Ezzedine Gannoun était en pleine préparation de ce projet lorsqu'il a été surpris par la mort. Cette année, le projet est repris par les enfants de El Hamra et du centre arabo-africain de recherche et de formation théâtrale. «Seules les frontières séparaient ces voyageurs clandestins qui se retrouvent unis par le rêve sur un radeau entre ciel et mer. Ils rêvent tous d'une terre nouvelle où ils pourraient enfin reposer leurs âmes fatiguées. Cette traversée n'est-elle pas ce voyage éternel de l'homme entre la vie et la mort ?Mais ils ne font que fuir la mort vers une autre mort. Ils... qui sont-ils ?». Voici le synopsis de la pièce théâtrale qui fera l'ouverture des JTC 2016. Le thème est d'une actualité brûlante. D'une actualité qui la conduira à des sables mouvants, puisque tous les jours les chiffrent changent, les données et les images aussi. C'est l'une des plus grandes tragédies de ce siècle : les candidats à la mort sur ces milliers de radeaux qui charrient des milliers de voyageurs clandestins vers l'inconnu. «Le radeau» est la dernière création du théâtre El Hamra et du Centre arabo-africain de recherche et de formation théâtrale, fondé par Ezzedine Gannoun en 2001. Un centre basé principalement sur la formation et qui a produit une création de Ezzedine Gannoun «Parlons en silence» et qui, faute de moyens, n'a pas pu faire une deuxième création avec les artistes formés au centre. Ezzedine Gannoun a été à l'origine de ce nouveau projet, «Le radeau», qui a été demandé par les Journées théâtrales de Carthage en 2015. Lassaâd Jamoussi a voulu donner une dimension arabo-africaine aux JTC. Ce spectacle devait faire l'ouverture des JTC et Gannoun a déjà commencé à sélectionner les comédiens parmi les ressortissants du centre arabo-africain de formation qui en comptent plus de 350. Mais l'artiste s'éteindra avant l'aboutissement de ce spectacle. «Cette année, le directeur des JTC, Lassaâd Jamoussi, nous a fait confiance à toute l'équipe de El Hamra, pour poursuivre le projet de Ezzedine Gannoun. Les JTC ont aussi produit ce spectacle pour faire l'ouverture, dit Syrine Gannoun, on a donc passé toute l'année à préparer cette grosse production et faire travailler des artistes venant de pays arabes et africains en les invitant au moins trois mois en Tunisie avant le spectacle. Gannoun avait choisi le Libanais Majdi Abou Mattar, ressortissant de la première promotion du centre, comme l'un des comédiens pour cette pièce. Majdi est devenu depuis un grand metteur en scène au Canada. Après le départ de Gannoun, j'ai demandé à Majdi à faire le spectacle avec moi. On a fait également appel à Souad Ben Slimane pour la dramaturgie». Co-mise en scène par Syrine Gannoun et Majdi Abou Mattar, ce spectacle compte 8 comédiens et c'est la première création de El Hamra après Gannoun et par ses enfants. «Le spectacle parle d'une actualité qui évolue donc tous les jours et on est tous bombardés par les images de ces réfugiés arabes et africains qui traversent la mer dans un espoir de la vie, ajoutera Syrine Gannoun. On parle de chiffres à la télé, mais qui sont ces gens-là ? Les connaît-on vraiment. On n'a qu'un portrait général de ces gens. On espère avec ce spectacle mettre la lumière sur ces gens, mais aussi sur l'Homme dans la traversée de ses contradictions».