En marge de la célébration du 50e anniversaire des JCC, un hommage a été rendu aux pionniers du cinéma tunisien et africain qui ont partagé avec feu Taher Cheriaa son rêve de lancer cette manifestation. A cette occasion, Brahim Letaïf, directeur de la 27e édition des JCC, a déclaré que ce geste témoigne de la reconnaissance du Comité d'organisation aux générations fondatrices de ces journées et qui ont milité dans des conditions difficiles en vue de promouvoir le cinéma tunisien et africain et sa diffusion à une échelle internationale. Il a ajouté, à ce propos, que c'est un honneur pour la Tunisie d'accueillir, à l'occasion du cinquantenaire, des icones du cinéma arabe et africain parmi les réalisateurs, producteurs et critiques, qui ont marqué de leur empreinte le cinéma. Pour sa part, Mohamed Challouf, responsable du cinquantenaire des JCC, a souligné que c'est un événement de taille que ces icônes qui ont côtoyé Taher Cheriaa à ses débuts reviennent après plus de 40 ans. Idrissa Ouedraogo, un cinéaste ancré dans son africanité Dans le même sillage, une cérémonie a été organisée au Palais des congrès en l'honneur du célèbre cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo, considéré comme étant une icône gravée dans la mémoire du cinéma africain grâce à son engagement pour le cinéma africain et sa parfaite maîtrise des outils cinématographiques: réalisation, tournage, son, scénario pour faire un bon film. A cette occasion, le cinéaste tunisien Mohamed Challouf a présenté un homme exceptionnel et l'un des cinéastes les plus productifs du Continent africain. Il en témoigne : «Je suis encore fasciné par ce cinéaste qui fait le cinéma à la manière de ses prédécesseurs, les pionniers tels que Sembène Ousmane». L'hommage à ce cinéaste ancré dans son africanité était animé par la critique de cinéma française Catherine Ruelle, journaliste à l'époque à RFI radio France internationale. Selon les témoignages des invités présents à cet hommage, Idrissa Ouedraogo est devenu une sorte d'explorateur qui, dans chacun de ses films, tentait d'explorer d'autres espaces géographiques et culturels. En effet, la carrière cinématographique de Ouedraogo est faite d'étapes et d'œuvres qui ont fait l'unanimité dans les plus grands festival dont ceux de Cannes et des JCC avec des films comme « Poko « et «Pourquoi « en 1981, Ouagadougou, Ouaga deux roues (1985), Yam Daabo (Le choix) en 1986, Yaaba (Grand-mère) en 1989, et le Cri du cœur en 1994. Idrissa s'est aussi dirigé vers la comédie et les séries télévisées en essayant de toucher le maximum de gens en tant que producteur et réalisateur de ses propres œuvres. Les témoignages parlent du langage qu'Idrissa essayait de mettre dans ses films, s'agissant plutôt d'un langage assez simple pour que les gens qui voient ses films comprennent ce qu'il veut leur transmettre. D'ailleurs, ses amis, cinéastes et acteurs, témoignent qu'il pense beaucoup au public. Ouedraogo explique ce souci par le fait qu'il «vient d'un pays de 16 millions d'habitants qui parlent 42 langues». Pour faire un bon film, Ouedraogo estime qu'il «faut connaître un peu de tout, notamment le cadrage et la lumière», pour ne pas dépendre de l'équipe technique et être le commandant de bord de son œuvre. C'est pour lui un point fondamental auquel il faut initier les nouveaux cinéastes qui, selon lui, ont un problème de formation au niveau de la maîtrise des outils et techniques cinématographiques. En effet, plusieurs invités qui ont parlé de leurs expériences professionnelles et personnelles avec Idrissa Ouedraogo ont été unanimes à souligner que ce cinéaste créatif et inventif est un grand détecteur de talents, qui exige sans arrêt un minimum de professionnalisme et de savoir-faire dans tous ses travaux, en cherchant toujours les meilleurs des techniciens, surtout de nos jours où il regrette que «la qualité du cinéma africain baisse d'une année à une autre». Dans ce sens, il a appelé à développer la formation technique de la nouvelle génération de cinéastes pour faire un bon cinéma en Afrique, confronté à un véritable problème de positionnement puisqu'il tarde encore à retrouver ses marques, surtout avec l'émergence du numérique et de la télévision numérique terrestre qui envahissent et menacent même l'espace audiovisuel en général . Liste des personnes honorées : — Jalila Hafsia : Tunisie — Moncef Charfeddine : Tunisie — Jean-Pierre Dikongue Pipa : Cameroun — Timite Bassori : Côte d'ivoire — Sarah Gubara, fille de Goballa Gubara : Soudan — Idrissa Ouedraogo : Burkina Faso — Imunga Ivanga : Gabon — Solomon Bekelé : Ethiopie