Sympathiquement présentée par le duo Wael Toukabri et Emna Ben Rejab alias Peeka, la cérémonie d'ouverture de la 4e édition des Journées musicales de Carthage s'est déroulée sans grand éclat, sobre certes, sur une scène déjà prête pour accueillir l'artiste Raoudha Abdallah et ses musiciens... Jusqu'à 21h00, heure annoncée pour le démarrage de la cérémonie d'ouverture et heure de sa diffusion en direct sur la Watania 2, on ne voyait pas grand monde sur le tapis rouge et sur les marches du Palais des congrès. Nos stars du monde artistique et musical manquaient à l'appel, dans la salle «froide» — on ne sait pour quelle raison on avait mis en marche la clim, et par manque de public, à ce qu'il paraît beaucoup d'invitations sont restées lettre morte — on remarque la présence de quelques figures telles que Hédi Donia, Hichem Nagati, Anis Khammassi, Walid Tounsi, Noura Amine, Soumaya Hathroubi, Fayza Mahersi... Des musiciens et artistes de la scène alternative étaient tout de même présents, à l'instar de Mohamed Ali Kamoun et Imed Alibi... mais où sont les autres ? La question reste en suspens depuis le changement de vocation de cette fête de la musique qui s'est transformée depuis déjà quatre années de festival de la chanson tunisienne en journées musicales de Carthage, même si le constat est clair, beaucoup de nos artistes ne se retrouvent plus dans cette nouvelle orientation ; pire encore, ils ne se sentent pas concernés. Dans la salle, peps et enthousiasme manquaient terriblement même quand les deux présentateurs essayaient d'impliquer la salle et demandaient à chaque fois les applaudissements du public pour accueillir les membres des deux jurys, la salle restait passive ! La cérémonie s'est par ailleurs déroulée selon un conducteur prévisible et classique. On commence par la projection du spot des JMC, la vidéo hommage aux artiste disparus l'année écoulée, puis la présentation des jurys : celui de la compétition officielle composé du guitariste et compositeur tunisien Mamdouh Bahri, la chanteuse syrienne Lena Chamamyan, le compositeur tunisien Rabii Zammouri, la poétesse tunisienne Raja Chebbi et le rappeur burkinabé Smockey. Et le jury de la compétition «Enfant créateur» composé de Soulef, la Libanaise Remi Bendali, le pianiste tunisien Mehdi Trabelsi et du luthiste Wahid Triki. Ensuite, le mot de bienvenue du directeur de la session Hamdi Makhlouf et puis l'ouverture fut déclarée par le ministre des Affaires culturelle Mohamed Zinelabidine. Et puis on est enfin passé au spectacle tant attendu, «Ghottayti» de la musicienne et chanteuse Raoudha Abdallah, un choix fort judicieux de par la pertinence de sa démarche et la fraîcheur de sa proposition. D'autant plus que c'est grâce à sa performance que le public est sorti de sa torpeur et la soirée fut sauvée. Raoudha, apparue sur scène dans toute sa splendeur avec une robe de toute élégance, nous a embarqués dans son univers personnel, celui de son enfance dès le premier titre «Ghottayti», cet univers est dores déjà annoncé par les vidéos qui ont précédé son tour de chant. Raoudha Abdallah a su tresser, en huit chansons, un lien entre le temps et l'espace, entre la nostalgie d'antan et l'espoir en l'avenir. Nostalgie de l'enfance, des amours d'adolescence, des souvenirs qui impriment notre mémoire à tout jamais. Un parfum d'«Elli fet», de nostalgie des rythmes bédouins qui sortent de la terre et du fin fond des âmes de chacun de nous, qui «Saat» (Des fois) nous emmène «Bin el wedyen». Entre les fleuves musicaux, «Ghottayti», la tresse de Raoudha Abdallah, a été comme un cordon emmenant le public vers des rythmes africains du Mali et du Niger, tout en gardant des sonorités tunisiennes et d'emmener le corps des danseurs vers des mouvements du temps passé, vers un patrimoine revisité. Les JMC se poursuivront durant toute la semaine avec des spectacles musicaux un peu partout à Tunis et ses environs, dans quelques régions aussi, ses compétitions, son salon des industries de la musique, ses show-cases, de quoi mettre un grain de bonheur et d'émotion dans notre quotidien. Bon vent à la 4e édition des JMC !