«Le cauchemar de Bathyscaphe», le titre du dernier roman fictif de Khaoula Hosni, envoûte, intrigue, fascine et prend aux tripes le lecteur ordinaire assoiffé de conquêtes littéraires inédites. Ces mêmes lecteurs qui s'empressent actuellement de se procurer cette fiction, surtout lorsqu'ils découvrent qu'il s'agit du premier volet d'une trilogie romanesque. La première œuvre tunisienne dans le genre... Entretien avec sa jeune auteure, qui a déjà trois écrits à son actif : «Destin», sorti en 2012, «A ta place» (prix Zoubeïda B'chir) et «D.A.B.D.A.» (prix spécial du jury aux Comar d'Or de 2014). Des œuvres qui ont passionné de jeunes lecteurs et n'ont pas laissé de marbre un lectorat exigeant, étranger ou tunisien. Mais qui est «Bathyscaphe» ? Initialement, «Bathyscaphe» (contrairement à ce qu'on pourrait croire !) n'est pas du tout le nom d'une personne. «Bathyscaphe» est, en fait, le premier sous–marin, inventé dans les années 40, qui pouvait aller dans les profondeurs, et surtout résister à une immersion au fin fond des océans sans exploser. C'est, bien entendu, métaphorique : le roman ne se passe pas dans un sous–marin et n'entraîne pas non plus le lecteur dans un univers de science-fiction cru. «Bathyscaphe» réfère au personnage principal de l'œuvre, essentiellement. C'est une personne qui ne pense pas être suffisamment bâtie, solide psychologiquement, pour plonger assez dans les profondeurs... mais qu'elle l'est ...ou pas (sourire). C'est une personne qui va plonger au fin fond d'une grosse crise dans sa vie et on va voir au fur à mesure si elle pourra résister. Et, d'après la présentation, on a affaire à un personnage féminin... Eh oui ! J'aime beaucoup les personnages féminins. Ce n'est pas du féminisme... Mais, je suis une fille. Et j'adore donner vie à des femmes fortes. Je déteste le cliché de «la fille qui a besoin d'un prince charmant, ou d'un chevalier blond qui va la sauver, etc.». Je ne dis pas que cela ne va pas lui arriver : quelque part, il y a une romance, un peu difficile, compliquée, pas habituelle...mais j'aime bien le personnage féminin qui sauve le personnage masculin. Elle le sauve d'une manière ou d'une autre, psychologiquement, physiquement... L'héroïne trouve le moyen de le sortir du gouffre où il est entraîné. Ce qui nous renvoie à la trilogie qui va être bâtie sur trois personnages féminins. Justement, pouvez -vous nous en dire plus maintenant sur cette trilogie ? La trilogie est un chassé-croisé du destin de six personnages. Les deux personnages principaux du «Cauchemar de Bathyscaphe» vont devenir secondaires dans le deuxième volet, et ceux du 2e tome céderont la place à deux autres personnages dans la 3e partie. Les 6 personnages se succèdent... La trilogie tourne autour de leur vie à tous. Ils sont liés. Il faut voir comment ils vont avancer, évoluer, découvrir également s'ils vont surmonter les aléas de la vie... ou pas. Comment définissez-vous votre œuvre ? Ce n'est pas forcément du thriller fantastique. Comme c'est un peu le cas de mes écrits précédents. C'est difficile pour moi de caser ce que j'écris... mais ce qui est sûr, c'est que je fais dans le thriller psychologique. C'est bourré de suspense, soutenu par une intrigue. On plonge à fond dans la psychologie de tous les personnages. A la différence près, qu'avant, j'étais davantage dans le fantastique... Cette fois, j'y ai ajouté la science-fiction et la trilogie fusionne les deux ! Il ne s'agit pas de la science-fiction de robots, futuriste... C'est de la SF subtile, centrée sur la psychologie des personnages avec du suspense et des intrigues autour, à n'en plus finir... C'est un mélange qui, je l'espère, finira par capter. Est-ce la jeunesse que vous ciblez principalement ? (Rire) Je ne cible personne, croyez-moi... mais bizarrement, la jeunesse «s'est ciblée par moi»... Je suis ce qu'on appelle une «Stroyteller», ou raconteuse d'histoires. Le plus important pour moi est de raconter une histoire qui va plus parler au lecteur, à son cœur... ce n'est pas qu'elle ne va pas parler à sa tête, mais je ne suis pas dans «le livre d'idées» non plus : c'est-à-dire que je pense «comme telle, donc le lecteur doit penser pareil», non ! Je suis dans le fait de raconter une histoire en espérant toucher le côté humain du lecteur, c'est vrai, et espérer aussi que ça trouve «échos». Dans tout ce micmac de SF et d'intrigues, mon but, c'est que le lecteur puisse trouver, une part de lui – même, un ressenti, quelque chose extrait de son vécu. C'est très humain, très psychologique. J'aime bien pousser un personnage du haut d'un précipice et le voir s'en sortir ou pas. «Laisse-toi tomber et fabrique-toi des ailes en chemin»... Je ne sais plus qui a dit cela, mais j'adore cette citation. Le tout sous l'œil du lecteur, impatient de découvrir la fin. Qu'est-ce qui différencie «Le cauchemar de Bathyscaphe» de vos autres romans ? Principalement deux choses : d'abord, la touche de science-fiction qui est un univers «Space» pour moi. J'ai toujours évité la SF auparavant. Ce monde ne m'a jamais attiré... jusqu'à ce que je trouve l'angle qui m'a plu. Ce n'est pas de «la machinerie», ou de «l'industriel», c'est plus autre chose... c'est plus «génétique», en quelque sorte. Il faut lire pour le savoir. La 2e différence : c'est que c'est une trilogie. Et c'est le plus important. Je n'ai jamais fait de trilogie avant et je n'ai jamais envisagé d'en faire une. Lorsque je veux relater une histoire, je le fais, c'est tout. Après, c'est à moi de diviser l'histoire en parties. J'aurais pu l'écrire cette trilogie, d'un seul jet, et la faire sortir dans un gros volet de 800 pages. Je l'aurais construite différemment... Mais je n'ai pas trouvé cela intéressant et encore moins attrayant. Ce qui m'importe, c'est «comment je voudrais raconter l'histoire ?». L'aspect marketing ne compte pas du tout pour moi. C'est une trilogie, un souffle différent, je suis habituée au souffle long. Un roman, ce n'est pas un souffle court. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'écris pas de nouvelles. Planifier toute une trilogie, construire ses rebondissements, ses aléas, créer un monde était juste exquis et passionnant à souhait pour moi... Pour finir, je vois que vous avez opté pour un nouvel éditeur de renom... Ça se passe bien avec les maisons d'édition tunisiennes ? J'ai opté pour «Arabesques», oui. Mon ancien éditeur m'en a fait voir de toutes les couleurs. J'ai eu une très mauvaise expérience d'édition avant «Bathyscaphe», l'édition de D.A.B.D.A. était terrible, c'est ce qui se fait de pire, je crois... Donc, j'ai fait attention à l'édition de ce bouquin. J'ai participé énormément à la couverture. Jusqu'ici, franchement, tout va bien, j'y trouve mon compte. Il y a un respect pour l'auteur, il y a une prise en compte de mon opinion, de ce que je veux ou pas. Respect pour ce que j'écris, pour ce que je pense et ce que je veux pour mon «bébé», mon écrit... (sourire). On travaille ensemble, on collabore et pour Moncef Chebbi, c'est également la première fois pour lui de traiter une trilogie «fantastico». Propos recueillis