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Cap sur l'économie du savoir
Tunisie 2020
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 11 - 2016

C'est une exigence. La Tunisie doit favoriser les activités à forte valeur ajoutée qui, à la fois, accéléreront sa croissance économique et permettront de créer le plus d'emplois possible aux diplômés du supérieur
La Tunisie de demain sera dessinée par les jeunes d'aujourd'hui. Cette équation est loin d'échapper aux organisateurs de la Conférence internationale sur l'investissement qui ont insisté à dédier un workshop à l'éducation et l'économie du savoir. « Cela prouve une fois de plus tout l'intérêt que porte la Tunisie à l'éducation comme levier de croissance et de développement socioéconomique. On ne le dira jamais assez, la véritable richesse du pays c'est son capital humain et ses compétences qui lui ont permis de dépasser les diverses crises qu'il a rencontrées», souligne Amina Bouzguenda Zghal, doyen de l'université Paris-Dauphine de Tunis.
Faut-il rappeler que le pays a, depuis l'indépendance, misé sur l'enseignement en lui consacrant la part de lion de son PIB. Certes, on est loin d'être la Corée du Sud, le pays qui a fait de l'éducation et de l'économie du savoir sa principale locomotive de développement pour se positionner aujourd'hui confortablement comme l'un des pays les plus innovants et le plus créatifs du monde avec des géants comme Samsung ou LG qui font toujours parler de leurs produits high-tech et de leur exploit en termes de recherche. Mais, le choix qu'a fait le pays dans les années 50 lui a permis de se distinguer dans le monde arabe comme étant le pays ayant le gisement le plus important de compétences. C'est, également, l'un des rares pays à être entièrement bâti par ses propres compétences dont certains ont occupé et occupent des postes-clefs dans les plus grandes multinationales et les organisations mondiales.
De fortes ambitions
Toutefois, ces dernières années le moteur éducation s'est affaibli laissant apparaître certaines défaillances et est même devenu incapable de tourner au même rythme que l'économie. D'où un décalage important entre la formation académique et les besoins du marché du travail, ou plutôt de l'entreprise privée. «Aujourd'hui, le véritable challenge que doit relever la Tunisie est de placer le jeune Tunisien au cœur du système éducatif. Il est indispensable de transformer les jeunes Tunisiens en de véritables créateurs de richesses », explique Slim Khalbous, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cela nécessite, bien évidemment, plusieurs réformes à la fois. Car, contrairement à ce qu'on a tendance à croire, pour réussir cette transformation et faire du savoir et de l'innovation le fer de lance de l'économie tunisienne, on ne peut se contenter de réformer l'université. C'est tout le système, du primaire au supérieur passant par le secondaire, qui doit être revu et mis à jour. « Auparavant, l'éducation jouait le rôle d'ascenseur social, aujourd'hui elle doit se positionner comme ascenseur économique », insiste Slim Khalbous. En fait, dans les pays développés, c'est tout en étant à l'université, et même bien avant, qu'on se lance dans la vie active, qu'on développe son propre projet et qu'on crée sa propre entreprise. Aux Etats-Unis comme au Japon et en Allemagne, ce sont, en grande partie, les start-ups nées d'un projet de fin d'études qui créent le plus de richesses et d'emplois, qui se distinguent et qui innovent. L'école, dans le sens le plus large du terme, n'est plus un lieu de « réception de l'information », mais plutôt de partage, d'encadrement. « Libérer les énergies des étudiants n'est pas un choix aujourd'hui. L'université doit se transformer en un espace de création, de richesse, d'innovation...De nos jours, le rôle principal de l'université est de permettre aux jeunes de concrétiser leurs rêves et de vivre leur passion », explique Safwan Masri, vice-président Global Centers and Global Development Columbia University.
Et d'ajouter : « Pour réussir sa mission, l'université doit s'adapter non seulement aux nouveaux besoins économiques, mais aussi aux attentes des étudiants, que ce soit en contenu ou en forme. Les méthodes d'enseignement changent. A chaque génération la méthode la plus propice et la plus performante. Il faut donc faire preuve d'intelligence et s'adapter en permanence aux changements ».
Autrement dit, les universités publiques tunisiennes ont beaucoup de travail à faire (les universités privées ont depuis des années entamé leur mise à niveau pour s'adapter aux nouvelles exigences en offrant des processus de formation différents, parfois personnalisés). Car, malgré les fortes ambitions, les techniques d'apprentissage relèvent parfois du siècle passé.
Ce n'est pas un choix
La réforme de l'enseignement en Tunisie n'est pas un choix, mais une exigence dans la mesure où c'est l'unique voie à suivre pour pouvoir mettre en place un nouveau schéma de développement basé sur l'innovation, la recherche et le développement. « On ne peut s'inscrire dans une démarche d'innovation ni mettre le cap sur l'économie du savoir sans les compétences et le capital humain nécessaire. Il faut investir le plus possible dans la matière grise pour pouvoir instaurer une nouvelle économie », souligne Hichem Omezzine, Global Education Sector Co-Lead, Actis (Royaume-Uni).
En fait, pour pouvoir absorber le flux annuel des diplômés du supérieur (s'élevant en moyenne à 80.000 jeunes par an), la Tunisie doit s'orienter de plus en plus vers l'économie du savoir en favorisant et encourageant les activités innovantes et à forte valeur ajoutée, soit les activités qui peuvent créer le plus d'emplois aux diplômés du supérieur. Car, l'architecture actuelle de l'économie tunisienne ne permet pas de créer suffisamment d'emplois aux diplômés dans la mesure où le tissu économique tunisien est principalement (90%) composé de PME travaillant sous forme de sous-traitance pour le compte de donneurs d'ordre internationaux, principalement européens. Il s'agit donc de filières industrielles favorisant l'emploi de la main-d'œuvre plutôt que des diplômés. Le taux d'encadrement est, d'ailleurs, inférieur à 5%, contrairement aux activités innovantes où le taux d'encadrement peut facilement atteindre les 90 et même les 100%. D'une pierre deux coups, en investissant et en réformant l'enseignement, la Tunisie peut à la fois mettre en place un nouveau modèle de croissance permettant la création de plus de richesses et répondre, le mieux possible, à la problématique de l'emploi.
Mieux encore, selon Hichem Omezzine, la Tunisie a les moyens de devenir un pôle d'enseignement et une plateforme pour la formation des compétences dans les activités à haute valeur ajoutée. Cela permettait, ainsi, au pays de créer un réseau, au moins continental, de compétences, ce qui ne pourrait avoir que des retombées positives sur l'économie tunisienne. Les étudiants formés en Tunisie peuvent devenir l'ambassadeur de la Tunisie dans leurs pays d'accueil et, ainsi, faciliter l'accès des entreprises tunisiennes aux marchés africains et autres. Soyons pragmatiques, si aujourd'hui notre principal partenaire économique est la France, c'est certes grâce à la langue et à une longue histoire commune, mais c'est aussi parce que les principales compétences du pays, qui généralement deviennent les décideurs politiques et économiques, sont formés dans des écoles françaises. Investir dans l'éducation est donc trois fois bénéfique pour la Tunisie.


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