Nous avons désormais une vision claire et le train est en marche », le chef du gouvernement a annoncé, hier, avec détermination et optimisme, l'amorce d'une nouvelle étape avec l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'investissement, malgré la persistance des difficultés. « Nous avons besoin de votre confiance », a-t-il lancé aux promoteurs économiques tunisiens et étrangers Dans le cadre de la présentation de la nouvelle loi sur l'investissement et ses textes d'application, le ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale a organisé une conférence sous l'égide du chef du gouvernement, Youssef Chahed. Elle a rassemblé les membres du gouvernement, les chefs des missions diplomatiques en Tunisie, les représentants des chambres mixtes de commerce et d'industrie, de l'Assemblée des représentants du peuple, des organisations nationales, des partis politiques et de la société civile. Cette manifestation de haut niveau a constitué une opportunité pour Youssef Chahed pour appeler à un soutien pour les réformes anticipées par le gouvernement. « Nous avons besoin de votre confiance, qui est l'un des fondamentaux de la dynamique économique. Il est vrai que les difficultés persistent surtout au niveau des finances publiques et du déficit de la balance commerciale, mais nous avons désormais une vision claire et le train est en marche », lance-t-il. Agenda des réformes Youssef Chahed avait le ton ferme en prononçant son discours d'ouverture, affirmant que le pays a besoin d'une vision moins noircie envers le futur et d'un gage de confiance en ses potentialités. "Nous avons besoin d'un esprit de construction et d'un projet national qui nous unit", indique-t-il. L'élaboration du cadre juridique de l'investissement constitue, ainsi, un premier pas pour booster la croissance et redémarrer l'économie. Il sera soutenu, selon M. Chahed, par la loi d'urgence économique, appelant l'ARP à accélérer son approbation dans les plus proches délais. Il a ajouté que la loi n'est pas suffisante à elle seule pour booster l'investissement, estimant qu'il s'agit d'une politique et d'une approche qu'il faut renforcer davantage par un changement des mentalités au niveau de l'administration et par la mise en application des réformes. A ce niveau, il précise que des groupes de travail ont été formés pour identifier les obstacles à l'investissement public et privé afin d'accélérer leur réalisation. « Il y avait un déficit de réforme en Tunisie, durant les dernières années. Nous œuvrons actuellement à mettre en place un agenda des grandes réformes à entreprendre en 2017. En premier, la réduction des mesures administratives par une révision de tout le système. En deuxième lieu, la réforme du système de financement de l'économie tunisienne, surtout pour les secteurs en difficulté et aussi pour les petites et moyennes entreprises. En troisième lieu, la restructuration des entreprises publiques afin d'améliorer leur rentabilité et leur concours à l'économie. Et enfin, la réforme du système de couverture sociale », explique-t-il. Le chef du gouvernement a également insisté sur le rôle des entreprises existantes, qu'elles soient locales ou étrangères, indiquant que l'imposition de 7,5% est provisoire et ne concerne que l'exercice 2017. En outre, M. Chahed affirme que les perspectives de croissance économique pour l'année 2017 sont prometteuses. On table sur un taux de 2,5% et 3% pour certains organismes internationaux. Concernant le secteur du tourisme, les prévisions tablent sur 5,6 millions de touristes avec une augmentation de 30% par rapport à 2016. De son côté, Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, a indiqué que cette loi consacre l'égalité entre l'investisseur étranger et l'investisseur tunisien. Elle institue également le principe de la liberté d'investissement puisque 49 autorisations ont été supprimées et une unité de gestion par objectifs a été mise en place afin de traiter les secteurs selon les lois y afférentes. « Mais en tant que gouvernement, nous ne pouvons être que facilitateur pour l'investissement. Nous avons mis un cadre de gouvernance traduit par le Conseil national de l'investissement et l'Instance tunisienne de l'investissement, celle-ci qui sera le vis-à-vis direct de l'investisseur. Je vous affirme que nos entreprises ont une grande compétitivité. Il ne faut pas tomber dans l'autoflagellation. D'ailleurs, je vous confirme que près de 80% des entreprises existantes ont des projets d'extension », affirme-t-il. Priorités Pour Lamia Zribi, ministre des Finances, les incitations fiscales instituées par la nouvelle loi suivent les grandes orientations de réforme du gouvernement, à savoir restructurer l'économie, booster l'exportation, réduire les inégalités régionales et s'orienter vers des secteurs sensibles. L'objectif est de renforcer l'investissement dans les régions intérieures et d'encourager les nouvelles créations. Une orientation qui sera concrétisée par le renforcement de la mise à niveau du tissu industriel, selon Zied Lâadhari, ministre de l'Industrie et du Commerce. Cette mise à niveau concerne, d'un côté, le repositionnement du tissu industriel classique et l'amélioration de sa compétitivité, à savoir les secteurs du textile et habillement, des industries agroalimentaires et des industries mécaniques et électriques. D'un autre côté, le renforcement des nouveaux secteurs, essentiellement les composants automobiles et aéronautiques et les industries pharmaceutiques. Concernant le secteur agricole, Samir Taïeb, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, a souligné que le nouveau cadre juridique considère l'agriculture comme un secteur prioritaire. Une prime d'investissement a été mise en place de 15% pour les moyens et grands projets et de 30% pour les petits projets ainsi qu'une déduction de 100% de l'assiette imposable pendant 10 ans et soumission à 10% après cette période. En ce qui concerne l'impact du nouveau cadre juridique sur l'emploi, Imed Hammami, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, a affirmé que la nouvelle loi soutient l'emploi en soutenant la création des petites et moyennes entreprises. « Il s'agit d'un esprit de réforme pour tout le système. Notre ministère œuvre à former et accompagner les jeunes et financer l'employabilité. Plusieurs programmes sont mis en place, dans lesquels l'Etat assume une part de responsabilité dans le financement », signale-t-il.