Dans le cadre du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et la Tunisie, l'ambassade du Japon et le ministère des Affaires culturelles nous proposent du 15 au 23 de ce mois un tour d'horizon du sang frais qui irrigue le cinéma japonais contemporain Très peu de Tunisiens connaissent le cinéma japonais, alors qu'il a une histoire qui date des débuts du cinéma, à la fin du XIXe siècle. Actuellement, il est classé troisième au monde pour le nombre de films produits. Mais les cinéphiles, grâce à la Fédération tunisienne des ciné-clubs, connaissent cet art nippon si particulier. D'ailleurs, ils parlent beaucoup de «neo-eiga» pour désigner le cinéma japonais contemporain. Car, semble-t-il, après une longue décennie d'incertitude, cet art a regagné en vigueur, et ce, au début des années 90. Mais, selon les critiques occidentaux, le paysage cinématographique au Japon est loin d'être unifié, ni même présenter la cohérence de l'époque des studios, dont l'âge d'or avait correspondu à sa découverte en Occident dans les années 1950. La formule «neo-eiga» n'a apparemment qu'une vocation : différencier le cinéma japonais actuel, premièrement du cinéma «classique» et deuxièmement, du reste du cinéma mondial. Rappelons, par ailleurs, que les trois plus grands cinéastes japonais du XXe siècle sont : Kurosawa Akira (1910-1998), surnommé Tenno (l'empereur). Il fut peintre avant de devenir cinéaste en 1936. Sa vision du monde a été, en partie, déterminée par le tremblement de terre qui, en août 1923, détruisit des quartiers de Tokyo. Entraîné à treize ans par son frère Heigo, sur les rives de la rivière Sumidagawa où se pressait une foule de cadavres, Kurosawa ressent le monde comme une catastrophe naturelle, y perçoit une vision d'enfer à laquelle il opposera une éthique de la lucidité ouverte, comme chez Dostoïevski (un des plus grands romanciers russes. 1821-1881), sur la compassion éprouvée pour les malheureux. Son œuvre n'est pas abondante : 31 films en un demi-siècle, mais profondément originale. Imamura Shohei (1926-2006), quant à lui, a été révélé au monde par sa première Palme d'or en 1983, avec «La balade de Narayama». C'est le cinéaste du désir et de l'entomologie cinématographique. Avec Oshima Nagisa et Yoshida Kiju, il est l'un des réalisateurs majeurs de la Nouvelle Vague japonaise issue des grands studios à la fin des années 1950. «Et pourquoi pas ?» (1981), premier de ses films présenté à Cannes, l'a imposé comme un cinéaste de premier plan. «L'Anguille» est la deuxième Palme d'or d'Imamura et la dernière décernée à un cinéaste japonais. Cela remonte à 1997. Mais c'est Oshima Nagisa (1932-2013), qui est considéré comme le chef de file de la Nouvelle Vague japonaise dans les années 1960. Diplômé de l'université de Kyoto en 1954, il intègre, la même année, en tant qu'assistant réalisateur, les studios d'une société de production. En 1961, il fonde la société Sozosha qui lui permet de travailler en indépendant à partir de 1965. Une hémorragie cérébrale, survenue en 1996, le laisse invalide et diminué. La liste est longue de ces cinéastes japonais à la carrière étonnante. Le programme des journées Cette manifestation organisée par l'ambassade du Japon et le ministère des Affaires culturelles, dont le coup d'envoi sera donné demain à 15h00 à la maison de la Culture Ibn-Rachiq, est ouverte gratuitement au public. C'est une occasion exceptionnelle, nous dit-on, pour découvrir la diversité du cinéma japonais, à travers la projection de 12 films de divers genres (documentaire, fiction, animation...), sous-titrés en arabe ou en français. «Fireworks from the heart» est le film qui ouvrira les journées. Il s'agit d'un drame inspiré d'une histoire vraie, celle d'une femme, «Hana», qui rentre de l'hôpital après six mois de traitement contre sa leucémie. Elle découvre que son frère aîné, Taro, est devenu un «hikikomori» (reclus de la société), et va l'aider à sortir de sa bulle... Suivra, à 17h00, «Osaka Hamlet» (107 min), sous-titré en arabe. Voici le programme du reste de la semaine : Dimanche 16 octobre 10h00 : «Voyage vers Agartha» (116 min) - Sous-titré en arabe 12h00 : «Water boys» (91 min) - Sous-titré en français Mardi 18 octobre 17h00 : «After the Flowers» (107 min) - Sous-titré en français Mercredi 19 octobre 17h00 : «Rail Truck» (116 min) - Sous-titré en arabe Jeudi 20 octobre 17h00 : «La Femme de Villon» (114 min) - Sous-titré en français Vendredi 21 octobre 17h00 : «From Me to You» (128 min) - Sous-titré en français Samedi 22 octobre 15h00 : «L'Oiseau Bleu» (105 min) - Sous-titré en français 17h00 : «The Chef of South Polar» (125 min) - Sous-titré en arabe Dimanche 23 octobre 10h00 : «La Tour au-delà des nuages» - (91 min) - Sous-titré en arabe 12h00 : «Eye Contact» (88 min) - documentaire - Sous-titré en arabe Souad Ben Slimane Sources : Cairn.info, Film de culte, Universalis