Par Abdelhamid Gmati «L'exception tunisienne » qui a valu au pays un prix Nobel de la paix et a été saluée dans le monde ne plaît pas à un certain nombre de parties, ici et ailleurs. Dame ! Comment accepter qu'un petit pays, d'où est partie une révolution qui s'est propagée dans d'autres pays arabes, chassant des dictatures, réussisse sa transition démocratique sans sombrer dans une guerre civile ? Ceux qui ont fomenté et organisé ces guerres civiles en Irak, en Syrie, au Yémen, en Libye ne peuvent accepter ce « mauvais exemple ». Si plusieurs dirigeants de pays « frères et amis » ont officiellement félicité notre pays pour cette « réussite », les médias « officiels » de ces mêmes pays se sont « occupés » particulièrement de ce qui se passe ici. Bien entendu, en s'attachant aux difficultés, à tout ce qui cloche. C'est le cas, particulièrement, de deux chaînes de télé, l'une française, l'autre du Golfe, spécialisées dans l'information continue, qui ne ratent aucune occasion pour monter en flèche le moindre événement aussi anodin soit-il. Un passionné de télé qui suit régulièrement ces deux chaînes affirme que « si un rat est écrasé sur l'avenue Bourguiba, ces deux chaînes en feront un événement mondial, dû à la « gabegie et à l'insécurité » qui règnent en Tunisie. La chaîne du Golfe, soucieuse de nuire, n'a rien trouvé mieux que de propager des mensonges sur les recherches de notre Institut Pasteur. Et voilà que certains médias se lancent dans une campagne de désinformation et de dénonciation « ridicule ». La Tunisie est devenue le « vivier du terrorisme mondial ». Rien que ça. Or le prétexte saisi est cet attentat commis par un jeune Tunisien à Berlin Et on rappelle, pour mieux argumenter, l'attentat similaire à Nice. L'argument est mince et procède de la désinformation. L'auteur de l'attentat de Berlin a quitté la Tunisie en 2011 clandestinement à la recherche d'une « herbe plus verte » comme le font des milliers d'émigrants de plusieurs pays et n'a été « radicalisé » que dans les prisons italiennes. Et l'auteur de l'attentat de Nice vivait en France depuis 11 ans avec femme et enfants, et a été « radicalisé » par les réseaux sociaux. Aucun lien avec la Tunisie, dans un cas comme dans l'autre. Certains observateurs expliquent cette campagne, bien orchestrée, pour détourner l'attention de l'assassinat par les services secrets israéliens du Tunisien Mohamed Zouari. De plus, faut-il rappeler à ces médias « bien intentionnés » que s'il n'y avait pas eu l'invasion de l'Irak par les forces américaines, la guerre fomentée par l'Occident contre la Syrie et la destruction de l'Etat en Libye par les forces de l'Otan conduites par la France, ces trois zones de conflit n'auraient pas existé et attiré des dizaines de milliers de « djihadistes », terme utilisé à tort pour qualifier ces terroristes venus de plus de 80 pays, dont des ressortissants de la plupart des pays occidentaux ? Oublient-ils que les Français figurent en bonne place parmi ces « djihadistes-terroristes », tout comme les Allemands, les Belges, les Anglais et les Américains ? Le site canadien « Global Research » a publié, dans son édition du 24 décembre 2016, un article dans lequel il dresse une liste nominative de sept pays désignés comme ayant soutenu le mouvement terroriste Daech. La Tunisie n'y figure pas. Cela dit, la Tunisie est la première victime de ce terrorisme auquel elle livre une guerre sans merci. Des centaines de cellules dormantes sont démantelées et des centaines de terroristes arrêtés, plusieurs d'entre eux éliminés. Un terrorisme qui a fait et fait encore des victimes parmi la population civile, les militaires, les forces de l'ordre et même les hôtes étrangers. Régulièrement, des bergers, des soldats, des femmes et des enfants sont tués ou blessés par des mines posées dans les montagnes par ces terroristes. Il est vrai, aussi, que des milliers de ces terroristes, partis faire le « jihad », en Syrie, en Irak, en Libye, sont tunisiens. Un rapport publié récemment par l'Institut américain spécialisé dans le renseignement Soufan Group a révélé que les Tunisiens constituent le plus gros contingent de l'organisation terroriste l'Etat Islamique (Daech), avec plus de 6.000 éléments. Une autre étude publiée en juillet 2015 par l'Organisation des Nations unies (ONU) a fait ressortir que le phénomène du départ des terroristes vers les zones de conflits a pris des proportions inquiétantes depuis la révolution qui a balayé le régime de Ben Ali. En effet, l'ONU a dénombré 4.000 terroristes tunisiens en Syrie, entre 1.000 et 1.500 en Libye, 200 en Irak, 60 au Mali et 50 au Yémen. Le nombre des Tunisiens qui ont rejoint les zones de combat en Syrie, en Irak et en Libye aurait pu être beaucoup plus élevé si les autorités tunisiennes n'avaient pas empêché quelque 13.000 Tunisiens de partir grossir les rangs des terroristes à l'étranger, selon les statistiques du ministère de l'Intérieur. Cela est dû à la présence des islamistes, frères musulmans, choyés et encouragés par des pays occidentaux. Et c'est sous le règne de la Troïka, en particulier Ennahdha, que le terrorisme est apparu avec des assassinats politiques, des attaques terroristes. Ils ont attisé les tensions entre Tunisiens, jouant sur les antagonismes et les classant en ennemis et partisans de la révolution, en mécréant et en pieux ou en hommes et en femmes. La Tunisie en est victime et combat ce fléau. Actuellement, elle est préoccupée par l'éventuel retour de ces terroristes chassés des zones de combat. Elle a, maintes fois, sollicité l'aide et le soutien de plusieurs pays occidentaux et autres pour annihiler le terrorisme qui est, d'ailleurs, devenu mondial. La Tunisie n'est ni un « vivier », ni « exportateur » du terrorisme. Elle en est victime et martyrisée par toutes ces attaques de désinformation et de mensonges.