«Pour former les futures stars de demain, il faut recruter les meilleurs. C'est une évidence». Président de l'Espoir Sportif d'Hammam-Sousse durant plus de trois ans, Hédi Lahouar est l'anticonformiste par excellence, et ce, par rapport à certaines traditions bien ancrées chez ceux qui veillent sur les destinées de notre sport-roi. Et pour cause, cet ex-membre fédéral s'est fortement appuyé sur le rajeunissement de l'effectif dès son intronisation en 2007. Certes, il a d'emblée enrôlé un technicien chevronné en la personne de Chiheb Ellili. Mais il lui a surtout apporté sa caution pour rajeunir sans se heurter à certaines forces d'inertie en faveur du statu quo, du recrutement en masse et le maintien de l'expérience au détriment de la jeunesse. Il nous parle de son expérience à la tête de l'ESHS : «Aux côtés du secrétaire général, Nouri Kantaoui, du trésorier général du club, Adel Reziga, et des autres membres de l'exécutif, nous avons mis en place une orientation audacieuse, sorte de pari sur la jeunesse qui s'est avéré payant. Certes, il fallait doser et ne pas se montrer quelques peu extrémiste dans nos choix. Mais quand des jeunes loups se rodent au contact de deux ou trois vieux briscards, ça donne un mélange intéressant. Voilà pour le côté senior où l'on a introduit par touche et par à-coups des jeunes de l'élite de différents clubs et pas seulement issus de notre vivier. Aussi, chez les catégories des jeunes de l'Espoir Sportif d'Hammam-Sousse, nous avons mis en œuvre une stratégie qui brasse large d'amont en aval, tout en préparant les minots à prendre la relève. Pour préparer ces garçons aux exigences de la formation de haut-niveau, dans des conditions optimales, nous avons enrôlé des formateurs qui ont axé leur travail sur la préformation sous différents angles. L'objectif était clair : favoriser la construction du triple projet : sportif, scolaire et éducatif. Il fallait bien entendu aménager tout cela en fonction des contraintes tels que les créneaux d'entraînement par semaine, l'agenda de la compétition, et la construction du jeune au travers le jeu et la vie d'équipe. Bref, il faut s'atteler à préparer le jeune aux exigences du jeu dans toutes ses dimensions, comme par exemple le sensibiliser aux caractéristiques de son poste, sans ménager la dimension humaine et comportementale». «Nous ne faisions pas dans les demi-mesures» «Pour revenir à l'équipe A, les aînés. Avant de renforcer, nous avons étudié la situation à tous les niveaux. Après un états des lieux et analyse, nous avons ciblé nos emplettes en faisant notre marché du côté des jeunes de l'élite qui ont par la suite été quelque peu ignorés en senior, et ce, en dépit de leur talent. Autour des cadres tels que Mohamed Zouabi, Bassem Ben Nasser, Msaddek Hasnaoui, Skander Majboura, Slim Ben Belgacem et Aymen Soltani, nous avons fait confiance à des jeunes prometteurs, tels que Hamza Lahmar, Ghazi Abderazak, Bilel Bachouche, les deux Clubistes Fakher Mansouri et Anis Karoui , Yassine Bouchaâla et Amine Aouichaoui, ainsi que l'Usémiste Abdelmajid Ben Belgacem. Résultat, l'ESHS s'est métamorphosé avec cette touche de vivacité et d'envie propre à une formation rajeunie mais talentueuse. D'ailleurs, plus de 75% de ces jeunes enrôlés ont fait partie des équipes nationales des jeunes. Ce sont donc des élites par excellence. Bien entendu, il fallait de temps à autre introduire un cadre, fut-il un vétéran pour calmer certaines ardeurs, apporter la maturité tactique et le métier. Ce fut fait par la suite sous d'autres mandats, dans la droite ligne de ce que nous avons tracé comme plan triennal. Avec le gardien Karim Laâmouri, Mohamed Dahman, Mohamed Ali Bennour, Mohamed Salah Derbali et Karim Frigui, nous avons donné de la marge et un nouveau souffle au groupe, sans oublier l'apport de l'ex-international Saber Ben Frej. Nous ne faisions pas dans la demi-mesure quand il s'agit d'apprécier les qualités individuelles. Quand un joueur est jeune, c'est autre chose, il dispose d'une session de rattrapage et d'une marge d'évolution. Quand il a atteint un âge avancé, l'on n'hésitait pas à le libérer. Ce fut le cas pour beaucoup de joueurs. Qu'ils soient Tunisiens, Algériens ou Ivoiriens. Le cas de l'ex-international marocain, Radhouan Jawhari, est assez édifiant. Ce milieu offensif n'a jamais été privilégié en raison de son statut. S'il était titulaire, c'est qu'il le méritait. Pourtant, il était précédé d'une réputation bien établie. Star du KAC de Kénitra et ex-joueur du Wydad de Casablanca, il a été élu meilleur joueur du championnat marocain de football pour l'année 2007. Mais, à l'ESHS, quand il était en deçà, il n'était que réserviste. C'est toute une mentalité et un devoir de traiter tout le monde sur un pied d'égalité».