Née en Tunisie, sur les rivages de La Marsa, Aïcha Skandrani part très jeune à Los Angeles où elle passe deux années au Santa Monica College. De là, elle part pour Toulouse, la ville rose, puis pour Paris où elle intègre l'Institut supérieur des arts. La branche d'études qu'elle choisit à l'Iesa, à savoir Edition et communication multimédia, ne prévoyait pas la photo parmi ses matières de base. Cet art, elle a dû capter sa magie dès sa petite enfance à travers toutes les expositions où la traînait sa mère Faïza Skandrani, agitatrice culturelle et femme de lettres. Et puis polyglotte, elle finit par découvrir la lumière à Vérone et à Venise. Les trente-trois photos qu'elle expose à la galerie Le Damier, à Mutuelleville, sous trois grands titres, Suggestion, Contemplation et Fabulation, sont un hymne à la lumière dispensatrice de vie, de chaleur et d'harmonie. Aïcha Skandrani prend des photos de la vitesse, du mouvement des avions qui décollent ou atterrissent, des voitures sur la route. Ce qui met la surface de l'image, selon les clichés, en vibrations ou en constellations et génère une expressivité pleine de tensions. En prenant des photos de mouvements réels, elle croise l'art abstrait dans toute sa dimension poétique. L'artiste n'admet pas les retouches ni les interventions sur l'outil informatique. Car elle aime plus que tout déchiffrer ce qui apparaît à travers ces lumières structurées plastiquement, ces calligrammes colorés. Les jeux sensibles d'ombres et de lumières donnent des chiffres, la carte de la Palestine, un foetus, les étoiles d'un ciel d'été… Elle parle d'images porteuses de messages. Le spectateur pour elle est partie prenante de l'œuvre. Son regard autonome et libre, ses émotions, sa sensibilité, le rêve que peuvent lui insuffler les photos sont aussi importants que la création elle-même. Aïcha Skandrani pratique la photo comme une sorte de méditation. Un voyage, en même temps, vers l'absolu et une réflexion sur l'éphémère et l'absurdité des choses qui passent…