Pire que les défaillances et les manquements, c'est la manière avec laquelle on gère les carences et les transgressions qui inquiète le plus... On croyait que cela devait finir un jour ou l'autre, que les manquements auraient tôt ou tard une fin, mais on réalise encore une fois et avec l'amertume, la désolation et la déception que cela engendre, que les grands joueurs du football tunisien, les grands hommes, les grands responsables figurent bel et bien dans les livres d'histoire. Que ce soit sur le plan de la fiabilité sportive, ou d'ordre structurel, la sélection a donné l'éphémère impression qu'elle rompt avec ses anciennes habitudes, ses vieux démons et les dérapages accumulés pendant de longues années. Rien ne fut et le décalage entre ce qui est présenté et ce qui est espéré participe, de nouveau, au développement d'un malaise déjà vu, déjà vécu. Nous sommes conscients du fait que le football est aussi fait d'erreurs et de maladresses parfois inévitables, mais tous les manquements ne peuvent, à l'instar du deuxième but fatal encaissé contre le Burkina Faso, constituer une excuse aux dérapages. Plus que des histoires de résultat et de qualification, ou même de rendement sur le terrain, l'évolution et les progrès de la sélection offrent encore les contours d'interminables interrogations. Au-delà des questionnements qui n'en finissent pas, des objectifs et attentes rarement atteints, de plus en plus compromis, au-delà aussi de l'incapacité de certains joueurs comme Msakni, Abdennour, Ben Youssef qui n'arrivent pas à enchaîner, et encore moins à justifier leur statut et leur réputation, c'est toute la raison d'être de l'équipe nationale qui ne cesse d'inquiéter et de dérouter. Au fil du temps, et en dépit de tout ce qui se conçoit, l'équipe de Tunisie reste une crainte avérée, non seulement selon l'angle de vue à géométrie variable, mais aussi à travers les déceptions qui rongent de plus en plus ses différents parcours dans une épreuve comme la CAN. Résultat et contrairement à ce que l'on croyait, la sélection est loin d'inviter à rêver. Elle n'a pas de leader, elle n'a pas de joueurs-cadres. Elle n'a pas de modèle. Elle n'a pas de repère. Et l'on se dit finalement que le bricolage a ses limites tant que personnes n'ose jusque-là lever le petit doigt. Dans la qualité du jeu indiqué lors des premiers matches, le niveau technique entrevu contre l'Algérie et le Zimbabwe, il n'y a pas visiblement de piste à creuser, ou encore moins de la continuité dans les idées et dans le rendement. La fin d'un monde Le constat est toujours amer : la sélection nationale n'a pas les qualités requises qui font de ses joueurs de bons utilisateurs du temps et de l'espace. Son premier responsable technique, en l'occurrence Kasperczak, n'est pas, lui aussi, un bon utilisateur des éléments clés de l'équipe. Il donne de plus en plus la preuve de faire partie de cette race d'entraîneurs qui sont incapables de forcer la décision quand cela devient nécessaire, qui ne savent pas non plus prendre la bonne décision au bon moment et au bon endroit, qui n'ont pas le sens à la fois collectif et offensif du jeu. Les dérapages successifs de Kasperczak et de ses joueurs désavouent les valeurs et les principes sur lesquels devrait justement se baser la sélection. En l'espace de deux matches, nous sommes passés du statut d'acteurs, artisans des différents exploits, à celui de sujets soumis à d'éternels démons. Ceux qui n'ont plus justement de liens de cœur avec le jeu, la créativité et l'inspiration. Pire que les défaillances et les manquements, c'est la manière avec laquelle on gère les carences et les transgressions qui inquiète le plus. Surtout quand on réalise que certains joueurs n'ont pas toujours une idée suffisante de ce que doit représenter une place en sélection. A aucun moment, en tout cas, ils ne donnent l'impression de pouvoir remédier aux situations insoutenables. On a beau vouloir s'inscrire dans une alternative de rigueur et de créativité, les bonnes solutions, les vraies, ne sont pas toujours à la portée de tous. Notamment ceux qui ne font que pousser au paroxysme une «logique» d'échec de plus en plus ancrée. Finalement, s'ils n'ont rien appris ni rien compris, ils assistent au moins à la fin de leur monde ! ...