Le Club Africain va dorénavant jouer sur les « compensations » qu'implique son système. Rideau sur la CAN et retour sur terre pour nos internationaux après une campagne continentale qui a forcément laissé un goût d'inachevé. De prime abord, la Ligue 1 reprendra ses droits le week-end prochain après la parenthèse gabonaise et l'épilogue burkinabé qui s'en est suivi. Pas le temps de souffler que la 13e journée nous propose un derby tunisois toujours aussi attendu. Un match particulier entre deux rivaux qui ne peuvent par essence se permettre l'affront de perdre contre l'ennemi intime. Pour le CA de ces derniers mois, après le nul de l'aller et le camouflet infligé par l'EST en finale de la Coupe de Tunisie, tout autre résultat qu'une victoire serait vécu comme une terrible désillusion. Question de laver l'affront et prendre sa revanche. D'abord parce que sportivement, ce duel met aux prises les deux chefs de file du groupe B. Ensuite, parce qu'après un mercato intéressant, les hommes de Chiheb Ellili sont obligés de faire bonne figure afin que le projet ne soit pas freiné par une quelconque régression. Et enfin, surtout, parce que la rivalité entre les deux clubs est telle que mordre la poussière face à l'adversaire serait vécu comme une humiliation. Une défaite n'est et ne sera jamais le plus basique résultat de la logique sportive. C'est justement toute l'incertitude du football qui fait que la logique n'est pas toujours respectée. Amoindrie à l'aller face à une Espérance de qualité, le CA a montré sa capacité à rivaliser avec les pensionnaires du Parc B. Des intentions dans le jeu intéressantes. Des promesses qui laissent la porte ouverte aux espoirs. Des espoirs de résistance, mais aussi d'exploit. Ce CA-là, plus que jamais, a besoin de pression pour grandir et évoluer. Mais pour rivaliser avec l'EST, comme ce fut le cas à l'aller, il devra mettre beaucoup d'intensité et de rythme. Dans les rangs clubistes, un homme sera scruté de près : l'international du Zimbabwe, Matthew Rusike. Compétiteur de qualité, cet attaquant racé entend débuter en fanfare pour ne pas se perdre par la suite dans les méandres de l'absolu. Et s'il flanche face à l'Espérance, la sempiternelle remise en question de son recrutement se posera avec acuité. Bref, les joueurs doivent administrer la preuve qu'il ont la capacité de briller dans ce match si particulier. Attaque de feu contre défense de fer ! L'entraîneur du CA ne s'en cache d'ailleurs pas. Il a préparé ses joueurs à exploiter ces faiblesses qu'on voit rarement chez l'adversaire. Car dans chaque équipe, il y a toujours un point sur lequel on peut s'accrocher. Ellili a d'ailleurs planché la-dessus. Et même si avec les dernières arrivées, le dispositif pourrait évoluer, il y'a toujours des constantes, des repères. Globalement, le staff technique reste ouvert à la possibilité de changer son schéma. Le CA pourrait même jouer sur les compensations qu'implique son système et s'adapter. Lancer Manoubi Haddad pour épauler Khelifa, sortant par là même ce dernier de son isolement en attaque. Retrouver des solutions offensives en associant Rusike à Khelifa. Tout est question de vision, de cohésion et de bonne entente. Et c'est dire combien la mise en place d'un système spécifique pour contrer l'EST dépendra largement des prédispositions des uns et des autres le jour « J ». Aligner un bloc compact. En espérant bénéficier d'une tout autre solidité. Contrarier l'adversaire au milieu de terrain. Il s'agit pour le tandem Khlil-Oueslati d'imposer sa patte face aux fougueux médians adverses. Enfin, la défense, empruntée et maladroite, doit reprendre des couleurs et retrouver de la confiance. Meilleure attaque de son groupe, la formation clubiste n'est pas aussi solide derrière. Face à la meilleure défense du championnat, l'Espérance, il faudra forcément s'atteler à verrouiller le cœur du jeu (travail de sape) tout en s'assurant une projection rapide vers l'avant.