Par M'hamed JAIBI La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) que préside l'homme d'affaires Tarek Chérif, a déclaré, vendredi, sa ferme opposition à la grève générale dans la fonction publique décrétée par l'Ugtt. Le rétablissement de la confiance Cette organisation patronale qui s'attache au pluralisme syndical estime qu'une telle grève nuirait au «rétablissement de la confiance» chez les investisseurs locaux et étrangers, et donc à la relance de l'économie, qui représente «l'unique remède aux déséquilibres budgétaires et financiers» du pays et la seule voie menant à la création de la richesse et des emplois. Ces objectifs sur lesquels s'entendent tous les Tunisiens sans exception. La Conect ne comprend pas comment, «au moment où la Tunisie s'apprête activement à organiser la Conférence internationale de l'investissement et mobilise toutes ses énergies pour la réussir», l'Ugtt entreprend des grèves sectorielles et régionales dans le secteur privé et appelle à la grève générale dans le secteur public. L'importance du «climat économique» Et la Conect de mettre en garde contre les effets négatifs d'une telle attitude sur «le climat économique à court et moyen termes», tout en appelant le gouvernement à s'assurer, pour sa part, du bon respect des législations en matière d'équité fiscale entre tous les contribuables, «qu'ils soient entreprises, salariés ou professions libérales». «Non à la grève générale, non à l'économie informelle, oui pour une prise de conscience citoyenne qui fera réussir la Conférence internationale et relancera l'économie nationale!», conclut l'appel de la Conect. Un sombre souvenir historique Il est vrai que la «grève générale» n'est pas une simple affaire, et qu'elle a laissé, dans la mémoire des Tunisiens, depuis 1978, un sombre souvenir historique. Car, sans prendre partie quant au conflit ayant opposé, à l'époque, l'Ugtt au gouvernement Hédi Nouira, il est utile de rappeler que la grève générale de 1978 a été suivie par une grave récession et une crise profonde. Même si cette grève-ci concerne uniquement le secteur public, elle représente une décision extrême signifiant la rupture de tout dialogue, et une initiative qui pénalise la production, frêne le dynamisme et assombrit le climat social du pays, au moment même où il est vital, au contraire, de donner de notre pays une image rassurante de labeur, d'entente et d'harmonie. Rééquilibrer le budget et les financements La Conect a raison de se soucier du «rétablissement de la confiance» chez les investisseurs locaux et étrangers, afin que l'économie puisse être effectivement relancée et soit en mesure de générer une prospérité qu'il s'agira de partager le plus équitablement. Et la Conect a raison d'appeler à remédier aux déséquilibres budgétaires et financiers du pays, comme préalable au rétablissement du rôle vital de l'Etat dans le développement, plus spécialement dans les régions, là où le chômage frappe le plus durement la jeunesse du pays. De même que la Conect a raison de rappeler que la seule voie menant à la création de la richesse et des emplois est celle de la relance des investissements et de la création des entreprises dans toutes les régions du pays. Ce sont des objectifs sur lesquels s'entendent tous les Tunisiens, et qui nécessitent que le réalisme et le patriotisme soient conjugués. Une dose de sacrifice patriotique Le réalisme, pour comprendre que sans un rétablissement minimum des finances de l'Etat, ce dernier ne pourra assumer son rôle dans la relance de l'économie et du pays. Le patriotisme, pour comprendre qu'une dose de sacrifice s'impose à tous les Tunisiens, et que la justice fiscale dont rêvent les citoyens et que promet le gouvernement exige une véritable réforme de fond qui devra combattre l'économie parallèle, la contrebande, la corruption, la fraude et l'évasion fiscales. Une réforme laborieuse qui exigera du temps, des moyens et de la solidarité entre toutes les catégories de Tunisiens : travailleurs salariés, commerçants, professions libérales, chefs d'entreprise, agriculteurs et prestataires de services. Et il est essentiel de ne pas perdre de vue la situation de crise profonde dans laquelle se débat le pays, avec plus de 60% d'économie parallèle ne payant ni droits de douane ni impôts et sapant la production locale et tout notre tissu productif. Une situation qui a conduit à l'effondrement de la croissance du PIB et des moyens financiers de l'Etat.