L'Oasis d'or est revenue au film palestinien «Roshmia» de Salim Abou Jabel. L'Oasis d'argent au film algérien «Samir dans la poussière» de Mohamed Ouzine. Au cours d'une cérémonie de clôture transmise directement sur la chaîne de télévision publique Al Watania 1, le jury des longs métrages, présidé par la comédienne Jalila Baccar, a rendu son verdict en décernant l'Oasis d'or au film palestinien «Roshmia» de Salim Abou Jabel. Ce premier long métrage documentaire du réalisateur ressemble fort à un huis clos. Un couple de vieux finit par être délogé de leur cabane située dans une vallée «Roshmia» à Haïfa par l'occupant israélien, et ce, malgré un bras de fer acharné. Le film est à l'image d'une réalité vécue par de nombreux palestiniens des territoires occupés. Une véritable tragédie sans issue. La caméra du cinéaste s'invite dans la vie quotidienne de ce couple, dont l'espoir s'éteint lentement comme une bougie. Le jury a été touché par ces vieux attachés à leur gite qui constitue leur seule planche de salut. L'Oasis d'argent est revenue au film algérien «Samir dans la poussière» de Mohamed Ouzine. Une sorte de docufiction sur les angoisses d'un contrebandier perturbé, dont la vie consiste à transporter du carburant à dos d'âne de son village montagnard à la frontière marocaine. Malgré la maîtrise technique, notamment au niveau de l'image, le film est emprunt d'un certain fatalisme et d'une ambiance lugubre où le personnage central laisse le sort décider de sa vie. De l'argent pour «Ghassra» Le jury a encore une fois favorisé le documentaire en attribuant l'Oasis de bronze au documentaire syrien «Haunted» de Liwaa Yazdi, qui raconte l'exil de ceux que la guerre a ravagé. Des images sinistres témoignant d'une dure réalité. Ce film est une sorte de plaidoyer contre la monstruosité de la guerre et des dommages collatéraux qu'elle livre chaque jour. C'est encore une œuvre sur la fatalité du destin qui frappe les arabes. Le jury des courts métrages, présidé par la comédienne Soundes Belhassen, a accordé l'Oasis d'or au film irakien «Hassen au pays des merveilles», une fiction sur la guerre en Irak vue par les enfants. Il a également obtenu le prix du public. La Tunisie a eu droit à une Oasis d'argent pour le film «Ghassra» de Jamil Najjar, une comédie loufoque sur les situations cocasses que vit un chauffeur de taxi après la révolution. L'Oasis de bronze est allée à la Libye pour le film «The Random», une fiction sur la violence dans la Libye post-révolution. La surprise des Emirats Pour ce qui est du jury des films d'école, présidé par la comédienne Sabah Bouzouita, la Tunisie a remporté l'Oasis d'or pour le film de fiction «Sable mouvant» de Sarra Abdelkafi de l'Esac. L'Oasis d'argent a été décernée ex æquo au film tunisien «Un cercle autour d'une danse solitaire» de Mouna Louhichi de l'Ecole des beaux-Arts de Gabès et au film marocain «Gris» de Yahia Chaâbane. Le prix de la presse portant le nom de Néjiba Hamrouni a été décerné au film de fiction «Going to Havean» de Saed Salmanen Al Murry des Emirats Arabes Unis. Le film est une quête des racines et de l'identité, et une histoire d'amitié et de solidarité entre deux jeunes partis à la recherche d'une grand-mère. Cette œuvre a constitué une agréable surprise en raison de sa fraîcheur et de l'image qu'elle donne d'un pays artificiel marquée par une modernisation outrancière où les valeurs ancestrales n'ont plus de place. Le jury a choisi un film sur la jeunesse. Une jeunesse qui bouge, qui réfléchit, qui enjambe les obstacles pour aller de l'avant et crée aussi la surprise en consacrant un cinéma jeune et dynamique. Un concept à revoir Le cinéma arabe est-il frappé de malédiction ? Il est malheureux de constater qu'aucun festival de film arabe n'a pu s'imposer ou même faire longue vie. L'Institut du monde arabe à Paris avait organisé un festival du film arabe qui s'est arrêté au bout de quelques éditions. En Tunisie, l'expérience est faite à Nabeul, mais n'a pas été concluante non plus. Repris par Gabès, le concept n'a pas bien fonctionné, du moins cette année. L'an dernier, les participants ont parlé de succès. Qu'est-ce qui n'a pas bien marché au cours de Cette 2e édition organisée du 24 au 30 septembre ? La soirée d'ouverture et de clôture étaient entre les mains de la chaîne nationale de télévision Watania 1. La direction du festival n'a pratiquement pas de pouvoir sur le déroulement de la cérémonie, retransmise en direct. Elle se contente de fournir les éléments : public, noms des membres du jury, extraits de films servant à alimenter le conducteur. Ensuite, le reste devient la prérogative du producteur et de l'animateur. On assiste donc à une soirée carrément bâclée, exemple à l'appui : le jury de la presse n'a pas eu le droit de lire le texte des délibérations, à l'instar des autres jurys. Erreur sur les extraits de films présentés, etc. Si on vient à l'essentiel, autrement dit, les films, la sélection laisse à désirer. Dans la compétition des longs métrages, deux films sont de nationalités françaises et non arabes. Les autres n'obéissent à aucune thématique précise. Pas d'approche, ni de concept pour un festival qui reste ouvert à tout et n'importe quoi, et ce n'est pas la présence d'une star qui l'a sauvé. Malgré leur présence, le public était défaillant à presque toutes les projections, excepté celle de «A peine j'ouvre les yeux» de Leïla Bouzid sans pour autant avoir son adhésion ; puisque le prix du public a récompensé le film égyptien «Out of the Ordinary» de Daoud Abd Essayed. Par ailleurs, les autres activités, comme la table ronde qui a traité du thème : «L'état du cinéma arabe post-révolution» n'a pas drainé non plus du monde car sa tenue a coïncidé avec les projections. Enfin, une 2e session balbutiante qui a connu, malheureusement, plus de bas que de haut. On espère que les organisateurs, notamment les jeunes bénévoles, que nous saisissons ici l'occasion pour les remercier de leur effort et leur abnégation, tireront les leçons de cette 2e édition pour mieux organiser la prochaine.