Par Samira DAMI Rendre hommage à une icône de la lutte contre l'Apartheid et à une figure porteuse de valeurs humaines universelles qui n'est autre que Nelson Mandela, c'est là l'objectif premier de la comédie musicale «Madiba» qui s'est déroulée, mercredi dernier, sur la scène du théâtre romain de Carthage et à laquelle a assisté un public moyennement nombreux. Coécrit par Jean-Pierre Hadida et Alicia Sibrien et mis en scène par Pierre-Yves Duchesne, ce spectacle total, entre image, son, musique, chants et danse, met en scène un amour impossible entre un boy noir sud-africain et Elena, fille d'un Afrikaner prônant énergiquement des idées ségrégationnistes. Cela en pleines années de braise du système politique institutionnel de ségrégation raciale. C'est là la petite histoire ponctuée par des moments de la grande histoire tantôt racontée par un narrateur, tantôt incarnée par les personnages au fil des événements et des faits politiques, jusqu'à l'apparition du comédien qui interprète Mandela, ce chantre et prix Nobel de la Paix, devenu une légende planétaire. Cette comédie musicale retrace, ainsi, les moments phare du parcours de Madiba, nom du clan tribal du grand militant : sa lutte pacifique et son adhésion à l'ANC en 1948, son emprisonnement à perpétuité au début des années 60, sa libération après 27 ans d'isolement, son élection en tant que président de l'Afrique du Sud en 1994 jusqu'en 1999 où il se retire de la vie politique active, mais demeure le symbole de l'anti-apartheid et le bâtisseur d'une Afrique du Sud multiraciale et démocratique. La troupe sud-africaine composée d'une vingtaine d'artistes et de comédiens de plusieurs nationalités, dont le percussionniste tunisien Heykel Skouri, a, deux heures durant, en recourant à plusieurs genres artistiques, raconté le combat d'un homme, jeune avocat militant, et celui des partisans de l'ANC (Congrès national africain) contre la discrimination et les lois de l'Apartheid et contre la domination politique de la minorité blanche. Une lutte âpre et dure pleine de souffrances dans le noble but de changer les choses et pour que triomphent, enfin, la liberté et la dignité humaine. «Madiba» est une œuvre qui se veut didactique, d'où ce côté linéaire et démonstratif, car ce spectacle a aussi pour parti pris de sensibiliser les divers publics, à travers le monde, à la nécessité de défendre les justes causes prônant la liberté, la justice et l'émancipation des peuples, telle la cause palestinienne, par exemple. Le peuple palestinien souffrant, jusqu'à aujourd'hui de l'oppression, de la violence et de l'injustice de l'occupant sioniste. Ce qui séduit le plus dans le parcours de ce héros mythique disparu, c'est cette volonté comme il l'avait affirmé de «se présenter, à son peuple et à l'humanité entière, non pas en prophète, mais en serviteur». Outre ces credo consistant à savoir pardonner sans jamais donner de leçon, à croire en la réconciliation et au pardon, tous deux porteurs de paix et de quiétude. Et la pièce insiste, justement, sur cet aspect de la personnalité et du combat de cet homme, dont la voix a été écoutée de par le monde. Pardon et réconciliation Avec l'image, le texte, la musique et le son, un décor sobre, des costumes haut en couleur, des chants et des danses modernes et traditionnels imprégnés de l'âme africaine, de la musique rock, pop, du slam, un chœur traditionnel Zoulou, un jeu sans fioritures, cette comédie musicale, se focalisant sur le combat et la résistance d'un homme et où triomphent, au final, les idéaux de l'amour, la liberté et de la dignité humaine, montre qu'il n'y a pas de civilisation supérieure à une autre, d'hommes supérieurs à d'autres. La pièce se clôt par un arc-en-ciel de lumières symbolisant une nation multiraciale et pleinement démocratique au fil des tableaux de chants et de danses frénétiques chargés d'espoir et d'espérance en l'avenir. Un hymne à la liberté, à l'égalité et à la paix. La politique de réconciliation et de pardon de ce prix Nobel de la paix qu'est Madiba a évité à l'Afrique du Sud bien des affres, des maux et des souffrances et a éloigné le risque d'une guerre civile entre des Blancs, refusant la fin de l'Apartheid et la réconciliation, et les partisans de l'ANC prônant la violence. Ainsi, le parcours de Mandela ainsi que son œuvre politique sont à prendre en exemple chez nous, cela afin de réussir notre réconciliation nationale, encore et toujours d'actualité. C'est pourquoi cette comédie musicale aurait dû mériter plus de promotion médiatique afin de drainer davantage de spectateurs. Car, il ne suffit pas d'annoncer le programme et d'organiser des conférences de presse à la veille de chaque spectacle programmé pour réussir une bonne communication et promouvoir certains d'entre eux tout à fait nouveaux et qui nécessitent , donc, plus d'actions et d'efforts de promotion. Cela mérite réflexion. N'est-ce pas ?