Depuis les dernières décennies, le secteur de l'artisanat a connu un essor important. Le rôle de la femme dans ce domaine ne cesse d'évoluer au fil des années, son apport dans ce secteur en général et dans certaines spécialités en particulier est de plus en plus consistant A ses débuts, l'artisanat féminin était essentiellement une activité domestique. Les jeunes filles qui ne fréquentaient pas l'école, jadis, apprenaient différentes activités, à savoir le tissage, la broderie et la fabrication des bijoux. Elles s'adonnaient à ces activités artistiques et manuelles avec passion et patience. En s'appliquant dans ces activités, elles participaient — et peut-être sans même le savoir — à la pérennité d'un art ancestral. Ces objets d'art traduisent, en effet, l'originalité d'une culture traditionnelle. Au fil des années, et tout en évoluant, la présence de la femme dans le domaine artisanal lui a permis de franchir des pas et de se forger une identité propre à elle. Ce domaine lui permet, en effet, de mieux s'affirmer sur le marché, de sortir de la seule sphère du hobby pour faire de ce savoir-faire un moyen d'émancipation doublement positif, qui— outre son évolution — contribue à la sauvegarde de notre patrimoine. La panoplie des spécificités locales et régionales en matière d'artisanat est à couper le souffle. En effet, chaque région est réputée pour un produit exclusif. Lorsqu'on parle de tapis, on sous-entend automatiquement la capitale des Aghlabites. Le tissage de la région de Mahdia est sans égal. Le Cap Bon est connu pour la poterie, mais aussi pour la broderie. Sejnen, quant à elle, détient un cachet bien précis de la poterie, celui proche du berbère. Sous plusieurs formes donc, l'artisanat est présent dans différentes régions. Autant de produits, autant de styles qui en disent long sur ces métiers ancestraux. C'est, en quelque sorte, une façon de connaître les lieux et les «cultures régionales». L'apport de la femme dans ce secteur s'avère important, parfois même déterminant, notamment en ce qui concerne certaines spécialités, telles que la broderie, le tissage et la fabrication des tapis. Sa participation dans les activités artisanales, notamment en ce qui concerne les habits traditionnels, constitue le point fort de l'artisanat féminin du pays. Ces spécialités sont généralement féminines par excellence. Et alors que certains domaines connaissent depuis quelques années une régression due essentiellement à la réticence de certains jeunes par rapport aux métiers artisanaux, la jeune fille continue à persévérer dans un domaine qui nécessite patience, perfection et savoir-faire. C'est pourquoi des encouragements sont prodigués par les organismes et structures concernés, tels que l'Office national de l'artisanat (ONA) et l'Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), qui œuvrent à la promotion du rôle de la femme artisane et à l'amélioration aussi bien qualitative que quantitative de sa production. L'artisane tunisienne dispose, en effet, de tous les moyens pour être un acteur puissant. Parmi les dispositifs fondamentaux figurent les sessions de formation qui permettent d'initier les jeunes filles à partir d'un encadrement méthodique. Si, jadis, la formation n'était effectuée que sur le tas, elle est aujourd'hui assurée dans des ateliers relevant desdites structures. Une fois le diplôme décroché, les artisanes ont la possibilité de solliciter et d'obtenir des crédits auprès de la BTS ou des associations de développement, et de monter ainsi leurs propres projets. Il y a également lieu de noter que, dans le cadre des formations et de l'encadrement, les stagiaires prennent connaissance des moyens à utiliser pour commercialiser leurs produits tant à l'échelle nationale qu'à celle internationale. Tous ces efforts convergent vers une meilleure intégration de la femme artisane dans le circuit économique. De l'apprentissage au projet La femme artisane acquiert, désormais, le profil de femme promoteur, de chef d'entreprise moderne, et ce, dans le travail du verre, de l'habit traditionnel typiquement tunisien, de la poterie et d'autres spécificités locales. Ces activités ne cessent de se développer sur le plan régional ainsi que sur le plan national, renforcées notamment grâce à l'encadrement et l'intérêt accru voués à ces entreprises et accordés par les parties concernés. Pour promouvoir les créations féminines, le Salon de la création artisanale, par exemple, est considéré comme une initiative en faveur du secteur et aussi de la femme artisane, par le biais notamment de l'exposition et de la commercialisation des dernières créations féminines. Sans oublier que ce genre d'événement, organisé annuellement, reflète l'importance accordée au secteur de l'artisanat qui fait partie intégrante de la culture tunisienne, d'où la femme tunisienne, dans ce secteur plus particulièrement, a pu s'imposer grâce à ses innombrables qualités. Les artisanes à l'honneur Notons que quatre femmes artisanes ont eu le Prix présidentiel de l'artisanat, ainsi que la progression du nombre des participantes au Salon de la création, et ce, pendant les dernières années, qui atteint jusqu'à 50%. Sur le plan international, cinq femmes créatrices tunisiennes ont obtenu le prix de l'Unesco pour la création. Plusieurs femmes artisanes tunisiennes participent, par ailleurs, à des manifestations internationales comme les défilés de mode des habits traditionnels. Outre son implication dans le contexte pratique du secteur, la femme se penche sur ce créneau à travers l'élaboration de recherches et d'études. Telle, à titre indicatif, la thèse de doctorat portant sur la «chéchia» tunisienne et intitulée «Mémoire de l'avenir».