La démission du premier arbitre est presque passée inaperçue. La deuxième a fait hocher les têtes, la troisième et celles qui ont suivi ont confirmé qu'il y avait un problème de fond et les réactions qui ont suivi n'ont pas été assez conséquentes... Lorsque l'International Board de la Fifa, avait décidé une «phase d'expérimentation de la vidéo» pour prévenir autant que possible les erreurs d'arbitrage, on n'a pas accordé à cette information beaucoup d'importance. Pourtant, cette décision marque en réalité le coup d'envoi d'un processus qu'il sera à peu près impossible d'arrêter. Notre propos ne concerne nullement cette question, mais, c'est tout simplement une façon d'introduire une réflexion sur l'arbitrage et ses problèmes qui ne constituent en rien une exception tunisienne. En tout état de cause, l'adoption un jour de la vidéo permettra au football tunisien l'économie d'une crise, parce que les arbitres auraient tout simplement moins de pression et ceux qui seraient tentés de les manipuler moins d'emprise... en redressant aussi bien les fautes volontaires qu'involontaires. En effet, que les arbitres commettent des fautes (c'est normal et humain), ou qu'ils soient la proie des manipulateurs de tout bord, ou qu'ils soient encore l'objet de l'ire des clubs, des dirigeants ou des responsables censés être là pour favoriser l'extériorisation de leurs capacités, en respect de toute éthique, cela n'a rien de surprenant. A n'importe quel niveau de responsabilités, toutes les parties prenantes savent que l'arbitre tiendra toujours en main les destinées d'une rencontre. Elles agiront de manière à lui rendre la tâche difficile, ne serait-ce que pour que la prestation d'un arbitre devienne l'alibi rêvé pour justifier un échec. La démission du premier arbitre est presque passée inaperçue. La deuxième a fait hocher les têtes, la troisième et celles qui ont suivi ont confirmé qu'il y avait un problème de fond et les réactions qui ont suivi n'ont pas été assez conséquentes, au point de se demander si l'on n'agissait pas pour précipiter le départ de ces «gêneurs» qui osaient se dresser face à l'ordre mis en place. Une démission suppose le recours à toutes les instances mises en place par le législateur pour prévenir les réactions extrêmes et maintenir l'ordre et la justice. Les bribes de déclarations recueillies ici ou là prouvent qu'il y a bel et bien malaise. Un malaise assez profond pour que les arbitres commencent à ruer dans les brancards. Assez sérieux, pour que des hommes décident de partir, abandonnant ce qu'ils ont mis bien des années à réaliser. La première question qui se pose est bien celle qui a trait à l'existence de ces instances de recours. Et comment veut-on qu'il y en ait, alors qu'apparemment c'est en désespoir de cause que les démissionnaires ont fini par craquer. Les voies de recours pour faire entendre leur voix sont-elles donc inexistantes ? Pourquoi ne les a-t-on pas activées pour éviter la contagion et peut-être se retrouver face à une situation ingérable ? A-t-on cherché à connaître les causes profondes de ces démissions ? Est-ce le début d'une fronde motivée par l'absence de confiance réciproque ? Cette défiance est-elle récente ou couvait-elle sous les cendres depuis assez longtemps ? Est-ce la conséquence de la réunification des pouvoirs entre des mains envers lesquelles on n'a plus confiance ? Lorsqu'un arbitre sent qu'il est la proie d'une campagne, qu'il est délaissé, qu'il ne sait plus à qui s'adresser pour faire entendre sa voix et demander justice, au point d'éprouver des regrets pour avoir choisi cette voie, consenti des sacrifices, franchi à grand-peine les épreuves et les obstacles pour atteindre des objectifs bien définis, il est parfaitement normal que le crash se produise. Dans n'importe quelle discipline, l'arbitre est là pour départager conformément aux règles du jeu deux adversaires. Il fait de son mieux pour éviter de commettre des fautes irréparables et qui pourraient influer sur le résultat de la rencontre. Des fautes, il en commettra toujours, mais qu'on le pousse dans le corridor de la tentation en faisant jouer tous les genres de pressions, cela finit par devenir grave car cela suppose l'existence d'une politique visant à tenir en laisse des éléments incontournables pour assurer la bonne marche d'une compétition. Il nous est difficile de croire que ceux qui tiennent en main les destinées d'un sport, quel qu'il soit, consentent à aller au-devant de cet affrontement, qui risque de s'aggraver et plonger par voie de conséquence une discipline dans l'inconnu. Dans ce problème, qui a tort et qui a raison ? Pourquoi est-on allé au-devant de cette alternative ? Quel rôle ont joué les responsables de ce secteur vital ? Quelle part ont-ils dans cette dégradation de la situation ? Pourquoi donne-t-on l'impression qu'il y a une absence manifeste de répondant en dépit de l'importance de cette question ? Cela fait beaucoup trop de questions, et les réponses pourraient dénouer le nœud gordien qui risque de conduire à l'impasse. Le temps presse. Il faut agir pour reprendre la situation en main, avant... la boule de neige, le désastre !