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La magie des nombres et des chiffres ?
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 02 - 2017


Par Dr Rejeb Haji*
«Il faut ajouter de la vie aux années, pas des années à la vie» (André Malraux)
Depuis quelque temps, les sondages d'opinion dont nous avons, depuis 2011, dénoncé la fausseté dans les quotidiens La Presse et Essarih refont surface. Même le Premier ministre s'en est servi, ces derniers temps, pour justifier sa politique de réforme de l'administration ! Nous avons affirmé maintes fois que seul, l'Institut National de la Statistique (INS) est apte à les diligentes et il en a donné la preuve. Nous n'étions pas audible après du pouvoir d'alors et nos craintes se sont confirmées aujourd'hui. Pour justifier une politique, avant de chercher à faire des sondages, qui seront, sans nul doute, objet de contestations, de manipulations et d'interprétations, puisque sans fondements juridiques, il faut d'abord leur créer un cadre réglementaire adéquat pour qu'ils soient crédibles. Mais outre les sondages, on découvre, de plus en plus, çà et là, dans les médias, des chiffres dont on ignore les sources et les références. L'opinion publique, après avoir été débarrassée du chiffre 7 et de ses multiples, est avide aujourd'hui de connaissance, de la magie des nombres. Elle aspire, de plus en plus, à la vérité des chiffres. A se demander enfin si le Tunisien mature a la malchance d'être toujours tenu à l'écart : « On ne lui dit pas tout ! » Pourtant il est plus conscient des nouvelles exigences du temps que ses dirigeants.
Le monde actuel est en plein bouleversement. Nous y sommes plongés de force ou de gré et qu'on le veuille ou pas. En effet, des Tunisiens vivent partout à l'étranger et des millions de touristes, dont le nombre est, malheureusement, en régression, visitent notre pays. D'autant plus que les grands défis contemporains ne nous épargnent pas, y compris le terrorisme, pour qui notre pays est devenu la cible. Le numérique, le péril climatique, l'effritement de l'Europe, le Brexit, la nouvelle politique américaine, le conflit en Syrie, l'instabilité en Libye, le problème palestinien, le pouvoir et les médias... Ce sont des symptômes qui installent le doute puisqu'ils ont des conséquences directes et indirectes sur notre destin. A cette transformation, il faut réagir, mais nous n'avons ni les moyens financiers, ni militaires pour assurer seul notre souveraineté et garantir notre sécurité. Notre action, à l'heure des regroupements, réside dans la construction d'un Maghreb, ce rêve de notre jeunesse tombé aux oubliettes.
Le chemin des politiques parallèles, dans tous les domaines, ne mène pas loin. Certains mêmes des connaisseurs, plutôt de geôles que de politique, se mettent en avant pour prêcher aujourd'hui la paix. Tant mieux s'ils réussissent ! Demain, peut-être, ils inventeront un modèle économique qu'ils nous obligeront à adopter, au nom d'une légitimité rendue par les urnes. Nombreux sont les partis et les associations qui refusent de donner l'origine de leurs dons qui se comptent par millions de dinars. Même un grand nombre de politiques ne publient pas encore leurs revenus. En plus, certains exigent une sécurité payée par le contribuable, alors qu'ils sont chèrement payés sur fonds publics. D'autres utilisent cette manne, à laquelle ils n'ont jamais rêvé et qui leur est tombée du ciel, soit pour raconter leur histoire, une façon de se dédouaner de leurs échecs successifs quand ils étaient aux responsabilités, soit pour financer des activités politiques dont le but est de ternir encore davantage l'image du pays. Aidés en cela, il est vrai, par des médias, par des associations et par des centres d'études et de recherches, au financement douteux, où des experts en tous genres, aux diplômes contestés, viennent disserter devant souvent des parterres familiaux ou formés de clients potentiels. Au lieu de comparer ce qui est comparable et de placer les évènements dans leur contexte, ils citent, à l'appui de leur fumeuse gageure, des chiffres sans références.
Ces derniers temps, une tempête dans un verre d'eau sur le taux de pauvreté avancé par l'INS. A tel point qu'on est en droit de douter de la véracité des études. De quoi s'agit-il en fait ? Le directeur de l'Institut, se référant « aux résultats de l'enquête quinquennale sur la consommation du citoyen tunisien, dans toutes les régions et durant toutes les saisons, grâce au doublement du nombre des personnes interrogées de 13.500 familles en 2010 à environ 27.108 en 2015, a déclaré que le taux de pauvreté en Tunisie s'est inscrit à la baisse de 5% pour atteindre 15,2% en 2015, contre 20,5% en 2010». Il a été pris à partie, sous les feux croisés de la critique, par des responsables politiques qui, par inadvertance, ignorant la méthodologie de la mesure, ont semé le doute sur des études scientifiques mûrement élaborées. Faut-il leur rappeler, à ce sujet, que le problème a été déjà soulevé et a suscité une polémique dans les milieux économiques ? En effet, le 28 mai 2011, le ministère tunisien des Affaires sociales estimait le taux de pauvreté en Tunisie à 24,7%.Ce pourcentage a été jugé, à l'époque, élevé et la méthodologie monétaire adoptée, celle de la Banque mondiale, a été vivement critiquée par les économistes.
