L'Ugtt a réagi, hier, dans un communiqué, aux premiers résultats de l'enquête sur la consommation, le budget et le niveau de vie des ménages en 2010, publiés récemment, par l'Institut national de la statistique (INS). Selon le département des études et de la documentation (DED), relevant de la centrale ouvrière, les résultats de l'INS, basés sur une nouvelle méthodologie déterminant le seuil de pauvreté, annoncent un taux de pauvreté avoisinant 15,5% (soit 1,65 million d'individus) et un niveau d'inégalité de 35,8%. Par ailleurs, les résultats annoncés confirment les fortes disparités régionales et l'écart persistant entre le milieu rural et urbain (840 000 pauvres résident en milieu rural). Dans ce communiqué, le DED relève que « nul ne peut douter de la compétence, du sérieux et de la réelle volonté des cadres de l'INS, à produire des indicateurs statistiques fiables ». Des questions sérieuses sur la fiabilité et la solidité des conclusions Toutefois, les chiffres annoncés soulèvent des questions sérieuses sur la fiabilité et la solidité des conclusions tirées de cette enquête et la validité de la méthodologie adoptée. En effet, l'INS annonce une baisse du taux de la pauvreté de 33,4% entre 2005 et 2010, et de 52% entre 2000 et 2010. «Ces fortes variations du niveau de pauvreté (jamais enregistrées dans des économies comparables à la nôtre) mettent en doute la fiabilité de l'indice des prix à la consommation (qui est à la base des calculs de l'évolution de la pauvreté) qui ne reflèterait pas fidèlement l'évolution de prix durant cette dernière décennie. Ce qui confirme les doutes soulevés à propos de la fiabilité de l'IPC, c'est qu'en adoptant la nouvelle méthodologie de l'INS, le taux de pauvreté en 1990, serait de l'ordre de 60%». Ainsi, l'INS est appelé, d'après l'UGTT, «avant la publication de ses résultats définitifs, à apporter plus d'éclairage, voire même réviser la méthodologie et la qualité de l'indice général des prix à la consommation (IPC). Le doute qui plane sur la fiabilité de l'IPC aurait des conséquences néfastes sur la fiabilité des mesures des différents agrégats économiques (exemple du PIB réel), la conduite des politiques économiques, l'ajustement des pensions...)». Les résultats annoncés montrent, aussi, «les limites des enquêtes quinquennales comme outils de suivi continu de l'évolution du niveau de vie des ménages et par conséquent l'évaluation de l'efficacité des politiques économiques. La réalisation d'enquêtes annuelles ainsi que des estimations périodiques de la pauvreté conjoncturelle, sont plus que jamais d'actualité». Le DED rappelle à ce niveau, qu'une bonne conduite des politiques économiques doit être basée sur des indicateurs fiables. «La période transitionnelle que nous vivons est pleine de défis. Notre pays est appelé à mettre en oeuvre plusieurs réformes d'ordre économique et social. Il est ainsi, indispensable d'améliorer les modalités d'accès aux données pour les universitaires et les organisations nationales et internationales, afin qu'ils puissent contribuer efficacement, aux débats actuels sur les réformes à entreprendre».