, loin de la logique des quotas et des pots-de-vin, ainsi que les entreprises fictives qui excellent dans la dilapidation des deniers publics sous plusieurs slogans. Ils insistent, d'autre part, sur la nécessité d'activer le rôle des employés de l'environnement, en réaménageant, embellissant et nettoyant la région, pour que les salaires payés soient la contrepartie d'un travail utile et sérieux et non une simple prime pour un chômage déguisé. Pour dépasser les écueils entravant l'application de l'initiative de transparence, les intervenants mettent l'accent sur l'activation du rôle du travail associatif, en tant que travail axial dans le cadre d'un partenariat actif entre l'ensemble des composantes de la société civile, notamment politique, syndicale et culturelle, en vue de trouver les solutions adéquates et durables pour la région, et ce, par le biais de la création d'un puissant réseau associatif qui soit actif dans la confection des décisions, au niveau social et développemental. Il s'agit là de conditions sine qua non pour récupérer la confiance et ouvrir un dialogue sérieux entre toutes les parties ayant un intérêt dans ce secteur. Cette confiance entre la société civile et la CPG ne peut exister, selon les participants aux ateliers, sans la construction d'une nouvelle plateforme sur la base du dialogue et l'information sincère, transparente et utile pour tout le monde. Tout cela devrait se concrétiser à travers la constitution d'un conseil des ayants droit, en tant que cadre rassemblant toutes les parties concernées par l'extraction des phosphates, c'est-à-dire la CPG, le gouvernement et la société civile. Ce conseil peut être un cadre de dialogue sérieux autour des problématiques du développement et de la production des richesses et de leur répartition équitable dans la région. A ce propos, Houcine Rehili exprime le souhait de voir l'association, en partenariat avec son bailleur de fonds américain, œuvrer à améliorer le projet, en mettant en place un réseau national, constitué d'associations actives qui coordonnent leurs actions avec toutes les expériences en vue de réaliser des études de terrain pour la région du bassin minier. Il conclut par rappeler que ce pacte, qui est soumis à la discussion, va passer du niveau local au niveau national en transitant par le niveau régional, en fonction de l'évolution de l'initiative, avec son ralliement par le maximum d'associations possibles. Enfin, le président de l'association « 08 NomadRedeyef », Zouhaier Ben Abdallah, qui a clos les débats, informe l'assistance que des contacts sont établis avec des députés, notamment ceux de la Commission de l'industrie, de l'énergie, des ressources naturelles, de l'infrastructure et de l'environnement, pour leur proposer le pacte et essayer, par leur biais, d'exercer des pressions sur le gouvernement en vue de l'amener à y souscrire.


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