Certains préceptes inculqués ont été patinés par des mois d'incohérence et de crise de confiance. Il fut un temps où le Club Africain gagnait grâce à son collectif et à ses individualités, mais également grâce à son efficacité lors des phases des coups de pied arrêtés. Cette saison, et lors de l'exercice précédent, le CA montre deux visages sur les coups de pied arrêtés: le premier, solide, sur les phases défensives, et l'autre, décevant, en phase offensive. Les buts clubistes sur balles arrêtées ont été plutôt rares. Seul Abdelkader Oueslati a réussi l'exercice. Sauf que globalement, le ratio est bien en deçà du standard d'une équipe supposée à l'aise sur ces phases de jeu. L'on note aussi que sur les coups francs directs, le CA n'a pas non plus un tireur très régulier, capable de marquer à chaque match. Srarfi, Oueslati, Ben Yahia, les candidats sont là. Mais encore faut-il cadrer sa frappe ! Autre variante, les coups francs indirects cette fois. Là, on note que les automatismes ne sont pas encore tout à fait en place. Les attaquants doivent notamment disposer d'un bon sens du placement autant que les défenseurs qui montent au charbon au moment de l'exécution; précisément Bilel Ifa dont les rushs rageurs d'antan se font rares en ce moment. Bref, le salut du CA cette saison ne vient certainement pas des coups de pied arrêtés, jusque-là. Outre l'exigence de victoire, Chiheb Ellili attend de son équipe qu'elle franchisse deux étapes: avancer dans la séduction et se forger un mental de gagnant. En marche ! Les supporters, quant à eux, veulent voir de leurs yeux la révolution en marche ! Car en quelques semaines, le staff technique récemment intronisé n'a pas pu inculquer certains préceptes de groupe, patinés par presque douze mois d'incohérence et de crise de confiance. Il y a beaucoup de choses à intégrer et à assimiler au CA: rigueur tactique, implication, solidarité et bravoure ne sont pas toujours au rendez-vous. Cela dit, le CA ne repart pas de zéro, loin de là. Certes, et c'est peu de le dire. Le CA arrivait sans réelles certitudes en tout début de saison. Miné par un exercice passé (peu commun) où il a tantôt flirté avec le purgatoire avant de se reprendre, le CA s'est ensuite fait corriger par l'EST en finale de la Coupe de Tunisie. Même par la suite, il n'avait pas l'allure qu'on lui souhaitait, perdant de nombreux joueurs cadres partis grossir les troupes de clubs concurrents. Lors du mercato estival, les joueurs souhaités ne sont pas arrivés à bon port et le staff technique a dû faire avec les moyens du bord. Avec un onze allégé, le CA est tout de même dans les temps depuis. Il n'a pas quitté le haut du tableau et n'a perdu qu'à une seule reprise face à la Stayda à Radès même. Maintenant, battre Bembla et Msaken en Coupe ne relève pas de l'exploit. Les fans veulent tout d'abord se reconnaître dans ces acteurs qui incarnent le CA sur le terrain. Sorte de crise de la représentation qui place de facto les joueurs devant leurs responsabilités. Le CA reste un club extrêmement populaire. Mais il y a toujours ce côté nostalgique. L'exécutif en place doit forcément s'atteler à la transmission de cet héritage, à la formation de nouvelles générations. Il faut de toute évidence travailler sur deux axes : remettre le club dans son environnement et prendre en compte son histoire pour en faire un levier de développement. Avec de l'ambition et de l'implication, ça peut vite repartir! Les supporters, quant à eux, ont de bonnes raisons d'espérer.