À quelques semaines des examens nationaux, les cours particuliers connaissent une envolée sans précédent. Pour les familles tunisiennes, déjà éprouvées par une crise économique persistante, le coût de ces cours devient tout simplement insoutenable, pouvant atteindre jusqu'à 1 000 dinars par élève, voire plus en période de révision intensive. Alors que les épreuves du baccalauréat, du brevet de l'enseignement de base et du concours d'entrée aux collèges pilotes approchent, les familles n'ont d'autre choix que de recourir à ces cours de soutien devenus quasi obligatoires. La complexité des programmes, les effectifs surchargés en classe et l'insuffisance du suivi pédagogique poussent de nombreux parents à multiplier les heures de soutien scolaire privé. Un coût qui dépasse désormais les capacités des familles Selon Lotfi Riahi, président de l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic), les dépenses pour les cours particuliers atteignent des niveaux alarmants. "Pour les élèves de terminale, les frais peuvent osciller entre 1 000 et 2 000 dinars pendant la période de révision. C'est une somme colossale pour la majorité des foyers tunisiens", a-t-il souligné, dans une déclaration accordée ce samedi 10 mai 2025 à Jawhara Fm. Ces tarifs s'expliquent par une forte demande, mais aussi par l'absence de régulation. Des cours sont souvent dispensés dans des locaux privés, en dehors de tout contrôle, parfois même par des enseignants exerçant parallèlement dans le public – une situation contraire à la législation en vigueur. De nombreux parents dénoncent, pour leur part, ce système parallèle qui "épuise moralement et financièrement", avec des matières devenues "inabordables sans soutien extérieur". Certains confient devoir renoncer à d'autres dépenses essentielles pour assurer la réussite scolaire de leurs enfants. Un système à bout de souffle Les critiques pointent du doigt un système éducatif de plus en plus inégalitaire, où la réussite dépend désormais de la capacité à payer. Pour de nombreux observateurs, il est urgent de lancer une réforme profonde de l'éducation nationale, afin de garantir l'égalité des chances et de restaurer la confiance dans l'enseignement public. L'appel est également lancé pour une application stricte de l'interdiction des cours particuliers hors cadre légal, et la création de structures de soutien scolaire publiques et encadrées, accessibles à toutes les familles.