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La réforme scolaire : entre les intentions et les tensions !
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 11 - 2016


Par Oussama Bejaoui *
Aujourd'hui, se taire face à l'ampleur de ce gâchis, c'est se rendre complice, à son corps défendant, de cet état de fait; se taire, c'est hypothéquer les chances et compromettre l'avenir de toute une génération d'élèves désemparée et livrée à elle-même
Ces dernières années, et à la veille de chaque rentrée des classes, tout le monde se met à espérer une année scolaire porteuse d'espoir et riche en émotions, les parents se ruent dans les magasins et les grandes surfaces pour acheter, sans lésiner sur les moyens, les fournitures scolaires à leur progéniture, certains d'entre eux préfèrent ne pas s'acquitter de la fête du sacrifice pour pouvoir assurer à leurs enfants tout ce dont ils ont besoin pour leurs études. Le rapport que le Tunisien entretient avec l'école n'a pas beaucoup changé en dépit des pannes fréquentes dont souffre cet ascenseur social.
Force est de constater que cet air d'optimisme est de courte durée, et l'on a vite fait de déchanter, on se rend compte que les mêmes problèmes durent et perdurent et ne font qu'aggraver la situation. Résultat des courses, tout le monde ne sait plus sur quel pied danser ni à quel saint se vouer. Pourquoi en est-on arrivés là ? Qui en est responsable ? Y a-t-il encore des raisons d'espérer ?
Aujourd'hui, se taire face à l'ampleur de ce gâchis, c'est se rendre complice, à son corps défendant, de cet état de fait; se taire, c'est hypothéquer les chances et compromettre l'avenir de toute une génération d'élèves désemparée et livrée à elle-même.
Pourquoi en est-on arrivés là ?
«La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent», disait Albert Einstein.
Tout le monde s'accorde à dire que notre système éducatif est à bout de souffle et qu'il ne répond plus aux attentes de toutes les parties concernées : parents, élèves, monde du travail, société civile ...
Il est alors grand temps de se pencher sur « cet homme malade », et de lui administrer un traitement à même de le mettre sur pied. Cependant, si tout le monde est d'accord sur le constat, ce n'est malheureusement pas le cas pour ce qui est de la manière, car là où les avis divergent, c'est au niveau de l'ordre des priorités. Par où commencer ? Grande question que voilà.
Par où commencer ?
Face à l'immensité du chantier et à la pléthore des maux dont souffre le système éducatif tunisien, la question des priorités est de toute urgence. Après moult tergiversations, les responsables de la réforme du système éducatif ont choisi de commencer par l'évaluation sommative, et on a conçu à cet effet un nouveau système de contrôle continu quelques semaines avant la rentrée scolaire 2016/2017.
Deux questions se posent et s'imposent à ce propos : pourquoi commencer par l'évaluation sommative alors que les programmes, les méthodes d'enseignement, les approches pédagogiques, les manuels scolaires restent inchangés ? Pourquoi cet engouement pathologique pour l'évaluation sommative ? Pourquoi ne pas retenir la leçon de l'année dernière qui a vu le ministère adopter en l'espace de deux mois deux systèmes de contrôles foncièrement hétérogènes ? Pourquoi récidiver cette année en changeant de but en blanc de système de contrôle continu, sans prendre le temps de la réflexion et de la concertation, et ce pour éviter à tout le monde ce flottement et cette confusion qui sont devenus hélas une marque de fabrique ? Se peut-il qu'une circulaire qui est censée régenter et réglementer le contrôle continu soit publiée le 16 octobre ? A qui incombe la responsabilité et pourquoi nos élèves doivent-ils en payer les frais ? Une première cette année : enseignants et élèves ont passé presque tout un mois sans connaître la teneur ni les modalités du contrôle continu.
Les causes d'un tel gâchis
Il serait vain et fastidieux de revenir sur les causes chroniques connues de tout le monde, nous en retenons seulement celles qui sont venues aggraver une situation largement compromise.
L'improvisation et la précipitation en raison de l'absence d'une vision globale de la réforme qui fixe les finalités, les objectifs, les étapes à réaliser avec un échéancier qui pose les jalons et fixe des délais raisonnables et réalistes. Pour ne donner qu'un exemple, la circulaire du 11 octobre relative au calendrier du contrôle continu dans les collèges et lycées publics et privés stipule que les devoirs de synthèse débutent le 8 mai 2017 et se poursuivent jusqu'au 29 du mois. Cette décision impromptue d'avancer d'une semaine la date des examens par rapport à l'année précédente va inéluctablement entraîner l'arrêt effectif des cours pour un certain nombre de matières dont les examens se dérouleront au cours de la semaine du 8 mai. Tout le monde sait que la passation du devoir de synthèse est synonyme de fin de cours pour les élèves. Ne pas tenir compte de cette donnée dans la conception du calendrier du contrôle continu, c'est être totalement dans le déni. En conséquence, c'est tout le mois de mai qui est perdu pour les apprentissages.
Les grandes périodes de l'évaluation par semestre
Devoirs de synthèse Devoirs de contrôle
Du 15 décembre au 5 janvier Du 3 octobre au 10 décembre Premier semestre
Du 8 au 24 mai
pour les 4e années : du 10 au 17 mai du 6 février au 22 avril Second semestre
Les intérêts divergents et souvent inconciliables des différentes parties engagées dans la réforme scolaire qui souvent se télescopent et s'affrontent et dont l'école publique est souvent victime. Des classes surchargées en raison de la décision prise par le ministère de ne pas recruter du personnel enseignant cette année. Aujourd'hui, beaucoup de professeurs qui exercent au secondaire ont affaire en moyenne à des classes de 37 élèves. Et le système de contrôle continu conçu à la va-vite et inadapté à tous points de vue au contexte scolaire tunisien. De toute évidence, un système de contrôle continu est le garant de la qualité de l'enseignement / apprentissage dispensé dans les établissements scolaires et toute défaillance, de quelque nature qu'elle soit, est de nature à fausser la donne et de déstabiliser tout le système.
Pour toutes ces raisons, la réforme scolaire tant espérée et revendiquée a du mal à décoller, c'est le statu quo et l'attentisme qui prévalent. Des raisons d'espérer ? Il y en a assurément, et compte tenu des enjeux de cette réforme, nous n'avons pas le droit d'échouer ni d'abdiquer, rien n'est encore joué, la réforme n'a pas encore débuté, il est temps de s'y mettre pour de vrai. L'école ne peut pas tout, mais elle peut beaucoup pour peu que les uns et les autres soient humbles et reconnaissent leurs torts respectifs.
* Inspecteur principal de l'enseignement secondaire


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