Demain, un mouvement de protestation sur l'esplanade de La Kasbah L'Union des diplômés chômeurs (UDC) semble à bout de souffle. Les nerfs à vif, son secrétaire général, Salem Ayari a dénoncé haut et fort la sourde oreille dont fait preuve le gouvernement. Aucune suite, d'après lui, n'a été donnée à toutes ses requêtes et propositions formulées au sujet de l'emploi des chômeurs diplômés. Mais, il ne lâche pas prise. Lors d'une conférence de presse tenue hier matin, au siège du Snjt à Tunis, il a livré sa réaction, déjà annoncée il y a un mois : un mouvement de protestation, demain jeudi, sur l'esplanade de La Kasbah. En toute connaissance de cause, il a déclaré ne pas avoir d'autres choix que de mobiliser les sans-emploi et les monter contre toute une politique d'Etat jugée loin des ambitions. Aux antipodes même de la réalité des faits, critique-t-il. Mais, à l'heure des désillusions, une telle réaction n'a pas surpris, vu qu'elle demeure, aux yeux du gouvernement, un non-événement. Son pain quotidien, en quelque sorte. Cela s'explique, rétorque-t-il, par le prétexte que le gouvernement ne possède pas les moyens nécessaires pour satisfaire toutes les revendications. Alors qu'en réalité il n'y a aucun intérêt pour le dossier de l'emploi qui continue d'être une priorité nationale absolue. Un souci majeur qui ne cesse de préoccuper plus de 800 mille chômeurs, dont quelque 340 mille diplômés du supérieur. D'autant plus que ce phénomène problématique, alerte-t-il, dont le taux réel dépasse même 20%, est devenu un véritable casse-tête. Trop instrumentalisé ces dernières années, note-t-il sur un ton ironique, nos politiques ont fait de ce dossier un fond du commerce électoral. Pire, plusieurs partis n'ont guère manqué de s'en faire le chantre. «Quant au gouvernement, il n'a pas bougé le petit doigt, faisant comme si de rien n'était. Et comme si «emploi et dignité» n'avait jamais été le mot d'ordre d'une révolution populaire dont la première étincelle ne fut déclenchée que pour éradiquer le chômage», s'exprime-t-il. Pas de perspectives pour 2016 Et M. Ayari de poursuivre que M. Zied Laâdhari, ministre de l' Emploi et de la Formation professionnelle, censé être le premier à agir sur ce dossier si épineux, ne dispose d'aucune stratégie de promotion d'emploi. «Celui-ci était plus souvent aux abonnés absents. A chaque fois qu'on lui demande de nous répondre, il nous laisse sur notre faim», se plaint-t-il. De même, à vrai dire, le budget de son département n'est pas aussi de taille. Une chose est sûre, les ministères de l'Intérieur, de la Défense et de l'Education accaparent le gros morceau des recettes budgétaires pour l'exercice 2016. Et de justifier qu'il y a lieu d'enregistrer une certaine négligence vis-à-vis de ce dossier, tout comme il y a une réticence d'alléger, un tant soit peu, les difficultés liées au lancement des petits projets. Le chef de file de l'UDC n'exclut pas la présence des barons corrompus au niveau de la gestion. Pour lui, les quelque 15 mille recrutements déjà programmés au titre de 2016 donnent à réfléchir : d'ailleurs, tous les postes vacants à pourvoir sont, en grande partie, réservés au ministère de l'Intérieur et à celui de la Défense. Avec pour profil demandé un niveau moyen d'instruction. Cela dit, les diplômés du supérieur n'en seront pas concernés. Comment arriver, alors, à gérer ce flux de dossiers des postulants dont l'avenir est encore flou ? Cela ne fait qu'aggraver de plus en plus la situation. Surtout que 2016 s'annonce une année charnière, où le Fonds monétaire international (FMI) impose à la Tunisie ses restrictions, sous forme d'un plan de réformes « douloureuses». Soit, estime-t-il, une sorte d'assainissement forcé contre déblocage des crédits onéreux, à tous risques et périls. Il ne reste que le secteur privé qui devrait s'y mettre pleinement. Le chargé des médias au sein de l'UDC, Ahmed Sassi, a évoqué, ici, que pas moins de 100 mille offres d'emploi sont actuellement disponibles chez les privés. «Nous avons déjà avancé une proposition à ce sujet portant sur le fait de mettre en place tout un programme de reconversion pour certains diplômés, afin qu'ils puissent s'y adapter. Jusqu'à ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse à ce sujet ni de l'Utica ni de la part du ministre de l'Emploi», précise-t-il, affirmant qu'il n'y a eu, malheureusement, que des promesses figées. «Quoi qu'il en soit, on ne va jamais baisser les bras», a-t-il, ainsi, juré.