Montants, visibilité et création même, nous avons beaucoup à faire pour financer les joueurs du haut niveau. Une marque connue de produits d'hygiène, qui sponsorise des athlètes tunisiens, notamment Malek Jaziri, Mouna Chebbah, Azza Besbès, Aziz Dougaz et Chiraz Bechri, organise ce soir une fête en l'honneur des joueurs sponsorisés dans un hôtel de la banlieue nord. Ce qui nous concerne ici, c'est le «sponsoring» des joueurs de tennis. Cette marque-sponsor appartient à Aziz Zouhir, ancien joueur international de tennis et qui s'intéresse de près aux affaires du tennis tunisien. Le fait qu'il sponsorise des joueurs comme Malek Jaziri par exemple est expliqué non seulement par une logique marketing (association de l'image de marque de ses produits à celle de Jaziri, un champion performant), mais aussi par une logique sportive d'où son intérêt et son «affection» pour le tennis et pour les joueurs de tennis. Les efforts qu'il fait en contrepartie de visibilité bien sûr sont importants. Le fait qu'il se met à l'appui de joueurs de talent et de champions du futur comme Aziz Dougaz et Chiraz Bechri est déjà significatif. Est-ce que c'est suffisant? On peut mieux faire. En termes de montants et de budgets alloués, ces joueurs ont besoin de plus. On sait que la carrière d'un joueur de tennis revient cher entre frais d'entraîneur et de staff, charges d'hébergement et surtout de déplacement pour jouer les tournois, sans oublier les coûts du matériel sportif à ce stade du haut niveau. Pour arriver au top niveau, pour jouer les grands tournois et bien sûr pour gagner de l'argent en tant que joueur professionnel, il faut investir beaucoup de fonds. Et le sponsoring constitue aujourd'hui, dans le tennis, un outil incontournable pour améliorer les finances des joueurs. Ce n'est donc pas de la charité (bien que dans certains cas, un athlète supplie les sponsors pour de petits montants), c'est un contrat et un partenariat gagnant-gagnant entre le joueur et le sponsor. Dans le cas du tennis tunisien, cette expérience du sponsoring n'est pas encore au stade de développement ou de maturité. C'est un concept encore peu développé par rapport aux opportunités qui existent. Les champions et les joueurs, ça existe en nombre relativement intéressant par rapport à d'autres sports. Pourquoi alors n'est-on pas sur la bonne dynamique ? Normes et visibilité Le sponsoring du sport n'est pas une simple opération technique qui obéit à des normes, mais c'est une relation durable, une sorte de partenariat et non une action ponctuelle. Un sponsor et un club ou athlète sponsorisé, c'est la relation classique que l'on connaît. Entre les deux, des intermédiaires, agents et sociétés de communication pour, théoriquement, aider et faciliter la transaction. Seulement, et dans le cas du tennis tunisien, les normes ne sont pas toujours respectées. Pour obtenir un sponsor, il faut être proche ou ami même du sponsor. Ceux qui ramènent des sponsors sont-ils de vrais spécialistes? Non. Cette assistance et adéquation entre les besoins de l'athlète et l'offre du sponsor est un vrai cauchemar. A ce problème de normes et de spécialisation, s'ajoute un autre type de problème : il n'y a pas autant de visibilité que l'on offre au sponsor. Dans un sport comme le tennis qui se joue non-stop avec des joueurs dans le monde entier comme Malek Jaziri, être suivi est quelque chose de certain. Sauf que les médias et les supports classiques de cette visibilité ne font plus l'affaire. Comment peut-on motiver un sponsor pour associer son image à un athlète ou à une fédération ou à un club pour un sport qui ne passe pas à la télévision ou à la radio et qui reste peu suivi par la presse écrite. Où sont les événements de tennis comme les grands tournois qui impliquent des médias (télés, radios, Internet, journaux...) et qui intéressent donc le grand public (via l'affichage par exemple)? Avec le Tunis Open qui n'est plus organisé, seul le Nana Trophy résiste avec une petite dotation. Des joueurs comme Dougaz, Bechri, Mansouri, Chergui, Ghorbel et les autres méritent des sponsors, même avec des montants peu élevés. Pour Malek Jaziri et Ons Jabeur, ce sont deux joueurs confirmés qui, eu égard à leur popularité, auraient pu drainer beaucoup plus de sponsors.