De nouvelles opportunités et une véritable bouée de sauvetage pour le tourisme tunisien en mal d'inspiration. Selon un sondage, 7 à 8% des visiteurs sont des écotouristes Le tourisme durable, ou écotourisme, veille à préserver les équilibres socioculturels et écologiques tout en maintenant le développement économique. Le président de la récente Fédération interprofessionnel du tourisme tunisien plante le décor : « Le tourisme ne se limite pas aux hôtels et agences de voyages, il intègre le tourisme culturel, sportif, golfique, aérien, nautique, balnéaire, soit le tourisme de masse». A ce sujet, une conférence de presse s'est déroulée hier sur le thème du « tourisme durable » au Parc des expositions et foires du Kram. Le marché méditerranéen international du tourisme, organisateur de l'événement à l'ouverture de la 23e édition du Salon du tourisme en Tunisie qui dure quatre jours, pose la problématique de la place, des possibilités et de l'avenir de l'écotourisme en Tunisie. Mme Imène Ben Souayah, responsable Citep, a présenté « un exposé riche et consistant » sur les nouveaux enjeux des hôtels en Tunisie en termes « d'image de marque, de certification» face aux pressions considérables sur l'environnement, à la consommation démesurée des ressources naturelles, à la dégradation du patrimoine naturel. Avec la mise à niveau environnementale, une démarche ascendante s'opère vers plus de compétitivité par le biais du respect de la législation et de la labellisation (écolabel). Encourager la labellisation et la certification En outre, l'économie d'énergie s'obtient grâce à la gestion des énergies renouvelables, de l'eau, de l'électricité, des déchets par des actions de compostage des déchets verts et de cuisine. « Par exemple, il s'agit d'utiliser les confitures et beurre en vrac et pas en monodose pour diminuer la quantité de déchets. » propose-t-elle. L'accompagnement des hôtels vers l'obtention de l'écolabel se développe (une vingtaine d'hôtels). L'hôtel Marhaba Salem et quatre unités sont désormais certifiés grâce au programme de labellisation. « L'écolabel est un label de crédibilité, de fiabilité et de visibilité car il s'agit d'un logo reconnaissable par le consommateur. Le label Travelife a certifié the Russelior à Hammamet, Bizerta Resort... Cependant, on est mal classés par rapport à l'Egypte ou la Turquie. » Les avantages sont donc nombreux allant de la satisfaction client à la motivation du personnel Le deuxième volet a été axé sur le potentiel des parcs nationaux tunisiens dans le toursime de niche face au tourisme de masse. La Tunisie est en phase de faible démarrage contrairement à la France en phase de forte croissance ou « le Costa-Rica, première destination mondiale en écotourisme » Le tourisme de niche, un créneau porteur « La Tunisie possède un faible positionnement sur ses concurrents à cause d'un manque de visibilité de l'offre, d'une multitude d'intervenants, de l'absence d'une stratégie claire. On n'a pas réussi à mettre en œuvre la diversification de l'offre touristique ». M. Moëz Kacem, expert en tourisme et rédacteur en chef du magazine Tourism View, déclare à La Presse: « l'écotourisme peut constituer une piste intéressante pour la diversification du tourisme tunisien, surtout avec les difficultés du tourisme balnéaire. Les parcs nationaux tunisiens peuvent constituer un produit de forte attractivité en matière d'écotourisme. Seulement cela nécessite plusieurs efforts en matière de perfectionnement de produits, de stratégie de communication et sur le plan gouvernance. En se comparant à des destinations concurrentes comme le Maroc ou la Jordanie, on est encore à la traîne à cause d'une absence de vision pour le développement de produits écotouristiques ». Le profil de l'écotouriste d'âge moyen entre 30 et 50 ans, passant 3 à 7 nuitées, dépensant 400 à 500 dollars, a été présenté à l'assistance afin de tenir compte de l'attrait financier qu'il génère : « Il dépense plus que le touriste balnéaire moyen en Tunisie et reste plus longtemps dans le lieu visité. Récemment, une experte canadienne est restée trois mois à Bouhedma, parc national d'aspect culturel et thermal ». Une dame s'attriste sur le sort réservé au parc de Hergla : « Cet endroit si charmant dans les souvenirs de mon enfance sonne comme un endroit mort où on n'y voit qu'un jardinier, une grotte derrière avant de tomber sur le désert ! » M. Kacem reconnaît le potentiel à exploiter et précisera : « Il y a une volonté politique tunisienne pour diversifier le tourisme et opter pour un tourisme plus durable grâce à un financement et des moyens internationaux vu le budget accrédité par la Banque mondiale ». Malgré le décalage de points de vue entre les ministères de l'Environnement et du tourisme, il annonce qu'une charte nationale pour le développement du tourisme durable a même été proposée : « Commencez ! Tout est prêt ! », clame-t-il avant de laisser la place au tourisme insulaire.