Par Samira DAMI Faut-il toujours attendre de grands événements culturels telles les JCC (Journées cinématographiques de Carthage) ou les JTC (Journées théâtrales de Carthage) pour voir les maisons de la culture et les centres culturels des différentes régions ouvrir, enfin, leurs portes durant le week-end ? On dirait que oui. Car la mentalité de fonctionnaire sévit, de plus en plus, dans les structures culturelles publiques aussi bien dans la capitale que dans les régions. Les employés de ces espaces se comportent, désormais, comme s'ils travaillaient dans n'importe quelle administration, sans tenir compte de la spécificité de ces lieux de pratique et de diffusion de productions artistiques. Or, qui dit maison de la culture dit, justement, la mise à la portée de tous un grand nombre d'activités quotidiennes. Surtout les samedis et dimanches, quand le public, notamment spécifique des élèves et des étudiants, est disponible pour fréquenter ces espaces. Mais, visiblement, les employés de ces lieux culturels rechignent à travailler durant le week-end. Du jamais vu ! Rappelons que lors de la 27e édition des JCC, les centres culturels et les maisons de la culture de 16 régions du pays ont du 10 au 13 novembre, à la faveur d'une volonté de décentralisation culturelle, proposé tout un programme de projections de films européens, arabes et africains, dont certains ont été primés. Ainsi, pour exemple, le Tanit d'or de la catégorie long-métrage de la dernière édition des JCC, en l'occurrence le film documentaire tunisien «Zeïneb n'aime pas la neige», de Kaouther Ben Hania qui a été projeté à Bir El Hefay, le samedi 12 novembre, a drainé un grand nombre de spectateurs. Mais n'eût été cette action initiée, à l'occasion des JCC en partenariat avec le ministère des Affaires culturelles et la Ftcc (Fédération tunisienne des ciné-clubs), il aurait été quasi impossible de voir cet opus durant le week-end dans cette maison de la culture qui, à l'instar des autres espaces du genre, ferme ses portes en fin de semaine. Est-ce logique et acceptable ? A l'évidence non. Maintenant, et au moment où se déroule la 18e édition des JTC (du 18 au 26 novembre), 19 régions accueilleront, toujours dans une volonté de décentralisation, 30 pièces de théâtre d'Afrique, du monde arabe, d'Europe et autres, pour un total de 62 représentations tout au long de la semaine. Ainsi, les maisons de la culture et autres espaces culturels s'ouvriront au public et s'animeront tout au long de ce festival. Et, c'est ce qu'on aimerait voir non seulement à l'occasion d'événements ponctuels mais aussi durant tout le reste de la saison culturelle, loin de cette mentalité de fonctionnaire hibernante et figeante. Toutefois, il n'y a pas que les maisons de la culture qui ferment pendant les week-ends dans les régions, les bibliothèques aussi affichent portes closes. Ce qui est, pour le moins, étrange, aberrant et inacceptable. Cela d'autant que l'Etat brandit à tout bout de champ l'idée prônant «la culture comme un rempart contre le terrorisme et la radicalisation des jeunes». Or, afin d'être en phase avec toutes ces déclarations de bonnes intentions et slogans politiques, l'Etat, le ministère des Affaires culturelles et les autorités régionales devraient veiller à maintenir ouverts les temples de la culture en réaménageant et en élargissant les horaires d'ouverture. Cela afin d'insuffler une nouvelle dynamique, de réconcilier les jeunes avec ces espaces, de les sensibiliser à la pratique des arts et à l'importance de la création artistique et de la culture. Ainsi, la culture envisagée comme une arme de prévention contre la radicalisation et le terrorisme doit s'inscrire dans une politique et une stratégie culturelles, claires et efficaces, coordonnées et conséquentes.