Place nette aux doublures : l'équipe de Tunisie engagera ce soir ses «seconds couteaux» face à un sparring-partner de qualité dans le derby maghrébin Après le champion d'Afrique en titre, le quart-de-finaliste de la dernière édition de la CAN : le onze national est vraiment gâté par cette semaine Fifa qui lui propose le gotha continental. Battus vendredi dernier à Monastir par ce qui se fait de mieux actuellement à l'échelle africaine (0-1), les Aigles de Carthage veulent rebondir ce soir (19h00) au grand Stade de Marrakech face au Maroc. Ils cherchent à flamber au cœur des ténèbres qui les enveloppent depuis un quart de finale de la CAN où elle but le calice jusqu'à la lie sous les coups de boutoir du Burkina Faso de Bertrand Traoré (0-2). Or ces mêmes Etalons furent dominés vendredi dernier à Marrakech par notre adversaire du jour (0-2), dont un bijou de but du milieu offensif Fajr. Revue et corrigée par un vieux routier du foot africain, le Français Hervé Renard, la sélection chérifienne met les petits plats dans les grands afin de revenir au premier plan, là où sa grande histoire et la qualité de son produit auraient dû la placer. Dans la liste des 25 joueurs convoqués pour le double test de la semaine, trois joueurs enregistrent leur retour : Younès Belhanda, Sofiène Boufal et Yacine Bammou. En revanche, Kaddouri, El Arabi et Alioui déclarent forfait. Mais l'équipe ne manque pas d'envergure, pouvant s'appuyer sur Mehdi Benatia, le coéquipier d'Oussama Haddadi à Dijon, Foued Chafik, ceux de Bassem Srarfi à l'OGCNice, Mounir Obbadi et Younès Belhanda, le Monégasque Nabil Dirar, le Bastiais El Kaoutari... Vendredi dernier, le coach marocain a aligné la formation suivante : Munir-Dirar, Essaïes, Yamig, Mendil-Fajr, El Ahmadi, Boussoufa, Belhanda-Bouhadouz-Neciri. Un onze expérimental Dans sa revue d'effectif, le coach national va donner la part belle aux doublures, ou supposées telles, soit ceux qui n'ont pas été alignés vendredi à Monastir où le team national a subi son premier revers dans son stade fétiche, son enceinte porte-bonheur. C'est du moins sa promesse quelques instants après le premier test de cette fin de mois de mars. On pourrait ainsi retrouver tout à l'heure sur le ground de Marrakech les Ben Mustapha ou Ben Chérifia dans les bois, Bédoui côté droit de la défense, Haddadi sur le versant opposé, Yaâkoubi et Bronn à l'axe, Ayadi et Chaâlali (ou l'un des deux) comme pivots avec possibilité d'aligner Lahmar pour compléter le tandem récupérateur, Mhirsi et Younès en attaque, soutenus par Fakhreddine Ben Youssef. Bref, une mouture inédite, un onze expérimental qui annonce l'arrivée de nouvelles solutions capables d'élargir la gamme des choix mis à la disposition du staff technique, lequel sait qu'il lui sera impossible de procéder à de nouveaux tests, le calendrier Fifa excluant cette opportunité. D'ailleurs, Henry Kasperczak n'est pas du genre à raffoler de matches-tests, préférant souvent négocier les sorties officielles sans les préparer par un match dans la phase précompétitive. Les limites de la formule Abdennour-Ben Youssef En attendant le derby du 5 juin prochain face aux Pharaons, principal rival des copains d'Aymen Mathlouthi pour le ticket de la CAN 2019 au Cameroun, le club Tunisie doit régler son indigence offensive qui lui colle à la peau, le genre de plaie atavique, ou de malformation génétique. Et en même temps ses amnésies défensives qui font que son arrière-garde, jadis réputée pour constituer son point fort, en soit réduite maintenant à accumuler les bévues les plus surprenantes. Un peu à l'image d'un Aymen Abdennour dont le rendement — du moins en équipe nationale — se trouve à l'opposé de sa valeur marchande et de son prix de vente supposé, tant il est vrai qu'il est annoncé entre autres à l'Olympique de Marseille. Faut-il se rabattre dans l'avenir sur une formule autre que celle constituée par le tandem axial Abdennour-Syam Ben Youssef qui jouent depuis belle lurette ensemble? Ce serait un risque que nous voyons mal le sieur Kasperczak courir, d'autant que ce n'est pas vraiment le genre de coach aux prises de risque déconcertantes, aux coups de poker renversants et aux surprises inattendues. Ce brin de folie qui manque tant à la gestion technique des Aigles fait qu'aujourd'hui ceux-ci donnent l'impression de faire du surplace. Comment vont-ils s'y prendre pour marquer les esprits, et marquer des points auprès de leurs futurs rivaux? Ce n'est pas simple du tout quand on se complaît dans l'attitude de celui qui patauge...