A l'occasion de la parution de son nouveau roman «Théa», Mazarine Pingeot était parmi nous pour une rencontre avec le public, animée par Olivier Poivre d'Arvor, à l'espace Agora à La Marsa. Le public est venu réellement en nombre pour assister à cette présentation de livre et pour rencontrer l'écrivaine française. Un public qui est venu surtout pour faire la rencontre d'une femme dont le destin est en quelque sorte exceptionnel et qui est devenue une grande figure médiatisée lorsque l'opinion publique découvre qu'elle était la fille de François Mitterrand. Même si la rencontre n'avait presque pas abordé ce côté «très personnel» de la vie de Mazarine pingeot, elle nous a fait découvrir une auteure d'une grande sensibilité et d'un caractère fort attachant. Une rencontre qui a abordé les débuts de Mazarine Pingeot dans la littérature mais aussi ses rapports avec la philosophie et les philosophes comme René Descartes dont elle dira : «C'est l'homme de vie» pour exprimer à quel point ce philosophe a eu de l'incidence sur sa manière de réfléchir et de penser. Cartésienne, certes, mais l'auteur est aussi porteuse d'une sensibilité romantique particulière qui l'a transportée dans l'univers du roman et de la littérature. «Chaque livre est une rencontre singulière, il accompagne la vie, dit-elle. D'un autre côté, j'enseigne la philosophie et cela me permet de garder un lien avec les générations futures et d'être proche des choses concrètes. Par ailleurs, j'ai toujours le souci d'une écriture concrète, le souci d'inscrire le roman dans une époque et des lieux très précis. Je ne pense pas que la littérature nous déconnecte du monde, au contraire elle est là pour nous ramener vers lui. Car de nos jours on est entourés d'écrans dont on a l'impression qu'ils nous livrent le monde, or ce n'est pas le cas, car en fait ils nous livrent des bribes du monde sans interprétation. La littérature est là pour servir de médiation pour comprendre les choses...». Parlant des rapports entre philosophie et écriture romanesque, Mazarine Pingeot dira : «Je cherche à ce que l'écriture philosophique soit séparée de l'écriture romanesque. C'est même antithétique parce que le roman travaille la matière vivante, avec une narration. Dans cette narration j'essaie de prendre en charge des dimensions philosophiques mais sans qu'elles soient directement incarnées. J'essaie de séparer les choses mais en revanche les thématiques qui m'intéressent sont les mêmes». Les thématiques de la transmission, la question des origines, de la filiation sont des questions philosophiques qui agitent tous les livres de cette écrivaine qui vient de publier un nouveau roman, «Théa», où le personnage principal est une femme qui porte le nom de Josèphe (avec «e» précisément). A travers une histoire d'amour, le livre traite du thème de la dictature en Argentine, de la torture, des disparitions et de l'exil. L'un des principaux personnages, Antoine, sera accueilli en France où il rencontrera Josèphe. «Dès le départ je voulais travailler sur l'exil qui est au cœur du sujet, dit Mazarine Pingeot. La question du départ est très importante. Pour un jeune exilé qui est arrivé il y a quelques mois à Paris et qui ne parle même pas la langue : qu'est-ce que ça veut dire que de s'engager dans une histoire d'amour ? S'engager dans une histoire est-ce que cela veut dire renoncer à rentrer ? Faut-il faire le deuil de ce qu'on a quitté et vivre cette histoire en sursis ? C'est un dilemme qui se pose souvent». Un dilemme qui se pose également pour la fille qu'Antoine rencontre, elle-même issue de parents nés en Algérie. Une fille issue donc d'une histoire d'immigration et qui grandit dans un foyer très silencieux. Un roman plein de mystère et qui constitue une réflexion sur l'un des thèmes les plus existentiels qui est celui des origines. Mazarine Pingeot parlera ensuite de ses projets futurs : encore des livres, certes, mais aussi l'écriture cinématographique où elle semble déjà engagée.