De nombreuses et pertinentes problématiques pour interroger les paradigmes d'une société en mouvement par la force de l'art et de l'imaginaire débattues dans plusieurs centres culturels de la capitale et sa banlieue nord, sans oublier l'université populaire Sidi Hassine Séjoumi et l'espace Ken à Bouficha. Ouverte aux expressions musicales, mais également scéniques, visuelles et plastiques, la programmation du Festival international de Carthage, dans sa 52e session, se manifeste aussi à travers les «Matinales de Carthage» ou tout simplement, «Carthage hors les murs» ; un temps de réflexion et de débat autour d'un café pour échanger, partager et creuser les grandes questions culturelles et artistiques : «Quel art pour une deuxième République en Tunisie ?, «Femme et culture», «Art et liberté», «Comment repenser l'art chorégraphique ?», «La question littéraire»... De nombreuses et pertinentes problématiques au fait, pour interroger les paradigmes d'une société en mouvement par la force de l'art et de l'imaginaire que des spécialistes voudront bien débattre ensemble dans plusieurs centres culturels de la capitale et sa banlieue nord, sans oublier l'université populaire Sidi Hassine Séjoumi et l'espace Ken à Bouficha. L'inauguration de ces «Matinales» (une dizaine en tout) a eu lieu jeudi matin à l'Agora autour du thème des «Ecritures croisées», en présence de MM. Mohamed Zinelabidine, directeur du Festival de Carthage, Mohamed Ali Okby, directeur de l'Agora, et d'une pléiade de nos penseurs, universitaires et artistes venus de différentes régions de Tunisie, particulièrement de Monastir, Mahdia et Kasserine. Après avoir présenté ses invités qui ne sont pas des moindres, Mohamed Zinelabidine a mis en exergue leur savoir ainsi que leur engagement culturel et artistique car le but même de ces rencontres était de pouvoir répondre à ce désir de se revoir, partager, discuter et débattre. Et c'était l'occasion d'évoquer des parcours riches et variés tout en posant des questions sur l'écriture : en quoi peut-elle être singulière ? Pourquoi écrire ? L'écriture signifie-t-elle un état de manque ? Le malheur en constitue-t-il la seule source d'inspiration ? Est-ce quelque chose qui nous ramène à un point particulier de rencontre ? La diversité des témoignages et points de vue des participants était très intéressante car certains voyaient en l'écriture, un besoin, une pulsion, une convulsion, tandis que d'autres la prenaient pour un plaisir ou un simple jeu. Parmi les témoignages, celui de Cristina Robalo Cordeiro, écrivaine et critique littéraire portugaise, installée à Rabat où elle occupe, depuis 2012, le poste de directrice du Bureau Maghreb de l'Agence universitaire de la Francophonie. Elle a lu, devant l'assistance, quelques extraits de son livre Fugue marocaine qui parle, selon elle, «de musique et de peinture avec les mots». Auteure d'ouvrages de critique littéraire, Cristina Robalo Cordeiro est lauréate du prix Richelieu-Senghor de la Francophonie en 2008. Animatrice à Radio Monastir et lauréate du Prix Zoubeïda-Bchir en 2001, Alya Rhaiem a, quant à elle, évoqué son parcours de poétesse ; sa verve poétique, qui lui a valu un bon nombre de recueils, était pour elle, l'antidote contre la laideur... Et d'enchaîner sur la désillusion qui l'a touchée depuis la révolution tunisienne. Lui a succédé son époux Mahmoud Gafsia, artiste plasticien et président de l'association Méditerranée d'arts contemporains, qui nous a entretenus sur son expérience dans ce domaine en Tunisie comme à l'étranger. Autre regard, celui de Wafa Ghorbel qui voit en l'écriture une urgence. Enseignante de littérature française, Wafa Ghorbel est l'auteure d'un premier livre Le jasmin noir. Son don de romancière est doublé d'un talent d'interprète ; elle chante des textes qu'elle écrit ou traduit et, à l'occasion de ces premières «Matinales», elle a séduit l'assistance en interprétant Ne me quitte pas de Brel, traduit en arabe. Dr Ali Ouertani, poète, critique artistique et chroniqueur à la Radio nationale conçoit l'acte d'écrire comme étant un acte d'exorciser le malaise en soi, un tremplin vers le sublime, un besoin et une liberté. Et c'est dans la poésie qu'il a trouvé son chemin de salut, cet autre poumon par lequel il respire. Pour Badreddine Ben Henda, il s'agit tout simplement de mots d'esprit très courts pour s'amuser par le biais des réseaux sociaux et particulièrement sur Facebook. Badreddine Ben Henda est maître de conférences à l'Institut supérieur des sciences humaines de Tunis dont la plupart de ses travaux de recherche portent sur Gustave Flaubert ; il vient d'éditer cette année Patrimoines flaubertiens, par-delà les biens et le mal (Editions Latrach). Les «Matinales de Carthage»ont réuni d'autres éminentes personnalités du monde universitaire, littéraire et artistique, comme Saad Borghol (critique littéraire), Leïla Ben Rhouma (musicienne et musicologue), Amine Hammami (artiste contemporain), Achraf Chargui (luthiste), Leïla Zenaïdi (poétesse), Hamadi Mezzi (homme de théâtre), pour ne citer que ceux-ci. Les prochaines rencontres tourneront autour de nouvelles problématiques autour du théâtre, de la littérature et de la poésie, et rendront par la même occasion hommage aux grandes figures culturelles disparues dont notre poète national Sghaïer Ouled Ahmed, Ezeddine Guannoun...