La Presse — C'est dans la joie, voire l'allégresse générale que Sfax et sa banlieue ont célébré l'avènement de l'Aïd Esseghir, comme c'est d'ailleurs le cas dans le reste du pays. L'événement, marquant la fin de Ramadan, mois de piété, d'abstinence et de dévotion, tout comme l'amorce d'un nouveau cycle de vie, tout aussi exaltant qu'émouvant, est fêté avec l'éclat qu'il faut. L'on s'y prépare bien auparavant, avec les mets les plus divers, et aussi les plus savoureux que toute mère de famille s'attache à préparer avec l'attention requise. On en cite plus particulièrement «la charmoula», sorte de mets à base de raisins séchés (z'bib) et d'oignons, mélangés dans l'huile d'olive. Sa cuisson nécessite toute une journée, pour qu'elle soit prête à la consommation matin. Et puis, le plat qui constitue le mets principal le jour de l'Aïd est servi avec du poisson salé, soigneusement élaboré lui aussi. Ce sont surtout les espèces de poisson les plus savoureuses qui sont sélectionnées pour ce repas. Parmi elles, on cite le loup de mer, le saumon blanc, le mérou et la daurade, dont le prix du kilogramme dépasse parfois les normes habituelles. Mais, qu'importe lorsqu'il s'agit de cette spécialité culinaire typiquement sfaxienne. Cela fait partie du patrimoine de la ville qu'on préserve avec beaucoup de soin, de conviction aussi. Ce n'est pas tout. L'Aïd Esseghir pour les mères de famille, c'est aussi l'occasion de se convertir en pâtissière passionnée. L'évolution de la société aidant, et l'amélioration du niveau de vie ont provoqué une profonde mutation dans les goûts et la manière de confectionner les friandises. La gastronomie est devenue en effet à Sfax un art où le génie culinaire ne cesse de se distinguer par la diversité des produits présentés pour satisfaire les plaisirs sensoriels et les appétits des fins gourmets. Un exemple édifiant de cette mutation que connaît la confiserie sfaxienne de l'Aïd, les multiples variétés de «baklaoua», jadis essentiellement à base d'amande, de farine et de sucre, et qui se compose maintenant de pistache de pignon ou de noisette. Il est bien loin le temps où l'on se suffisait des pâtisseries à base de sorgho, de semoule, ou de farine mélangée avec le sucre et l'huile ! Les temps ont changé. Mais la mère sfaxienne continue d'affûter ses arts culinaires pour être au niveau de l'attente de la famille en ce jour de fête pas comme les autres. Les jeunes au diapason de la modernité Les jeunes, quant à eux, ont leurs loisirs propres à eux. Les jouets qui leur sont offerts par leurs parents se multiplient d'une année à l'autre, et prennent aussi une autre dimension, comme les pistolets et les voitures téléguidées, les guirlandes, les fumigènes ou les portables à la sonorisation typique. L'Aïd Esseghir a son éclat particulier parmi toutes les familles sfaxiennes. Et c'est bien dans une ambiance festive qu'il est célébré dans tous les foyers avec la dévotion requise.