C'est le «Special One» du football tunisien, et peut-être même celui arabe. A son palmarès figurent la Champions League 1994, avec l'EST, et la finale du Mondial des clubs 2013, avec le Raja du Maroc. Faouzi Benzarti insiste dans cet entretien sur les vertus mentales et la faculté de surpassement dans chaque réussite. Il semble que la recette d'un «entraîneur concrétiseur de rêves» soit très difficile à réaliser. Quels en sont les ingrédients secrets ? Ce serait un non-sens si je vous disais qu'être un entraîneur qui réussit est une recette accessible à tout un chacun. Loin de là, car pour y arriver, il faut que plusieurs facteurs entrent en jeu afin de rendre l'apport d'un entraîneur visible et efficace. Pour ce qui me concerne, je pense que le sérieux, le courage, l'audace, la discipline, la pédagogie, l'entente avec les joueurs et les responsables et la confiance sont les principaux ingrédients pour aboutir à la réussite escomptée et à la concrétisation des objectifs. Naturellement, l'expérience et le savoir-faire sont également les clés de toute réussite... Effectivement, quand on ajoute à ce que je viens d'énumérer l'expérience et le savoir-faire, tout devient facile pour un entraîneur guidé par son esprit de gagneur, toujours avide de consécrations. Dans mon cas, c'est d'un long bail qu'il s'agit puisque j'ai débuté ma carrière d'entraîneur en 1978 avec le club de Sidi Bouzid avant de débarquer à Monastir, ma ville natale dans laquelle mon vrai départ a eu lieu en 1979 et 1980. J'ai eu le mérite de permettre à l'USM de retrouver sa place parmi l'élite nationale après deux saisons passées en division 2. J'étais également animé d'une envie débordante de changer la physionomie du football en inculquant à mes joueurs les principes fondamentaux du football moderne basé essentiellement sur l'aspect physique et le rendement à cent pour cent sur un terrain. C'est ce qui donne une certaine personnalité conquérante au style de football que j'ai toujours prôné avec conviction. Pour être supérieurs aux autres, mes joueurs doivent être parfaits sur les plans physique et tactique. Est-ce à dire que vous n'autorisez pas une certaine liberté technique aux joueurs dans le cadre de la créativité individuelle ? Bien au contraire, il ne faut pas oublier que je suis un adepte du football plaisant qui régale et les joueurs et les spectateurs. Pourvu que le geste technique vise avant tout l'efficacité. Un meneur de jeu talentueux et possédant une touche technique supérieure est toujours un atout espéré par tous les entraîneurs. Ce genre de joueurs booste ses camarades et leur donne confiance en leurs moyens, surtout dans les moments difficiles. «L'EST possède les moyens du succès» Comment qualifiez-vous l'effectif mis actuellement à votre disposition à l'Espérance sur le plan collectif et individuel ? Pensez-vous que votre équipe a les moyens de ses ambitions, à l'échelle continentale plus spécialement ? Là-dessus, je n'ai pas à me plaindre. L'effectif de l'EST est l'un des meilleurs en Tunisie et en Afrique. Et c'est sans le moindre complexe que les «Sang et Or» visent tous les sacres possibles et imaginables aussi bien sur le plan local que sur le plan continental. Notre effectif est bien étoffé, mais cela ne veut pas dire que l'on n'a pas besoin de renforts. Quelques postes, surtout à l'entrejeu, sont à pourvoir en joueurs capables de donner le plus dans les périodes de fortes sollicitations ou en cas de blessure. Justement, il est de l'apanage des grands clubs de ne rien laisser au hasard et d'être aux aguets face aux imprévus avec lesquels il faut toujours composer surtout quand les choses se corsent et rendent la mission ardue. Quels sont vos souvenirs les plus chers que vous souhaitez vivement rééditer avec l'EST, en l'occurrence ? Une consécration à l'échelle africaine en Champions League constitue pour moi le principal objectif qui soit de nature à me faire revivre les moments exquis de gloire vécus avec l'EST un certain décembre 1994. Un succès pareil m'ouvrira grandement les portes pour tenter de conduire l'Espérance vers un exploit similaire à celui que j'ai vécu au Maroc avec le Raja de Casa, en 2013, lorsque nous avons atteint la finale de la Coupe du monde des clubs avant de concéder une défaite (0-2) qui ne fait guère rougir face au grand Bayern de Munich. Une formation composée de l'ossature de l'équipe d'Allemagne qui allait remporter la Coupe du monde six mois après au Brésil (été 2014). «Servir la nation» Seriez-vous encore et toujours fidèle au jeu basé essentiellement sur le pressing que d'aucuns qualifient d'exagéré ? Le jeu du pressing est toujours synonyme d'une préparation physique de très bonne facture qui ne peut nuire qu'aux joueurs inaptes au surpassement de soi. Pour moi, mes joueurs doivent toujours être les premiers sur le ballon et en surnombre pour pouvoir imposer leur style et faire le jeu à leur guise. Et pour ce faire, un travail énorme les attend toujours à l'entraînement. C'est, entre autres, l'un des principes de base de ma conception du football efficace qui impose le respect et susceptible de forcer la décision. Faouzi Benzarti et l'équipe nationale. Qui boude qui? Je n'hésite pas à le cier haut et fort, je suis bourguibiste et par voie de conséquence patriote jusqu'à la moelle. Je n'oserais jamais dire non à l'appel du devoir national et à l'honneur d'être à la tête de notre équipe nationale sans que je pose la moindre condition.