Les réflexes du recyclage ne sont pas encore là pour les entraîneurs tunisiens, alors que les actions fédérales manquent encore de diversité. Le métier d'entraîneur de football, qu'il soit directeur technique, entraîneur de seniors ou de jeunes, est un métier qui évolue constamment. C'est fou ce que les techniques d'entraînement ont changé durant les dernières années, c'est fou aussi ce que les préceptes tactiques et les approches d'évaluation sollicitent de plus en plus la technologie (logiciels de plus en plus sophistiqués qui ont recours de plus en plus à la vidéo, à l'analyse des données et à la simulation). Des entraîneurs qui ne se recyclent pas périodiquement, qui ne se consacrent pas en partie à la recherche et à rédiger des publications et articles, sont des entraîneurs et techniciens dépassés par les événements. C'est le cas pour la plupart de nos entraîneurs qui se contentent de ce qu'ils ont appris au début de leur carrière dans les stages et passages de grade ou les quelques possibilités de stages de recyclage. Il y a des entraîneurs qui exercent encore avec les concepts tactiques et les connaissances des années 80 et 90. Tellement ils comptent seulement sur leur vécu et leur expérience pratique. Sans qu'ils passent par un chemin, clair et dosé qui leur donne accès à une formation riche, régulière et qui améliore leurs qualités et leurs aptitudes techniques et managériales. Pas d'obligation... Un entraîneur, quels que soient son statut et sa spécialité, n'est pas tenu de se recycler et de se former. Cette idée est, à notre avis, capitale. Nos entraîneurs, qui vivent en bonne partie dans un contexte de précarité, se concentrent seulement sur leur devoir de coach. Ils gèrent leurs équipes au quotidien, ils n'ont pas le temps, les moyens et l'obligation de passer par la formation et le recyclage. C'est comme ça qu'on peut expliquer le degré de désistement de la plupart des entraîneurs tunisiens à ne pas participer dans des stages de recyclage à l'étranger ou même en Tunisie en présence d'instructeurs confirmés. La DTN n'a pas le droit d'obliger les entraîneurs de se former. La seule obligation est la présence dans les examens et stages de passage de grade organisés par la FTF. Un entraîneur comme Ammar Souayah est un modèle dans le cas d'espèce. C'est un monsieur qui dépense un argent fou pour être à la page des dernières innovations, et ce, depuis des années. Il ne rate pas la moindre occasion pour participer à une formation et pour apprendre. Malheureusement, ce réflexe n'existe pas pour les autres entraîneurs qui n'ont pas froid aux yeux pour dire qu'ils ne croient pas à la formation. Les clubs et la DTN n'ont ni le temps ni les moyens d'offrir des opportunités de recyclage visibles et de qualité. Il ne faut pas nier quand même que la DTN a essayé de faire bouger les choses dans ce domaine. Cela fait deux ans que nous vivons une bonne dynamique de formation avec des stages et instructions de qualité qui touchent à tous les aspects du métier d'entraîneur. Seulement, cela ne touche pas tous les entraîneurs. On va plus vers une vocation de passage en grade, c'est-à-dire une formation théorique obligatoire. Aujourd'hui, le recyclage permanent devient inévitable si on veut améliorer notre football. C'est le maillon le plus important parmi d'autres perdus et mal définis. Le monde du foot change si vite, les autres nations nous dépassent d'une manière indiscutable, alors que nous faisons du surplace. La formation et le recyclage des entraîneurs, c'est aussi remonter en amont, vers la formation dans les instituts de sport. L'Issep, où existe une branche de spécialité football, joue-t-il vraiment son rôle de vivier théorique? Aide-t-il les étudiants, futurs entraîneurs, à bien démarrer et à acquérir les connaissances et expériences actualisées? Il faut lancer le débat aussi auprès des clubs. Les dirigeants sont-ils conscients de la nécessité de passer par la formation? Ont-ils les ressources financières pour supporter les coûts élevés d'envoyer leurs entraîneurs à l'étranger ou de ramener un instructeur étranger? Tout cela est une question complexe.