Le président de la République, Kaïs Saïed, a critiqué, lors d'une visite inopinée dans les gouvernorats de Monastir et de Nabeul, l'absence d'action de l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (APAL) face aux crimes écologiques commis sur les plages, et ce, malgré la disponibilité des fonds nécessaires. Il a suggéré qu'il serait plus judicieux de dissoudre cette agence et de transférer ses prérogatives aux autorités régionales compétentes. Selon une vidéo publiée jeudi sur la page officielle de la présidence de la République, le chef de l'Etat a estimé qu'il vaudrait mieux confier la protection du littoral à des structures administratives plus efficaces, en l'absence de résultats concrets de la part du ministère de l'Environnement et de ses agences. Il a déploré que les plages tunisiennes, jadis parmi les plus réputées au monde, soient aujourd'hui confrontées à de graves problèmes environnementaux, « à l'exception de celles protégées par certains lobbies », a-t-il précisé. Le président a insisté sur la nécessité de mettre en place des sanctions fermes contre les auteurs de crimes écologiques, notant que des usines rejettent leurs déchets directement dans la mer dans plusieurs gouvernorats, provoquant la dégradation des plages et l'échouage massif de poissons. Il a également pointé du doigt l'Office national de l'assainissement (ONAS), qu'il accuse de rejeter dans la mer des eaux usées non traitées, entraînant pollution, accumulation de déchets et propagation d'odeurs nauséabondes, malgré les financements alloués à ses activités. Des citoyens présents lors de ces visites ont demandé que tous les acteurs de cette pollution, notamment l'ONAS, soient tenus pour responsables de la dégradation du golfe de Monastir et de la qualité de l'air. Certains ont souligné la hausse des cas de cancer dans la région, qu'ils lient directement à la pollution. D'autres ont rapporté que les usines et stations d'épuration de Lamta et Frina rejettent chaque jour quelque 40 000 mètres cubes d'eau polluée dans la mer, ce qui a paralysé l'activité de pêche et aggravé la situation socio-économique des pêcheurs. Kaïs Saïed a affirmé que « les lois sont plus fortes que les lobbies » et que l'Etat s'engage à répondre aux revendications du peuple et à assainir le pays de ceux qui cherchent à lui nuire. À noter que le chef de l'Etat s'est rendu, mercredi à minuit, dans le gouvernorat de Monastir pour constater la situation environnementale critique du golfe. Il a visité la plage de Ksibet El Mediouni, récemment touchée par une catastrophe écologique, puis la station d'épuration de Sayada-Lamta-Bouhjar à Lamta, ainsi que la région de Sayada. Dans le gouvernorat de Nabeul, il a observé la dégradation environnementale à El Amoud el Mrigueb, dans les délégations de Menzel Temime et Aïn Grenz. Enfin, jeudi, lors d'une rencontre avec le ministre de l'Environnement, Habib Abid, Kaïs Saïed a ordonné de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la dégradation continue de l'environnement et protéger le littoral dans toutes les régions du pays, dans l'attente d'une nouvelle stratégie visant à mettre un terme au gaspillage des ressources publiques et à toutes les formes de pollution.