Rappelons que tout le monde s'accorde sur le fait que la pauvreté est un phénomène complexe et que sa quantification demeure difficile. Pour simplifier, en parcourant la littérature, on distingue la pauvreté absolue qui se définit comme étant « la situation des individus dont les ressources ne permettent pas de satisfaire les besoins les plus essentiels » et la pauvreté relative qui « se définit par rapport au niveau moyen des revenus dans une société à un moment donné ». Dans les pays « riches » comme la France, le seuil de pauvreté est fixé à 50% du revenu moyen, alors que pour l'Europe, il est de 60%. Evidemment, sont considérées comme pauvres, les personnes se situant en dessous de ce seuil. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la pauvreté est devenue un thème récurrent au sein des organisations internationales de développement. En effet, en 1990, pour la première fois, la Banque mondiale consacre explicitement son « Rapport sur le développement dans le monde » à cette problématique.
De son côté, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) porte une attention croissante à cette réalité sociale et lui propose une série d'indicateurs non monétaires. Existe-t-il aujourd'hui des différences significatives dans les analyses menées par ces deux institutions internationales ? La question reste posée et demeure sans réponse.
Comme les informations économiques sont peu transmises par nos médias et les discours politiques l'ignorent à ce jour, on continue, comme dans les deux précédentes décennies, à faire l'amalgame d'idées où se côtoient « copains et coquins » et où on mesure une politique de courte vue, basée sur des chiffres peu orthodoxes contestés parfois par leurs vrais producteurs, mais trouvant appui auprès d'organismes internationaux, au demeurant, les véritables acteurs. Après avoir introduit l'indice du développement humain (IDH), l'INS innove et traite de la pauvreté. « Le seuil de pauvreté est défini comme étant le niveau minimum en deçà duquel une personne est considérée comme pauvre, c'est-à-dire ne disposant pas d'un niveau de vie convenable. » Son recensement général de la population et de l'habitat 2014 couvrant les gouvernorats et leurs délégations lui a servi de référence. Ses enquêtes régulières sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages lui fournissent des informations utiles pour le calcul de l'indice phare du bien-être, l'indice de Gini. Rappelons que ce coefficient sert à mesurer le niveau d'inégalité de la répartition d'une grandeur (revenu, consommation,...) au sein de diverses populations ou au sein de la même population au fil du temps. Ses valeurs varient entre 0 et 1. La valeur 0 indique que le pays est parfaitement égalitaire. Par contre, la valeur 1 dénote un pays absolument inégalitaire. Plus cet indice s'éloigne de 0 et se rapproche de 1, plus les richesses d'un pays sont réparties d'une façon inéquitable. Pour simplifier, une diminution de la valeur du coefficient de Gini peut être interprétée comme une diminution de l'inégalité, et vice-versa. Cet indice calculé par l'INS indique une baisse des inégalités de consommation, passant, en pourcentage, de 33,9 en 2010 à 30,9 en 2015. Calculé selon les régions, il confirme, pour l'année 2015, la baisse des inégalités de consommation du Sud- Est et du Sud-Ouest par rapport à celui du national. Pour la pauvreté globale, les gouvernorats de Kairouan, du Kef, de Kasserine, de Béja et de Siliana se distinguent par l'incidence la plus élevée de « l'extrême pauvreté ». En fait, le taux de pauvreté varie d'une société à une autre, mais les études menées à ce sujet, montrent qu'il est possible d'agir contre la pauvreté par un choix judicieux de société. Pour que l'INS continue à nous éclairer et éviter les controverses, les parlementaires qui doutent de l'authenticité des chiffres sont bien placés pour proposer une loi sur l'indépendance de cette institution. Nous attendons leur projet de loi !
Comme chacun d'entre nous est le fruit de son histoire et de l'instruction de ses maîtres, à l'heure où j'écris ces lignes, je me souviens de ceux qui m'ont fait grandir. Je reconnais ma dette également à Mohamed Sayah qui, aujourd'hui sur un lit d'hôpital, mène une autre guerre. Loin de la caste qui s'est constituée et qui nous impose ses propres règles, il reste indifférent à tous ceux qui sont au fonds du trou, déversent sur lui leur haine et propagent à son encontre les mensonges. Il lutte quant à lui contre la maladie. L'histoire retiendra qu'il a donné, à toute une génération, le goût d'agir, de servir et de contribuer aux débats d'idées, en suivant son exemple de courage, de probité et de transparence. Pour lui, chacun en Tunisie, doit avoir sa place. Retrouver en nous-mêmes, me disait-il, la confiance et l'énergie dont nous avons manqué ces dernières décennies, sont des garants pour que notre pays, redresse la tête et retrouve le fil de son Histoire millénaire. A espérer que des chiffres de l'INS, cette institution de référence à laquelle il a toujours fait confiance, confirment d'année en année la diminution de la pauvreté qu'il a combattue tout au long des responsabilités qu'il a assumées. Tel est son vœu le plus cher, puisse-t-il se réaliser de son vivant ! Il sera mis fin, alors, à cette fatigue démocratique qui s'est installée dans notre environnement politique et qui perdure encore.
(Dr en économie, Dr en statistique, diplômé de l'IAE de Paris et ancien chef de cabinet...)


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