Leïla Toubel marque son grand retour sur la scène d'El Teatro ! Après le triomphe de Solwen, elle s'associe au pianiste Mehdi Trabelsi. Le duo parvient à fusionner musique et théâtre, et envoûte doublement le public présent lors de la première et aussi ce premier cycle de représentations qui se poursuit jusqu'à ce soir. Un piano et un pupitre, dressés sur la scène où se déroulera ce monodrame tant attendu, de 90 mn. Des éléments scéniques nouveaux sont venus s'ajouter à la performance inédite de Toubel et à son théâtre. L'artiste tient entièrement les ficelles d'une nouvelle création théâtrale qui a comme fond sonore les notes du pianiste Mehdi Trabelsi, avec qui elle partage l'affiche. Sobrement vêtu en rouge bordeaux, il apparaît en premier sur scène : regard tranchant, posture imposante, sa présence s'associe étroitement à l'habilité de ses doigts et à la musique déroutante qu'il produit. Quant à la figure féminine de l'œuvre, «Toubel» ne fait pas planer davantage le suspense en s'emparant de la scène, habillée d'une robe blanche. Entièrement écrit en dialecte tunisien, ce spectacle musico-théâtral émouvant est un hymne au bonheur, à un amour impossible. La célébration d'une vie, rongée sans cesse par la barbarie, l'injustice, le désespoir. Il s'agit d'un dialogue façonné par les notes du musicien et les «maux» de Toubel, provoqués par un monde en déchéance et une Tunisie post-révolutionnaire résistante face aux affres du pessimisme. A l'ère du XXIe siècle, le terrorisme sillonne l'Orient et l'Occident. Le texte met en scène une journaliste rebelle, battante, qui dresse l'état des lieux d'un environnement en décomposition, et ce, à travers le monde : le spectateur voyage, en effet, de Sousse en Syrie, en passant par Le Bardo, Madrid, Bagdad, Londres, Paris, Syrte, Palmyre, etc., toutes ces destinations sont la cible d'attaques abjectes oùdes milliers d'innocents ont péri et payé le prix de la barbarie, de la violence. De l'inhumanité qui plane toujours autant. Grâce à Hourya, on parvient à percevoir cette lueur d'espoir, le beau dans la laideur. Le spectateur se retrouve aussitôt emporté dans un tourbillon émotionnel et oscille entre rires et larmes. Toubel esquisse une réalité, dure, mais à laquelle il faut s'accrocher : un bras de fer entre les adorateurs de la vie et les disciples de la mort, et un vibrant hommage à ses valeureux martyrs. Pour beaucoup, Hourya s'inscrit dans la lignée de Solwen, avec la touche musicale en bonus. Une œuvre porteuse d'un message universel qui secoue les consciences sclérosées.