Il est important de gagner avec la manière. Il n'y en a pas de plus significatif pour la confiance, pour le mental, pour la compétition. En un mot, tout ce qu'il faut pour être performant... On le sait déjà, la sélection sait des fois retenir l'attention. Elle sait aussi maîtriser son sujet. Plus encore, elle peut aussi gagner par K-O. Elle est bonne à prendre, mais elle suscite autant le respect que la crainte. Son parcours dans cette CAN n'est pas écrit d'avance. Mais telle qu'elle se revendique aujourd'hui, elle devrait pouvoir répondre à des contraintes et des exigences bien spéciales. A ce niveau, elle peut aller loin, aussi loin que pourrait lui permettre son intérêt pour le jeu, pour l'inspiration, pour la créativité. Le chemin reste encore long et les écueils sont nombreux dans cette 31e édition de la CAN. Il lui faudra certainement encore beaucoup d'effort pour qu'elle puisse vraiment se remettre sur la bonne voie. Il n'en demeure pas moins que nous sommes en présence d'une équipe qui continue, en dépit des défaillances, à renvoyer l'image de pouvoir et de vouloir se transcender, d'ajouter une dimension à sa valeur malgré tout ce qu'elle ne cesse encore de rater, ou même de gâcher. Il faut dire que chacune des étapes par lesquelles elle est passée a dû la préparer pour la suivante. Certes, il lui manque encore de la rigueur et de l'allure, mais tout ce qu'elle laisse entrevoir met en évidence un ensemble uni, pour ce qu'il symbolise, pour ce qu'il est et pour ce qu'il sera. L'équipe de Tunisie a aujourd'hui des certitudes. Individuelles, mais aussi collectives. Lors de sa dernière sortie face à l'Algérie, elle a marqué des buts, elle s'est créé beaucoup d'occasions et la plupart de ses joueurs ont su être costauds. Elle a tellement montré de belles choses qu'elle donnait l'impression de s'attribuer des espaces et de la maîtrise. De toute évidence, c'est important de gagner avec la manière. Il n'y en a pas de plus significatif pour la confiance, pour le mental, pour le classement. En un mot, tout ce qu'il faut pour être performant. Au-delà des constats et des jugements, ceux qui font comme toujours de la sélection un sujet de réflexion, tout ce qui a été entrepris jusque-là demande confirmation. Notamment autour de ce qui fait les priorités de l'équipe, la définition des rôles et les approches tactiques. En somme, tout ce qui est de nature à permettre aux joueurs de s'attacher davantage au terrain. En prévision du troisième match du premier tour contre le Zimbabwe, les exigences de la sélection seront encore liées au résultat. Mais elles risquent aussi d'avoir de nouvelles significations. L'équipe jouera inconditionnellement pour gagner, c'est une évidence, mais elle ne doit pas se démarquer de l'impératif de faire le jeu et de s'épanouir sur le terrain. Surtout qu'elle a suffisamment d'arguments et les moyens nécessaires pour aller encore loin... Le coup de force L'espoir renaît, mais les promesses dévoilées lors du match contre l'Algérie devraient être davantage tenues. Il y va de la crédibilité de l'équipe. Plus encore, de tout ce qui a été révélé ces derniers temps. On reconnaît aux joueurs le talent, mais on attend encore davantage la confirmation. Visiblement, l'équipe nationale se libère souvent et pleinement face aux équipes nord-africaines. Plus encore : elle profite de l'occasion pour séduire avec des automatismes de plus en plus présents, du jeu vers l'avant. Elle fait mieux que devant les autres adversaires et se voit ainsi plus belle qu'elle ne l'était. Enjeu ou pas, il y a un mode de comportement qui conditionne le comportement et le rendement des joueurs contre des équipes qui développent pratiquement le même registre de jeu. Il concerne notamment l'aptitude à se mettre en évidence la réflexion, la créativité, l'inspiration. Les joueurs savent aujourd'hui que pour continuer à gagner et rester sur la même dynamique de victoires, il faut sortir le grand jeu. Ils revendiquent ainsi une ligne de conduite sur le terrain, une raison d'être. Du jeu, de l'inspiration, mais aussi de la rigueur. Son parcours actuel ne lui permet plus le moindre faux pas. Chaque point a son importance. Chaque match encore davantage. Forcément, il y a encore des choses à revoir, des choix à rectifier. Des leçons à retenir surtout, notamment par rapport aux ambitions et aux objectifs à atteindre. Mais en dépit des insuffisances, il y a, et il y aura certainement toujours, chez l'équipe une logique de fonctionnement qui devrait correspondre aux exigences du terrain, mais aussi à ce qui est de nature à relever le défi. La sélection n'a pas encore assuré sa qualification aux quarts de finale, mais tout ce qu'elle a laissé entrevoir face à l'un des principaux prétendants pour le titre est digne des grandes équipes. Une chose est sûre: l'avenir de l'équipe dans cette CAN n'est pas mis en cause et le meilleur est encore à venir. De toutes les façons, l'optimisme est la foi de la sélection face à l'avilissement et aux illusions du passé. Elle aurait ainsi besoin d'actes et pas seulement de paroles. En dépit des erreurs et des dérapages des temps passés, l'équipe a montré qu'elle n'a rien perdu, ou plutôt elle donne ainsi l'impression de ne rien perdre, ni de son charme, ni de son envoûtement. Contre l'Algérie, elle a livré le genre de matches qui laissent des souvenirs pour des années et qui donnent l'envie réelle de respirer l'air du foot. Sur le terrain, les joueurs ont évolué dans leur meilleur élément, c'est pourquoi ils se sont donné à fond. Certains ont été même déterminants dans tout ce qu'ils ont entrepris dans leurs registres respectifs. A l'image de Ben Amor dont la présence et la manière de procéder ont donné l'équilibre dont l'équipe a vraiment besoin et surtout perdu en son absence. C'est toute une autre musique qui se joue. Une musique inaccessible aux orchestres de tous les jours. A ce niveau d'intensité, ce n'est peut-être pas un autre match, mais c'est un autre monde. Finalement et au-delà de la victoire, on se fait le crédit de penser que ce genre de match, avec ses exigences à la fois sportives et émotionnelles et avec tout ce qui s'y était conçu, constitue une étape importante dans le parcours de la sélection. L'histoire ne dit pas encore si l'objectif actuel destiné à aller le plus loin possible dans cette CAN est susceptible d'être atteint, mais il nous semble que toute performance devrait forcément découler d'une certaine logique. Ce qui doit imposer par conséquent, c'est un jeu à grosse dominante d'efficacité et de concrétisation.