Le feu d'artifice en Catalogne doit-il nourrir de véritables espoirs au registre offensif? Il faut plutôt relativiser. Restée sur un petit but en 180 minutes de jeu dans ses deux dernières sorties du mois de novembre, respectivement face à la Libye (1-0) à Alger aux éliminatoires de la Coupe du monde, et devant la Mauritanie à Gabès (0-0) en amical, l'équipe de Tunisie retrouve d'un seul trait toute son efficacité en inscrivant trois buts, avant-hier, devant la sélection de Catalogne. Youssef Msakni, «Ennems», incarne cette résurrection, puisqu'il a réussi un superbe hat-trick dans un test où il a laissé éclater toutes ses qualités. Chapeau bas, donc, à un artiste retrouvé qui se rappelle au bon souvenir du public sportif, lequel l'aura d'une certaine façon perdu de vue depuis son exil doré au Qatar au sein du club de Lekhwya. Renaissance offensive, soit, mais il faut relativiser. Le contexte était en effet tout ce qu'il y a de plus amical dans la contagieuse ferveur et la gaie insouciance des fêtes de fin d'année. La preuve : les deux équipes s'en sont données à cœur joie, se livrant à découvert et sans la moindre précaution offensive, ou presque. Il serait donc incongru d'accorder au bilan offensif des «Aigles de Carthage» davantage que ce qu'il peut supporter malgré les belles choses montrées par Msakni, donc, Sliti (relevé par Beguir) et Khenissi, remplacé à la pause par Khelifa dans un cadre, faut-il le souligner, dénué de toute pression. Le seul enjeu consiste en effet dans un trophée symbolique, finalement revenu aux nôtres grâce, en premier lieu, au brio du gardien Rami Jeridi, entré après la pause à la place du titulaire du poste, Aymen Mathlouthi, et qui a arrêté les deux penalties catalans tirés par Verdu et Alvarez. Le 3-5-2 alterne le bon et le moins bon Pourtant, dans cette mini-tournée ibérique, l'attaque se révèle être le compartiment le plus affecté par les absences. Wahbi Khazri et Ahmed Akaïchi, retenus par leurs clubs Sunderland (Angleterre) et Ittihad Jeddah (Arabie Saoudite) pour les besoins du marathon de fin d'année, manquent à l'appel. En attendant de pouvoir rejoindre l'effectif d'Henry Kasperczak à partir du 2 janvier pour participer aux deux derniers tests, le 4 janvier contre l'Ouganda à El Menzah, et le 8 janvier devant l'Egypte au Stade international du Caire. Mais ce n'est sans doute pas une question de noms quand on se rappelle l'indigence offensive alarmante constatée le 15 novembre dernier face au... 119e mondial. Ce jour-là, la Tunisie pouvait compter devant sur Hamdi Harbaoui, relayé à la 68e par Yoann Touzghar, Wahbi Khazri et Naïm Sliti, remplacé à la 70e par Saâd Beguir. Il n'en reste pas moins que la même formule, si chère à Kasperczak, a donné une copie laborieuse face aux Mourabitounes, lorsque les nôtres ne réussirent pas un seul but, avant de se révéler généreuse et efficace point de vue offensif, mercredi soir au stade Montilivi, de Girona. Le 3-5-2, qui peut se transformer en 5-3-2 en phase défensive, a encore des progrès à faire quand on dresse le bilan défensif de la sortie en terre catalane. Les fautes de placement (sur le but égalisateur 3-3 œuvre de Verdu qui reprend de la tête seul entre Ben Youssef et Boughattas à bout portant), ou de baisse de concentration (sur le cadeau de Boughattas qui remet à la 78e à Riera, seul dans la surface) furent nombreuses et indignes d'un tel niveau. L'axe défensif à trois éléments alterne le bon et le moins bon sous toutes ses formules possibles, soit avec ou sans Aymen Abdennour. Encaisser trois buts, certes, dans un contexte qui ne prête pas à conséquences, ne constitue pas une belle affaire ; un euphémisme pour ne pas dire que cela peut susciter quelques inquiétudes. Comme on peut le constater, le staff technique n'a pas actuellement le seul souci de faire décoller l'efficacité offensive et le réalisme devant le but adverse, mais doit également serrer les boulons derrière. Après ce que les médias ibériques ont qualifié de «véritable fête familiale à Montilivi», place donc ce soir à une autre kermesse de fin d'année qui jure avec la pression et les rigueurs qui attendent les copains d'Aymen Mathlouthi au Gabon. Xavi Hernandez et Sergio Garcia avaient animé le premier test de mercredi soir. Place tout à l'heure à la sélection basque qui, nous l'espérons, prendra un peu plus son match au sérieux que ce que l'avait fait la sélection catalane. Quand bien même on en serait à la veille du Réveillon !