Face au 119e mondial, l'attaque tunisienne n'a pas trouvé une seule fois l'ouverture, confirmant sa stérilité qui correspond au laborieux 5-3-2 (ou 3-5-2) qu'on tente de mettre en place Les Aigles de Carthage ne veulent-ils plus des matches amicaux? Faudrait-il leur épargner désormais une telle «corvée», ou supposée telle, et ne plus leur proposer que les sorties officielles, celles à enjeu et qui comptent? Comment vont-ils pouvoir progresser et remédier aux lacunes sans les exigences des matches-tests qui sont justement faits pour cela? On a beau reprocher au staff technique national une certaine obstination à éviter autant que cela se peut les matches amicaux. Longtemps, il semblait les redouter comme la peste, alors que, d'un point de vue arithmétique, il en faut vraiment pour parvenir à améliorer le classement mondial Fifa. Pour une fois que le calendrier Fifa permet de placer un match-test derrière un match officiel dans la même semaine, que font les Aigles au juste? Ils snobent ce test, ou telle est l'impression qu'ils laissent, s'investissent de manière largement insuffisante, se concentrent si peu là-dessus. Et paraissent au final traîner des semelles d'acier. Des jambes lourdes, c'est plutôt le mental qui les rend ainsi, sans compter la fatigue de deux matches en quatre jours pour la moitié du onze aligné à Gabès, soit six joueurs sollicités vendredi dernier à Alger : Abdennour, Dhaouadi, Maâloul, Ben Amor, Khazri et Sliti. Sans compter également le passage brutal du tartan au gazon naturel, et la qualité médiocre du tapis du Stade olympique de Gabès. Tous ces facteurs ne peuvent néanmoins servir d'alibi à tant d'approximation et de maladresses techniques inhabituelles (n'est-ce pas Ben Amor? le bonhomme parut saturé, donnant à certains moments du second half l'impression de ne plus savoir quoi faire d'un ballon qui «lui brûlait les pieds»). Le sélectionneur national aurait été inspiré de ménager la totalité du onze aligné quatre jours plus tôt au stade Omar-Hamadi d'Alger de façon à donner leur chance aux doublures : Haddadi, Yaâcoubi, Ben Khemiss, Touzghar, Oueslati et Bguir, en plus des six éléments titulaires avant-hier et qui n'avaient pas débuté le match contre la Libye : Ben Youssef, Jeridi, Azouni, Mathlouthi, Sliti, Harbaoui. Toutefois, le coach national a sans doute d'autres attentes, une autre logique, d'autres paramètres liés à une gestion globale du groupe. Absence d'éclectisme tactique Il n'en reste pas moins que le zéro but qu'affiche le tableau lumineux devant le nom de l'équipe locale a de quoi inquiéter. En 180 minutes, la Tunisie n'aura réussi qu'un but, et sur penalty, SVP! contre deux nations pointant au-delà des cent premières au classement de la Fifa. Rien que des situations confuses devant les bois de Mohamed Salaheddine Boubaker, le keeper mauritanien qui passa mardi un après-midi plutôt tranquille, et qui n'a eu à gérer que quelques tentatives adverses manquant de tranchant, de précision et de vitesse pour espérer déséquilibrer la défense du capitaine Diallo Guidiélé. C'est la portion congrue qui est au fond réservée à la manœuvre offensive dans le 5-3-2, ou prétendument 3-5-2, ou encore plus prosaïquement 3-6-1 pratiqué par l'équipe de Kasperczak. Vendredi dernier, Khénissi passa toute une mi-temps isolé au cœur de la défense libyenne, avant de créer l'exploit sur une accélération foudroyante au début de la seconde période qui bouleversa tous les équilibres du derby maghrébin : un penalty décrété, et l'expulsion de l'arrière central adverse. Mardi, son suppléant Hamdi Harbaoui ne fut pas davantage en réussite avec Khazri et Sliti qui tournaient autour et tentaient de lui offrir des munitions. Le jeu d'attaque est largement inoffensif et improductif quand il s'agit de transpercer une défense adverse bien en place et dense, opposant deux murs dont il faut prendre en défaut la vigilance. Dans un match amical, de surcroît à domicile, il aurait peut-être été plus utile d'essayer une autre variante que les Aigles pourraient être amenés un jour à épouser. Deux pivots, Ben Amor et Azouni, placés en sentinelle devant le trio défensif Abdennour, Dhaouadi et Ben Youssef, alors que les excentrés Mathlouthi et Maâloul éternuent : c'est toute l'organisation qui devient frileuse et stérile, condamnant l'avant-centre à courir derrière des ballons qui ne lui arrivent pas. La formule d'un attaquant supplémentaire d'appoint dans une organisation en 4-4-2 n'est guère à négliger. Sa mise à l'épreuve ne peut être que tout bénéfice tant il est vrai qu'il ne faut pas s'enfermer dans une pensée unique de jeu. Sinon, à quoi peut bien servir un match-test ?