Rien de nouveau sous le soleil de l'équipe de Tunisie qui bute, encore une fois, sur le rocher des quarts de finale. En grande partie à cause de choix techniques très discutables Cela tourne à la malédiction. Depuis 2004 et le triomphe continental de l'édition tunisienne, les Aigles de Carthage butent régulièrement sur les quarts de finale: deux sorties dès le premier tour, et quatre éliminations aux quarts. Cela commence à faire trop. Mais au-delà de la frustration causée par cette sortie de route, le team national sort mortifié par la défaite devant le Burkina Faso. D'abord, au niveau de l'image, avec la main tendue par Kasperczak restée dans le vide, le Sieur Wahbi Khazri refusant de tendre la main lors de son remplacement à la 63e minute par Hamza Lahmar. Pourtant, l'heure de jeu qu'il avait passée sur la pelouse du stade de la Fraternité de Libreville, le milieu de Sunderland la doit beaucoup plus à son nom qu'à un véritable apport. Samedi, il était totalement hors du coup, ratant tout ce qu'il entreprenait. Déjà, lors du match de préparation disputé le 15 novembre dernier à Gabès contre la Mauritanie (0-0), il s'est fait bêtement expulser dans un match amical sans véritable enjeu. La fédération serait vraiment très mal inspirée si elle fermait les yeux sur un tel écart de conduite retransmis par la télévision aux quatre coins du globe. En plus de cette grave écorchure à l'image de marque du Club Tunisie, l'entraîneur national a porté l'estocade finale par des choix qui ont étonné plus d'un. Pensant booster le flanc gauche de la défense, Kasperczak a préféré Abdennour à Maâloul qui a toujours fait preuve de générosité dans l'effort. On reproche au latéral d'Al Ahly le fait que la totalité des buts encaissés par la Tunisie dans le jeu soient venus de ce côté-là. Mais on oublie, en parallèle, tout l'apport offensif du bonhomme qui aide à fixer l'attaquant de couloir adverse. Soit ce que ne sait pas faire Abdennour. Ce faisant, le staff technique a fait l'affaire des Etalons, comme le raconte l'entraîneur portugais, Paulo Duarte. Kasperczak a perdu sa bataille «Cette décision a boosté notre moral car nous avons senti que la Tunisie, qui partait pourtant avec les faveurs du pronostic, nous craignait outre mesure, a-t-il dit, lors de la conférence de presse d'après-match. Nous avons alors compris que l'adversaire nous respecte beaucoup et va s'employer à gérer le match et à attaquer parcimonieusement, par à-coups. Du coup, la Tunisie était dans le rôle du Burkina. J'ai alors passé le message à mes joueurs qui se sont sentis en confiance. Conséquence: j'ai changé de formation en alignant trois attaquants afin de compter sur la vitesse de nos flèches». Et d'une ! En cours de match, Duarte va marquer d'autres points, mais cette fois décisifs. Son coaching gagnant l'amènera à faire entrer Aristide Bancé, à un quart d'heure de la fin. On connaît la suite avec le coup franc glissé sous le pied des défenseurs tunisiens par Bancé, l'attaquant de 31 ans à l'expérience consommée qui a posé ses valises à l'ASEC Mimosas d'Abidjan. Et de deux, donc ! Bref, Kasperczak a joué en fonction de l'adversaire, fragilisé par les remarques alarmistes ayant trait à la fragilité du flanc gauche de la défense. La parade a été catastrophique quand on voit les conséquences de ce remaniement mal approprié sur l'ensemble du secteur défensif, et quand on analyse la fébrilité dont a témoigné Abdennour dans un poste où il n'avait plus évolué depuis longtemps. Kasperczak a perdu la bataille tactique contre Duarte. Ses choix ont précipité la sortie de la Tunisie de cette 31e édition. Un rêve s'en va. Mais il faut regarder la réalité en face. La Tunisie n'avait pas une équipe pour aller plus loin. Avec surtout une défense caricaturale qui n'aura réussi ni dans un dispositif à deux ni à trois axiaux. Les éliminatoires de la prochaine édition de la CAN, c'est pour bientôt. Nous allons devoir croiser le fer avec l'Egypte dans une poule où le billet se jouera entre Aigles de Carthage et Pharaons. Il faut vite tourner la page et retenir les leçons de cette énième CAN ratée.