Le CA réussit à élaborer mais pas à finaliser. Maintenant, l'heure n'est plus aux expérimentations Le Club Africain de 2016 n'est pas celui de 2015 et sûrement pas celui de 2014. Individuellement et collectivement, les joueurs clubistes ont perdu de leur superbe si l'on excepte l'entame sur les chapeaux de roues de cette saison. Nous faisons bien entendu encore et toujours allusion à la saison dernière où le CA a parfois été confronté à des problèmes structurels et de fond. Et non pas à un simple relâchement comme certains le croyaient. Ce fut en somme assez révélateur des paradoxes, des contrastes et du caractère multi-facette et ludique du CA. Non, actuellement, le Club Africain n'est pas en crise mais il est plus que jamais confronté au risque de résurgence des vieux démons. Et pour cause, il vient de mordre la poussière devant son public face à l'étonnante équipe de la Stayda. De quoi raviver le souvenir, pas si lointain que ça, du raté face à l'Espérance en finale de Dame Coupe. Tiens, ça tombe plutôt bien! Le CA affrontera l'EST dimanche prochain. Ce match où les deux larrons devront de nouveau en découdre pour la suprématie s'annonce comme toujours chaud bouillant. Sauf que le CA, on le sait, n'est pas au mieux. La preuve, il vient de tomber face au SG. Sorte de retour vers le futur pour une équipe encore fragile sur le plan mental, et qui a mis du temps à panser les blessures imputables à l'après-derby de la Coupe de Tunisie. Bref, maintenant, le CA joue la montre. Pas le temps de dire ouf ! Et voilà que l'Espérance se dresse sur son chemin. L'objectif est clair : la belle machine de cette première partie de saison doit se remettre en route et en selle pour ne pas subir le contrecoup d'un second revers de rang. Pour les fans, l'optimisme est mesuré mais les espoirs sont tout de même fondés. Ils ne vont pas jusqu'à jouer au poker menteur ! Mais si ce CA-là n'impose pas de pressing infernal, ne brille pas par la possession et ne régale pas forcément, il peut aussi évoluer dans la douleur sans toutefois se faire peur et perdre confiance. La thèse du relâchement... L'important n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. Si le football qui gagne exige une forte capacité de sacrifice, il se base surtout sur l'effort continu, la projection rapide vers l'avant, le pressing incessant et le repli défensif éclair. L'heure n'est pas aux appréhensions et aux tâtonnements. L'heure est aux certitudes et aux convictions. Face à l'EST, l'équipe doit être en supériorité défensive quand le rival attaque, et mettre au minimum quatre ou cinq joueurs dans la surface adverse à chaque centre. Si le groupe se relâche, le plan de jeu ne tiendra plus. Car en face, il y a de la qualité et d'excellents tripoteurs de ballon. Sans prétendre ressusciter (le CA n'est ni au bout du rouleau ni encore moins au fond du gouffre), les joueurs doivent remettre le bleu de chauffe ! Exit les psychodrames récurrents, les examens de conscience et les mea-culpa de façade. S'il faut opter pour des choix par défaut en vue de maximiser ses chances face à l'EST, le plateau technique ne doit pas hésiter. Sauf que Kaïs Yaâkoubi voit les choses différemment. Sans doute par protection, il rejette l'idée d'un manque d'implication de ses joueurs, et a, au contraire, vanté le courage, le mérite et le cœur de ses hommes (hallucination ou réalité?). Puis, il y a aussi cette intéressante diversité de «sons de cloche» du côté des supporters pour qui le problème est plus profond et se limite aux choix restreints sur les ailes notamment, à une animation offensive particulièrement défaillante et à un plan de jeu globalement discutable. Bref, la défense est prenable et la finalisation des attaques pas toujours bonne. Le CA réussit à élaborer, mais pas à finaliser. Maintenant, l'heure n'est plus aux expérimentations-atermoiements mais aux répétitions d'automatismes sans improvisation. En clair, le coach doit impérativement et dès maintenant tenir son onze de départ et ses plans de changement en cas de blessure ou d'évolution du score.