Le relationnel, les connaissances personnelles sont les déterminants du sponsoring dans le sport tunisien. La visibilité, le suivi, la négociation sont relégués à un second plan. Dans le monde entier, et là où il y a sport et événements sportifs, toutes disciplines confondues, il y a des sponsors solides qui parrainent ces événements à coups de millions d'euros. Le sponsoring est l'action-communication la plus importante aujourd'hui dans le marketing du sport. Cela va des petits événements aux grands tournois. Des enjeux d'image impressionnants, des enjeux financiers très importants qui prouvent que la nature du sport a beaucoup changé. Ce n'est plus une compétition où l'on essaye de gagner et de remporter un titre ou une gratification sportifs, mais c'est beaucoup plus que cela. C'est une industrie lourde qui mobilise des fonds énormes où les recettes, les dépenses et les bénéfices font chavirer. Le sponsoring est devenu depuis plus de 10 ans, pour tous les grands événements sportifs, une composante fondamentale. De grandes marques internationales sont présentes dans tous les produits et formules du sponsoring, selon son importance, sa notoriété et sa puissance financière. Ces grandes marques ont choisi le sport comme support de communication pour trois raisons au moins : l'impressionnante base de clients et prospects présents à travers la télévision et le web, la visibilité positive générée par l'association avec un événement ou un athlète, et aussi les valeurs sympathie, performance, solidarité et surpassement qu'on trouve sur le sport. Tout cela fait que les fédérations, les clubs agissent et s'activent beaucoup pour attirer des sponsors. Pas de sentiments, mais des relations de partenariat à long terme et des négociations qui préservent les intérêts des sponsors et des structures sportives organisatrices d'événements. Qu'en est-il de sponsoring au sport tunisien? Il y a beaucoup à dire sur cette expérience nouvelle où les pressions et les défaillances sont multiples empêchant les clubs et fédérations tunisiens d'avoir une source stable et autonome de financement. Triple relation L'équipe nationale de football, de handball et surtout de basketball (pour le moment, la FTBB a réussi à capitaliser de gros montants de sponsoring), les clubs riches de notre championnat, les Habiba Ghribi, Oussama Mellouli, Malek Jaziri, Sarra Besbès, le TCTunis, la FT judo, voilà et entre autres (sûrement qu'on oublie certains) des clubs, des athlètes et des structures sportives qui s'activent au niveau du sponsoring. Cela n'empêche, on a beaucoup à franchir pour faire comme les ténors du sport mondial. D'abord, le sponsoring chez nous ne met pas en lice, selon les règles scientifiques, les trois parties concernées, à savoir le club ou l'événement à sponsoriser, le sponsor et bien sûr le média, en premier lieu, la télévision. En Tunisie, cette triple relation sur laquelle repose toute opération de sponsoring est mal respectée. Parfois, on a des sponsors qui payent pour une visibilité moins proportionnelle à ce qu'ils payent, parfois, on a des sponsors qui financent un tournoi mais qui ne sont pas mis en valeur, faute de retransmission télévisée et faute de médiatisation, et on a aussi parfois des clubs et des fédérations qui ne savent pas gérer les conflits entre leurs sponsors quant aux espaces offerts sur un terrain de compétition ou via un média. Le problème est qu'il n'y a pas de normes exactes qui permettent d'accorder l'espace selon l'apport et l'importance du sponsor. Souvent, des sponsors se sentent lésés par rapport à d'autres, sans qu'il y ait l'art de gérer ces conflits qui mettent en danger la survie même de l'événement sponsorisé. Ce qu'on remarque également est que la relation personnelle entre le sponsor et le responsable de la structure sportive est le premier facteur qui déclenche cette opération. Si vous connaissez un homme d'affaires, si vous êtes son ami, vous pouvez le solliciter pour vous sponsoriser, sans qu'il n'y ait aucune étude. Les sponsors, qui se comptent sur le bout des doigts, n'ont pas, en bonne partie, une approche de suivi pour voir est-ce qu'ils ont touché ou non leurs cibles marketing, et bien vendu leur image. Les montants restent les mêmes, diminuent ou augmentent selon l'humeur, les relations amicales ou non, et non sur le capital visibilité et accès à la clientèle. A part les opérateurs de téléphonie mobile qui mettent des sommes colossales en football surtout, les autres sponsors économisent des sommes et ne risquent pas gros sur ces opérations. Ça concerne surtout les sports individuels où les quelques expériences réussies ne cachent pas le manque à gagner considérable.