C'est sous l'égide de l'Art Rue, l'association qui œuvre pour une démocratisation progressive de l'art et de la culture locale, que Zied Zouari et ses deux amis, encore méconnus du public, risquent fort de percer, bien plus rapidement qu'on pourrait le croire... Par une nuit automnale, «Dar Bach Hamba» a accueilli un trio de musiciens, suivi d'une foule de passionnés curieux qui se sont rués sur l'endroit dans l'unique but de s'enivrer de sonorités nouvelles, notamment, de ce qu'on pourrait appeler couramment «l'ElectroBtaihi». Un souffle frais qui s'ajoute au patrimoine musical tunisien, finement revisité et modernisé par le trio Zied Zouari, Ghassen Fendri à la guitare et Imed Twinlo, «Beatbox». Une évasion sonore d'une heure, amplement garantie, qui a adouci les sens des férus de musique, présents sur place. Mais qu'est-ce que l'ElectroBtaihi ? C'est un rythme qui fusionne musique traditionnelle, bédouine, le Malouf avec le répertoire urbain. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette musique, totalement méconnue, est porteuse de traditions, d'authenticité. Zied Zouari déclare : «On ne peut que reconnaître ou sentir cette "tunisianité" dans les divers morceaux musicaux qu'on a concoctés pour nos auditeurs. Grâce au Btaihi, on peut sentir la tunisianité des thèmes». Du haut de ses 34 ans, Zied Zouari et ses amis évoquent la Tunisie, chantent ses louanges à leur manière, tout en y ajoutant une petite touche d'Electro, mélangée avec de la «Beatbox», un violon et une guitare électrique, pour un résultat à la hauteur des attentes des spectateurs, venus nombreux les applaudir. Zied Zouari baigne dans le milieu musical depuis son plus jeune âge et voue un engouement débordant pour des genres musicaux variés, principalement la musique traditionnelle et arabe, qui constituent la base de son «background» musical, avant de s'être laissé entraîner par le jazz, une fois installé en France, afin de poursuivre son cursus universitaire... Jusqu'aux rencontres enrichissantes qu'il a écumées, particulièrement celle d'Imed Alibi, percussionniste confirmé de la scène musicale tunisienne, avec qui il a travaillé sur le projet «Safar». Son répertoire ancestral a été aussitôt imprégné de nouvelles sonorités, fruits également de diverses collaborations et de rencontres fatidiques. Ces ingrédients nécessaires l'ont propulsé doucement, mais sûrement sur la scène actuelle et l'ont poussé à forger le projet «Zied Zouari», qui a commencé à germer, il y a un an. Ce dernier ne cache pas son enthousiasme à l'idée de remédier, rien qu'un peu, à la scène musicale tunisienne qui laisse à désirer. Cette scène-là doit rattraper un retard considérable et s'inscrire dans la mouvance internationale actuelle. Zouari affirme : «De nos jours, on est tiraillé entre deux camps : d'une part, les conservateurs, traditionnels, issus de la "vieille école", que je côtoie toujours en tant que professeur à l'Institut supérieur de musique de Tunis, et qui font partie intégrante de mon quotidien. D'autre part, on assiste à l'émergence de la scène "underground", hélas, totalement marginalisée, voire peu exploitée par le système». Ces gens font du rap, du hip-hop, du dusbstep, du jazz et aspirent à une renaissance qu'ils peinent à provoquer. Une remise en question de ce schisme urge face à l'engouement d'une jeunesse, imprégnée de tunisianité, dotée d'un fort sentiment d'appartenance mais, parallèlement, pressée d'exploiter ces nouveaux horizons musicaux. Deux ans auparavant, depuis son retour à Tunis, l'Art Rue a été fortement recommandé et présenté à Zouari, en tant que résidence artistique propice à la création et dotée d'un cadre attrayant. Tout ce qu'il faut pour faire d'une résidence un grand projet et de ce concert, la restitution de ses travaux, sans oublier les initiatives de longue haleine, prévues par l'association. Le show ne fait que commencer...