Dans dix jours au maximum, les Tunisiens connaîtront l'identité du chef du gouvernement d'union nationale. Les candidats préparent leurs dossierset attendent l'aval du palais de Carthage Maintenant, c'est officiel. Le processus de choix du futur chef du gouvernement d'union nationale ou la deuxième étape de l'exécution du Pacte de Carthage est enclenché. Informé, dimanche 31 juillet, des résultats de la séance plénière de renouvellement de confiance au gouvernement Habib Essid, le président de la République dispose désormais de dix jours, au maximum, pour charger une personnalité qui aura la responsabilité de former le gouvernement d'union nationale et de solliciter la confiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour pouvoir entamer, au cas où les députés lui accorderaient leur aval, son action consistant à mettre en application le programme commun issu des négociations du palais de Carthage. Les qualités ou les conditions que doit réunir le futur chef de gouvernement étant définies (une personnalité compétente, courageuse et audacieuse disposant d'un profil politique mais non partisane, versée dans les dossiers économiques les plus compliqués et sachant communiquer avec le peuple), la course est ouverte. Mais avant de dire qui parmi les ministres du gouvernement Essid aura la possibilité d'occuper le siège de son chef poussé à la démission sous les applaudissements des députés de la nation, déjà on parle de ceux qui ne seront pas choisis pour élire domicile au palais de La Kasbah : ce sont les ministres de Ben Ali. En effet, d'après certaines indiscrétions, le président Caïd Essebsi aurait «promis à une délégation de l'Ugtt qu'aucun parmi les ministres de Ben Ali ne sera désigné pour former le prochain gouvernement même si certains des ministres de l'avant-14 Janvier pourraient être choisis par le prochain chef de gouvernement à l'instar de Ridha Chalghoum, actuellement conseiller économique auprès du chef de l'Etat, et qui est promis à un superministère, celui de l'Economie et du Commerce, voire de l'Investissement. Les disqualifiés d'abord Ainsi, si l'engagement pris par le président de la République se révèle bien réel, bien des noms sont déjà éliminés. Il s'agit de Hatem Ben Salem, le dernier ministre de l'Education de l'ère Ben Ali et actuellement président de l'Institut tunisien des études stratégiques. Il en est de même pour Fadhel Khelil, qui a dirigé les Affaires sociales sous Ben Ali au début des années 90 du siècle écoulé. Il souffre d'un autre handicap puisqu'on laisse entendre qu'aussi bien l'Ugtt et l'Utica sont contre sa désignation. Le troisième candidat disqualifié est Kamel Morjane, président du parti Al Moubadara et l'un des signataires du Pacte de Carthage. Ceux qui assurent que Béji Caïd Essebsi ne donnerait pas son aval à un ancien ministre de Ben Ali avancent que le chef de l'Etat préfère plutôt «une compétence nationale n'appartenent à aucun parti politique et qui aurait les faveurs des pays amis, notamment ceux qui participeront à la conférence des bailleurs de fonds prévue en novembre 2016». Les chances des uns et des autres Il reste les candidats des partis de la coalition au pouvoir au cas où l'option de la personnalité non partisane serait abandonnée. D'abord, Néji Jalloul, ministre nidaïste de l'Education : il est l'un des trois candidats du parti, et il a déjà annoncé qu'il accepterait le poste au cas où son parti déciderait de le choisir. Son grand atout est le fait qu'il caracole à la tête des sondages d'opinion depuis des mois concernant les hommes politiques les plus aimés et les plus appréciés par les Tunisiens. Dans son dernier sondage, Emrhod l'a placé devant le président Béji Caïd Essebsi. Ensuite Slim Chaker, le ministre nidaïste des Finances et le candidat favori de Hafedh Caïd Essebsi, l'homme à tout faire au sein de Nida Tounès même si Nabil Karoui, Khemaies Ksila, Boujemaa Rmili et Ridha Belhaj contestent la mainmise du fils du président de la République sur le parti des Berges du Lac. Enfin, Youssef Chahed, le jeune ministre des Collectivités locales qui a hérité du dossier post-révolution le plus important, à savoir les élections municipales et régionales et la décentralisation. Pour le moment, il promet d'assainir les délégations spéciales bien avant l'organisation des municipales en 2017. Quant aux trois autres partis de la coalition au pouvoir, ils se contentent d'assurer que c'est à Nida Tounès de choisir le futur chef de gouvernement en tant que parti vainqueur des législatives, même s'il a perdu sa majorité au sein du parlement au profit d'Ennahdha. Cette dernière continue à adopter le même discours à propos du prochain gouvernement : «Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il provienne de Nida Tounès. Seulement, notre présence au sein du gouvernement doit être à la mesure de notre représentation au sein du parlement», soulignent certains de ses leaders et en premier lieu Abdelkrim Harouni, président du Conseil de la choura. Quant aux autres partis signataires du Pacte de Carthage, Al Massar, Al Joumhouri, Achaâb et Al Moubadara, ils attendent que des noms soient proposés pour s'exprimer, «l'essentiel pour nous, c'est le profil de la personnalité qui sera apte à appliquer le contenu du Pacte de Carthage».