La Tunisie a enregistré cette année, pour la première fois depuis trois ans, une amélioration significative du volume d'eau stockée dans ses barrages, a annoncé ce lundi Houssine Rahili, expert en développement et en ressources hydriques. Lors d'une intervention sur les ondes de Jawhara FM, Rahili a indiqué que « le stock d'eau a atteint, au 2 mai 2025, environ 914 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 38,6 % – un niveau inédit depuis trois ans ». Il a précisé que cette quantité représente une hausse de 103 millions de mètres cubes par rapport à l'an dernier. Cette amélioration s'explique, selon lui, par des précipitations abondantes, qui ont dépassé de plus de 160 % les moyennes saisonnières dans certaines régions, notamment le Sahel, le Cap Bon et le sud-est du pays. Cependant, Rahili a tenu à nuancer cet optimisme. Les coupures d'eau fréquentes dans certaines localités ne seraient pas directement liées à un manque de ressources hydriques, mais plutôt à « des défaillances logistiques et structurelles durables, liées aux pannes du réseau et à un retard chronique dans la maintenance ». Il a noté que le ministère de l'Agriculture n'a, à ce jour, publié aucun communiqué annonçant la reconduction du système de quotas et de coupures cycliques en vigueur depuis mars 2023. L'expert a par ailleurs appelé à des investissements publics urgents et anticipés dans le secteur de l'eau potable, estimant que « la situation actuelle impose une refonte des politiques et programmes en matière de gestion des ressources hydriques ». S'agissant des projets de dessalement de l'eau de mer, Rahili a souligné la nécessité d'une planification rigoureuse et prudente : « Le coût du mètre cube produit dépasse les 3 dinars à Sfax. Ce type de solution, très coûteux, doit rester un dernier recours, surtout dans un pays confronté à un déséquilibre énergétique chronique. » Il a plaidé pour une meilleure valorisation des eaux usées traitées, un soutien renforcé à l'Office national de l'assainissement, ainsi qu'un effort accru dans la maintenance des infrastructures et l'adaptation des politiques publiques aux nouveaux enjeux climatiques.