Les cours particuliers sont, généralement, pour les élèves du baccalauréat qui rencontrent des difficultés dans une ou plusieurs matières, ou bien en retard dans leurs révisions. Ils permettent aussi d'aider ceux qui n'arrivent pas à avoir les résultats escomptés en raison d'une mauvaise organisation du travail. Ces cours de soutien ont commencé à être considérés comme étant indispensables pour l'élève. Les élèves se trouvent dans l'obligation de recourir au soutien scolaire pour y pallier et sont généralement encouragés par leurs parents qui aiment croire en l'efficacité de cette méthode et feront tout pour assurer l'avenir de leurs enfants. A la veille du bac, le ministère de l'Education a autorisé les lycées à organiser des cours de soutien, de rattrapage et des cours particuliers pour les candidats. La note que le directeur général de l'enseignement de base et de l'enseignement secondaire au ministère de l'Education, Hatem Amara a adressée, aux commissaires régionaux de l'éducation, met l'accent sur la nécessité de respecter le protocole sanitaire relatif à l'organisation de ces cours. Ces séances doivent être dispensées en dehors des heures de classe et ne doivent pas être exploités pour terminer le programme scolaire officiel, selon la même source. A quel prix ? Les élèves éprouvent des difficultés importantes lors de leurs parcours de lycéens, surtout pour certaines matières. Pour pallier à cela, plusieurs d'entre eux ont recours aux cours particuliers. Mais à quels prix ? Ces cours représentent donc une solution intéressante et efficace, à condition d'en avoir les moyens et de le faire sérieusement. Les élèves y recourent, pour la plupart, pour mieux assimiler les cours, compenser le manque de travail chez soi ou apprendre la méthodologie de travail. Certains élèves ont recours au soutien scolaire pour plusieurs matières (jusqu'à 5), mais la plus grande partie d'entre eux le font seulement pour 2 matières principales. De manière générale, les prix fluctuent entre 100 et 200 dinars voire même 300 dinars. Ce fructueux business perdure. Selon l'Organisation tunisienne d'orientation du consommateur (Otoc), son chiffre d'affaires annuel avoisine le milliard de dinars. Si les prix de ces cours ne sont pas excessifs dans les établissements publics, ils sont inabordables chez les privés. Certains enseignants refusent de donner des cours sous la supervision directe du ministère parce que les horaires ne conviennent pas et les tarifs pratiqués encore moins. Les parents, s'investissent et veulent un service à la carte qui répond à leurs emplois du temps et à leurs nombreux engagements. Pourquoi cet engouement ? Ridha Zahrouni, président de l'ATUPE (Association tunisienne des parents d'élèves) estime que « l'école n'est plus aujourd'hui en mesure d'apporter aux élèves le niveau de compétences requis. Cela explique, en partie, l'engouement des familles pour les cours particuliers et le soutien scolaire. De ce fait l'enseignement privé non-réglementé est devenu réalité, et l'enseignement public gratuit, avec les exigences de qualité et d'égalité, est devenu un rêve. Et si l'on suppose que seulement 20 % de nos familles se permettent «le luxe» de financer ces cours particuliers alors qu'elles participent par le biais des impôts au financement de l'école publique. Donc les parents concernés financent deux fois l'éducation de leurs enfants alors que l'Etat est tenu de garantir ce service public gratuitement. Il est vrai que le ministre de l'Education n'a cessé de déclarer la guerre aux cours particuliers et manifeste son intention de mieux les encadrer. Pour remédier définitivement à cette situation, il nous faudrait préalablement diagnostiquer ses causes. A qui la faute ? Ce ne sont en fait ni les parents ni les enseignants qui sont à l'origine de la prolifération du commerce des cours particuliers chez nous. C'est une résultante de l'incapacité de l'Etat à sauver l'école publique devenue, depuis plus de deux décennies, inapte à fournir un enseignement de qualité qui doit permettre à un élève d'une intelligence ordinaire, d'acquérir l'essentiel de ses besoins en connaissances pendant les heures de cours en classe. Les parents se sentent alors obligés de chercher un soutien supplémentaire, bien évidemment par le biais de cours particuliers, pour combler les carences et garantir à leurs enfants le maximum de chance pour progresser correctement dans leur cursus scolaire. Il faut admettre que les cours particuliers sont devenus un élément essentiel de notre système éducatif, mais insuffisant en tant que tel pour garantir la réussite de nos enfants. Notre système éducatif avec toutes ses composantes vit aujourd'hui une situation critique et nécessite d'être sauvé par le biais d'une intervention immédiate et d'ampleur et par des acteurs professionnels et responsables. Tous les spécialistes. La solution radicale et définitive pour combattre les cours particuliers, n'est pas de leur déclarer la guerre, mais de réformer notre politique en matière d'éducation et notre école pour qu'elle respecte les normes de qualité reconnues partout dans le monde et pour qu'elle devienne égalitaire, équitable, solidaire, et réellement gratuite, quand on parle de l'enseignement public ».