Pour emprunter l'image au célèbre adage : quand la rue tousse, c'est tout le pays qui s'enrhume. Le chômage est, en effet, le mal endémique qui a, depuis longtemps, infecté le corps d'une société tunisienne pour laquelle l'avenir professionnel demeure flou et incertain. Ce constat dont on a trop parlé a fini par discréditer la décision politique et mettre en échec toute initiative du progrès. Cas de figure : les cris de détresse des sans-emploi, pourtant retentissants comme une caisse de résonance, semblent être tombés dans l‘oreille d'un sourd. Cela explique l'incessante déferlante qui a beau obtenir gain de cause. A preuve, les jeunes demandeurs d'emploi, ceux issus des foyers démunis, viennent, encore une fois, protester contre des promesses d'emploi non tenues. Venus de tous bords, ils défilent, ce matin, sur l'esplanade de La Kasbah à Tunis. Leur revendication, l'unique d'ailleurs : donner suite à la décision ministérielle prise, en janvier 2016, relative à l'embauche, au moins, d'un membre par famille nécessiteuse. Ce qui lui allège, un tant soit peu, le fardeau. Un an plus tard, le rêve fait du surplace. Pour eux, l'espoir d'avoir un travail digne et décent étant si éphémère pour prendre forme. En un mot, il n'y a plus de sérieux à cet égard, et encore moins s'en soucier davantage. Faut-il toujours qu'on caresse dans le sens du poil, sans venir, concrètement, à bout du problème. Emploi des jeunes, c'en est trop dit ! Mais, les promesses sont monts et merveilles. Autre mesure décidée à leur faveur, la suppression, d'ici 2020, des mécanismes d'emploi précaire, tel le fameux «Instrument 16 » que l'Etat, pour ne pas dire les gouvernements successifs, a promis de régler une bonne fois pour toutes. Cette décision, comme plusieurs aussi, semble passer dans le beurre. Où en sont les 23 mille postes d'emploi qui allaient être créés par l'Etat, principalement dans la police, l'armée et la santé ? Qu'a-t-on fait au sujet de l'autofinancement que le gouvernement avait, alors, décidé de s'en passer, aux fins d'encourager l'initiative privée ? Mine de rien. Mais, cette fois-ci, les jeunes protestataires se sont montrés beaucoup plus déterminés à résister. « Quoiqu'il arrive, on ne renoncera jamais. Notre dose de patience est épuisée», martèle le jeune chômeur Mekki Salem, joint par téléphone. Et de jurer: «Si rien n'est fait, notre sit-in d'aujourd'hui à La Kasbah sera déplacé, d'une manière prolongée, devant le ministère des Affaires sociales». Ce dernier, de la bouche de son chef de cabinet, rappelle-t-il, leur a rassuré qu'une commission ad hoc devait être constituée en février dernier, afin de statuer sur le nombre des bénéficiaires et les conditions de recrutement. «Jusque-là, on ne voit rien venir», affirme-t-il, ajoutant que cette commission a connu le même sort que les précédentes. Tout bonnement, l'idée est tuée dans l'œuf.